— Parce que...

Je fronce les sourcils. Quelque chose est en train de monter en moi.

— Parce que je ne prends que des mauvaises décisions.

— Quand avez-vous pris une mauvaise décision ?

— Vous le savez très bien.

Ça monte encore... je commence à trembler légèrement.

— Non, je ne sais pas Gabriel.

Je serre les poings. C'est de la colère, de la rage qui arrive. Je fulmine et je voudrais tant hurler cette rage que j'en ai mal au ventre. Mais je la refrène, je la contiens, je ne peux pas la laisser s'exprimer. Je dois absolument la contrôler. Me contrôler.

— Quelle est cette mauvaise décision que vous avez prise ?

— Mais je n'en sais rien, merde ! explosé-je finalement. Je n'en sais rien ! Voilà ! Je. Ne. Sais. Pas.

J'appuie bien sur mes mots.

— Je ne me souviens pas. De rien. Mais je sais que j'ai merdé, j'ai forcément merdé pour que ça arrive. Que ça m'arrive à moi.

Ma voix se casse sur mes derniers mots. Je n'ai pas réussi à me contrôler. Ça fait plusieurs semaines que ma psy me titille sur le pourquoi de mon état. Elle vient de réussir à percer un peu de ce secret que je garde pour moi. Nous ne sommes jamais vraiment entrés dans le vif du sujet. Je lui ai juste dit que j'avais subi une agression, mais je n'ai jamais voulu en dire plus. Nous essayons de débloquer mon mal-être sans savoir d'où cela vient et je ne comprends que maintenant que c'est justement pour cette raison que notre travail ne fonctionne pas. J'ai passé plus d'un an à parler avec elle, sans lui donner aucune chance de m'aider.

Je la regarde les yeux écarquillés. Elle ne bouge pas. Elle attend juste que je réagisse à ce qu'il vient de se passer.

— Je... excusez-moi... je n'aurais pas dû...

— Il n'y a aucun souci Gabriel. Je n'attendais que ça.

Je le savais ! J'en étais sûr qu'elle n'attendait qu'une chose, que je me lâche en lui gueulant dessus. Elle reprend doucement.

— Ce ne sont pas vos choix qu'il faut remettre en question, mais le choix de ceux qui vous ont fait du mal. C'est leur choix à eux qui a été mauvais. Et ce, quelle que soit la nature du vôtre. Personne ne mérite de vivre ce que vous avez vécu. Rien, absolument rien, n'est de votre faute, Gabriel.

J'avale difficilement ma salive. J'ai les larmes aux yeux, mais je suis incapable de savoir si ce sont des larmes de tristesse, de détresse, de douleur ou de... soulagement ? Ce qu'elle vient de me dire, on me l'a répété tellement de fois, mais je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui ça a un impact particulier. Est-ce que c'est grâce à mes séances à AngelHope ? Je ne sais pas, mais j'ai envie de croire que oui. J'en ai besoin pour continuer. C'est tellement étrange de prendre conscience de quelque chose alors que c'était devant moi depuis le début.

— Alors. Quel va être votre choix ?

— Je crois... que je vais accepter. J'ai l'impression que ça peut m'aider... et l'aider lui aussi.

Ma psy me sourit sincèrement. J'ai l'impression d'avoir fait un bond énorme en avant.

Oui, je crois que c'est le bon choix.

Et bon sang, j'espère vraiment que je ne me trompe pas.

*

Mardi. Nous sommes mardi. Mains moites, respiration erratique, cœur qui bat trop vite, angoisse au plus haut niveau, j'ai l'habitude de tout ça. Mais il y a quelque chose de nouveau aujourd'hui. Une sorte... d'impatience. Oui, c'est bien ça, de l'impatience. De l'excitation même. À la fin de cette réunion, je dirai à Miles que j'accepte sa proposition.

Pour n'être qu'avec toiWhere stories live. Discover now