Galenn - Le chemin des Pierres

CHAPITRE 22 - Les Destriers

Galenn peut observer le dos si doux et blanc de Kalya, orné de son tatouage doré, mais les cicatrices bleuâtres demeurent présentes et émeuvent le Guerrier. Elles sont la preuve que son amie a été torturée et maltraitée durant son séjour du côté magique. Ces traces sont aussi le reflet des activités des Essentiels dans son corps.

—    Attend Kalya, je dois nettoyer ton dos avec de l'eau de cristal, fait Val.

Galenn se relève et s'éloigne pour leur laisser de l'intimité.

—    Galenn !
—    Oui.
—    Va te laver aussi, je vais bien... grâce à toi.
—    Entendu, Kalya.
—    On s'occupe d'elle, Galenn. Va ! ajoute Ja doucement avec un sourire entendu.

Le Guerrier sort en prenant ses armes et se dirige vers le bord de la rivière. Quelques instants plus tard, à l'abri des arbres, des regards et de ses propres réticences à démontrer ses sentiments, dans le bruit de la cascade qui coule, torse nu, il prend son épée et sa dague et se bat comme un forcené contre des ennemis invisibles. Il expulse de son corps tous les sentiments négatifs et frustrants qui l'habitent ainsi que les émotions qu'il a retenus durant tout ce temps.

Lorsque le soleil a bougé du zénith jusqu'au bord de le cîme des arbres, il se désarme et se déchausse et entre dans l'eau fraîche. Les eaux tumultueuses de la rivière le lave de tout le mal que les derniers événements ont pu faire. Et comme étant gamin, il descend sa tête sous l'eau pour entendre la rivière chanter pour lui et y cacher encore une fois ses larmes. Mais cette fois, il ne pleure plus sur lui-même mais pour autrui... pour elle. Et c'est déchirant et doux tout à la fois. C'est d'autant plus déstabilisant pour le cœur du Guerrier mercenaire, il y a si peu si arrogant, imbu de sa puissance et de son invulnérabilité.

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Les quatre cavaliers se présentent au détour du grand rocher. Galenn les voit s'approcher depuis de longues minutes. Ils montent de grandioses destriers, sont vêtus d'armures légères et de capes de voyages. Le tout est poussiéreux et couvert de sable. Celui qui est à leur tête, porte un oiseau de proie sur sa main gantée et comme plusieurs d'entre eux, il est armé d'un arc au dos et d'une épée àa on côté. 

Ses acolytes suivent, à quelques pas derrière, ils semblent tous surpris des lieux et observent partout autour d'eux, en échangeant des commentaires. 

Au vue du Guerrier qui les attend, ils stoppent leurs montures. Après un temps d'arrêt, leur chef descend de son destrier à la robe perlée, pose son oiseau sur le pommeau de sa selle, puis s'avance vers Galenn, qui n'est pas armé, mais sa silhouette musclée, massive et muette en impose à elle-seule.

Tout en s'avançant, la grande silhouette du cavalier retire sa capuche poussiéreuse vers ses épaules, dévoilant une longue chevelure grise, ornée de nombreuses tresses et gallons blancs.  Lorsque le chef des visiteurs quitte l'ombre d'un des trois grands arbres qui poussent près du grand rocher, ses cheveux reflètent les rayons du soleil puis son visage se relève vers celui de Galenn. Ce-dernier constate que le chef est en réalité une grande cavalière au front haut et aux grands yeux foncés sous sa crinière d'opale. 
Celle-ci s'arrête devant le Guerrier et effectue un salut du buste en déclarant :

—    Je suis Talji, fille héritière du bientôt regretté Royaume des Destriers.
—    Je suis Galenn, héritier du Royaume des Trois Lunes, tout aussi regretté. Sois la bienvenue Talji, fille du Royaume des Destriers.
—    Puis-je te demander de nous permettre de nous rafraîchir et nous reposer en ces lieux.
—    Vous êtes les bienvenus. Je peux vous amener à un endroit où vous pourrez abreuver et faire paître vos destriers. 

Galenn accompagne les cavaliers avec leurs montures vers la rivière.

—    Tu dis être l'Héritier des Trois Lunes ?  commence Talji en marchant avec Galenn tout en tenant sa monture par la bride. Mais... ce royaume n'existe pas ?  Tu sais, nous ne savons même pas où nous nous trouvons.
—    Comment cela ?
—    Dans le Royaume des Destriers, les steppes herbeuses ont fait place à un désert infertile, sans explication. Mon peuple se meurt. Je suis partie avec mon compagnon de vie, Mirkoum et mes deux frères jumeaux, Leki et Zolem,  pour en trouver une explication et, je l'espère une solution.
—    Et voici qu'en plein milieu du désert, fait un homme identique à un autre, Leki ou Zolem,  nous tombons en ces lieux luxuriants et humides, cela nous laisse quelque peu étonnés.
—    En fait, commence Galenn l'existence de ce lieu est la réalité, le désert est un mirage. Je sais que c'est difficile à croire mais ceci est une longue histoire qu'ils nous fera plaisir de vous raconter dès que vous serez rafraîchis, désaltérés et rassasiés. Vous aurez alors l'occasion de rencontrer Kalya, la Capitaine du Géant, le navire qui s'est échoué non loin, et qui me ramenait de l'autre continent. Elle est aussi l'auditrice de la Mer et l'Héritière du Royaume de la Frontière des Eaux. 
—    Ton explication apporte davantage de questions que de réponses, Galenn des Trois lunes et ton apparence aussi, conclue le troisième cavalier, Mirkoum.
—     Mais dis-moi, fait le second jumeau, l'arc bandé et la flèche encochée, quelles sont ces créatures qui te suivent ainsi dans les buissons ?

Galenn se retourne vers l'endroit menacé par la flèche et un petit sourire naît sur son visage :

—    Rengaine ton arc, ami, répond-il avec un signe apaisant de la main. Je vous présente deux de mes compagnons Shoof, originaires de l'autre continent. Ce sont des êtres extraordinaires ! Allez ! Montrez-vous !
Xen et Lenn sortent de leur cachette, alors que le cavalier abaisse son arc. 

—    Je vous présente Xen le Guerrier et Lenn le Mage.

Les deux petits Shoof s'inclinent.

—    Je sens que ton histoire sera fort instructive, Galenn des Trois Lunes, fait Tajli. Conduis-nous vite là où nous pourrons nous laver et rafraîchir nos montures. Je suis très curieuse de t'entendre.

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Quelques temps plus tard, Tajli et ses compagnons rencontrent Kalya et les autres Shoof.

Au devant de la hutte, autour d'un feu plus vaste, accompagné d'un repas de fruits et légumes, abreuvés d'eau d'écumes et de rivière, selon les goûts, une longue discussion a lieu jusqu'à ce que les rayons de Jaïa illumine l'assemblée. En apprenant les aventures de Galenn et de Kalya dans la dimension magique, les cavaliers sont impressionnés mais au vue du retour de ce coin de monde dans la réalité, ils sont convaincus. 

—    Quelle est votre prochaine étape maintenant, demande Tajli en nourrissant distraitement son oiseau sur son épaule.
—    Nous devons trouver la falaise blanche le long de l'océan, explique Galenn. Près de cette falaise, Virko m'a sauvé. Il m'a expliqué que je devais retrouver le talisman du Royaume des Trois Lunes qui est enfoui quelque part dans la forêt qui surplombe cette falaise. Cela devrait me permettre de rompre le sort qui a envoyé mon royaume dans l'oubli. 
—    Cette magie est si grande, déclare Mirkoum les yeux englobant les silhouettes de Galenn, Kalya et les Shoof. Notre monde bien plus vaste que je le croyais.
—    Mirkoum est notre Mage des Steppes, explique Tajli. 
—    Je suis très intéressé par ces sortilèges et la puissance des Pierres, avoue le cavalier aux longs cheveux blanc. Petit Mage Lenn, tu possèdes un aura très particulier qui doit te conférer une immense magie.
—    Ohh... articule Lenn en rougissant comme de la Lave. Je te remercie, Mirkoum Mage des Steppes.
—    En fait, un aura magique vous enveloppe tous, c'est ce qui m'a frappé en premier lieu. Votre rencontre est un heureux événement pour mon peuple. 

Galenn laisse son regard se porter sur l'assemblée autour de lui :
« Nous voici en une équipée encore plus extraordinaire qu'avant.  Des représentants de peuples de différents Royaumes, de Continents différents.... Et on me qualifie ayant un aura magique.  Je ne peux voir les auras, mais je peux constater qu'en effet ils possèdent une vibration particulière sur ce monde.  Comment ai-je pu vivre sur ce continent et ne pas me rendre compte de la réalité de ces Royaumes ?  Vivais-je dans la réalité ou dans une dimension autre ? Comme j'aimerais que Layla ou Virko soit avec moi pour répondre à mes questions. »

—    Je me fie à toi Mirkoum, fait Tajli pour rompre le silence qui s'est établi.
—    Quel est ton conseil Mage ? demande un des jumeaux qui les accompagnent
« Leky ou Zolem ? » se questionne Galenn. «Probablement que personne ne les distingue, sauf leur sœur ».

—   Mon conseil est fort simple, commence le cavalier alors que le feu de lave se reflète dans ses yeux foncés en un feu rougeoyant et décidé. Avec votre accord, nous irons avec vous, Galeen des Trois Lunes, Kalya de la Frontière des Eaux et Shoof de l'autre côté de l'océan. C'est selon moi la meilleure option pour notre peuple.
—    Nous te suivons, mon frère.
—    Il en sera ainsi, avec votre agrément, conclue Tajli.

Galenn consulte Kalya et les Shoof du regard, puis il porte la main à son front, en un Salut que Leylias la Breïss avait l'habitude de faire.

—    Nous ferons route ensemble dès que Kalya...
—    Nous partirons dès demain, complète-t-elle.

Galenn lui lance un regard mécontent alors que la jeune fille sourit hardiment vers lui.

—    Il est grand temps de reprendre la route, ajoute-t-elle doucement.
—    Nous avons des montures pour vous, conclue un des jumeaux avec un grand sourire. Vous savez monter, jeune Dame Kalya ?
—    Je dois avouer être plus à mon aise sur un bateau que sur une bête comme les vôtres, avoue Kalya.
—    Ce sera un honneur que de vous montrer les rudiments, ma Dame, ajoute l'autre frère avec un sourire avenant, en tout point identique.

Le regard intense de Galenn se porte aussitôt vers les jumeaux.

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😘❤️

Gaïa;)