Erell

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Seren lui démêlait les cheveux en chantonnant doucement. Erell sentait tous les muscles de son corps, endoloris, qui hurlaient leur souffrance. Ces derniers temps, elle en avait peut être trop fait...
La Duchesse arracha ses boucles rousses aux soins de sa soeur, et se tourna vers cette dernière, lui saisissant les mains.

- Alors Seren, as tu des nouvelles de Papa ? interrogea t-elle, inquiète.

Depuis son mariage, quatre ans plus tôt, elle se consacrait entièrement au Duché et à son époux, trouvant rarement le temps d'aller voir son père. Argan l'invitait le plus souvent possible, car il sentait bien que voir de la famille manquait à sa femme, mais depuis que Seren était ici, soit sept ou huit mois, plus rien ne reliait Erell au Roi de l'Est.
La blonde, brosse en main, secoua tristement la tête avec un pauvre sourire. Elle aussi souffrait d'être éloignée de son père, mais n'avait malheureusement pas plus de moyens que sa soeur pour le contacter.

- Point, mais ne nous morfondons pas là dessus. Nous savons qu'il n'est pas mort ! Parle moi d'autre chose, d'un sujet plus joyeux, la pressa Seren en commençant à coiffer ses propres cheveux.

Erell soupira. Elle n'avait pas grand chose d'heureux à relater. Même si Farell l'avait grandement aidée à prendre un peu de pouvoir sur les conseillers d'Argan, Glen restait dangereux pour le Duché. Son fils était confié à une nourrice, et elle n'avait même pas le droit de le voir trop souvent, car les enfants en bas âge mourraient régulièrement et qu'on ne voulait pas lui causer de chagrin inutile au cas où un malheur arriverait.
Sans parler du retour de Myrrdin, seul, et tout ça pour lui apprendre qu'Argan avait disparu pendant le combat ! Elle n'avait même pas eu le temps d'en parler avec Farell, qui pourtant aurait été de bon conseil, et depuis que la nouvelle était tombée, elle tentait de prendre le contrôle sur Glen et ses alliés avant que la rumeur de la disparition du Duc ne parvienne à leurs oreilles.
La Duchesse se massa les tempes, lasse, offrant à sa soeur un pauvre sourire :

- Je crois de n'avoir rien de bien heureux à te conter sur Estrefol en ce moment, navrée...

Seren lui attrapa la main, compatissante, et s'apprêta à lancer une conversation pour lui changer les idées. Cependant, elle fut interrompue par quelqu'un qui frappait à la porte, et des bruits de pas précipités.
Avant qu'Erell n'ait pu dire quoi que ce soit à ce visiteur surprise, on entendit la voix un peu étouffée par l'épaisseur des murs de sa camériste, scandalisée, qui s'écriait :

- Messire Farell, vous ne pouvez pas... ! Jusque dans ses quartiers sans autorisation... ! Veuillez rebrousser chemin, c'est vraiment inconvenant ! Oh, que dirait le Duc ? s'égosillait la petite femme, qui peinait à trouver les mots dans son état.

Erell se retint d'éclater de rire devant les protestations de celui qui était désormais identifié comme le Commandant des soldats d'Estrefol, qui jurait sur son honneur qu'il n'avait pas de pensées déplacées mais juste quelque chose de très important à dire à la Duchesse. Seren plaqua une main sur sa bouche pour éviter de rendre trop flagrante son hilarité.
Enfin, l'aînée décida qu'elle avait assez fait languir le Chevalier, et s'enquit en haussant un peu la voix, afin de se faire entendre :

- Que me vaut le plaisir de votre visite, Farell ? Cessez de vous confondre en excuses, vouz ne m'importunez pas ! le rassura t-elle, amusée.

De l'autre côté de la porte, on arrêta d'élever la voix, et les deux soeurs entendirent le bruit que fit le lourd gantelet de fer du jeune homme quand il posa la main contre la porte, produisant sans le vouloir un bruit monstrueux. La Dame de compagnie d'Erell s'indigna à nouveau, et Farell recommença sa litanie d'excuses.
Cette fois ci, la Duchesse ne retint pas son rire, qui pour la première fois depuis un mois s'éleva, retentissant.

Fearless KnightWhere stories live. Discover now