Chapitre 2 - Des changements bizarres

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            « L’arrmée du générral Einseinhowerr a prrogrressé, a rrapporrté un corrrespondant de la BBC. Parr ailleurrs, des trroupes allemandes ont été obligées de rrebrrousser chemin à la frrontièrre frrançaise et italienne où des rrésistants aurraient effectué des rraids surrprrises. Le prrésident Churrchill... »

            « Le zouf écoute une vieille émission de télé. »

            « La télé? Il n’y avait pas de télé quand on est entré ici. Pour moi, c’est une radio. » répliqua Trou-de-Pique en essuyant son nez du revers d’une main. « Mes allergies à la poussière se calment, on dirait. »

            Magané écoutait avec attention la voix du commentateur. Il fit remarquer qu’il avait une drôle d’intonation :

            « Pourquoi qu’il roule ses « r » de même? Il parle comme mon oncle Clermont. C’était pas mon vrai oncle; c’était celui de mon père. Il a été à la guerre, à ce qu’il paraît. »

            « Mais on s’en fout de ton oncle, Magané. Il y a des tas de gens qui roulent leurs « r ». Ma prof de philofolie roule ses « r » et bégaie en plus. » souligna Trou-de-Pique en poussant Skin du coude.

            « Ouais, Prof Mes-boules. » fit Skin en plaquant ses mains devant lui pour mimer une poitrine exagérément généreuse.

            Magané se cacha les yeux avec les mains.

            « Arrêtez-donc de toujours parler de sexe. On dirait que vous ne pensez qu’à ça! »

            « Ok, Magané, on va parler de Télétubbies. Tu vas peut-être ban... »

            La voix du commentateur diminua. Une forte quinte de toux couvrit la musique de Benny Goodman qui venait de prendre la relève.

            « Germaine! » cria une voix qui n’était pas celle de Clément. « Germaine, pour l’amour du Ciel, où as-tu mis mes cigares? »

            Une autre voix, plus proche des trois intrus, maugréa quelques jurons et on entendit le bruit d’un pas lourd directement en dessous d’eux.

            « Médéric, avec la toux grasse que tu as, tu mérites d’aller en enfer si tu touches encore un de ces bâtons empoisonnés! »

            « Mais, ma chérie (il toussa encore), sais-tu que j’ai payé une fortune pour les obtenir? On est en pleine guerre, je te ferai remarquer. Et puis, qui t’a raconté que les cigares étaient du poison? C’est toi-même qui n’arrête pas de me dire que si ça goûte bon, c’est pas du poison! Je veux mes cigares tout de suite! »

            L’escalier grinça sous le pas pesant et visiblement enragé de la femme. L’homme maugréa encore plus.

            « Tu les veux tes maudits cigares, Médéric Viateur Joseph Mercier? Les voilà! »

            « Mes cigares! Tu es folle! Tu viens de jeter quarante piastres dans le foyer! »

« Respire la fumée, ça te fera ça de gagné. Je m’en vais chez Simone. J’espère seulement que quand je vais revenir que tu seras de meilleure humeur. »

L'armoire du passéWhere stories live. Discover now