Chapitre 2 - Des changements bizarres

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«Il ne parle plus?» demanda Magané d’une voix tremblante.

            Skin poussa encore son coude dans le ventre de son confrère tandis que Trou-de-Pique luttait désespérément pour retenir ses éternuements.

            « Troud, quelle heure il est? »

            « Onze heures moins quart. Pour moi, il est reparti se coucher, le bonhomme. »

            Skin dit qu’il n’y avait rien de moins sûr. Il affirma qu’il était peut-être assis là, devant la porte de l’armoire et qu’il les attendait avec sa torche de gardien de sécurité.

            « La police s’en sert aussi pour assommer le monde, j’en ai eu l’expérience. »

            Magané demanda de quoi elle se servait, la police. Skin lui demanda de se taire si brusquement que le visage de Magané s’en trouva parsemé de gouttelettes de salive.

            « Bon! Ou bien on reste ici avec la pisse de Magané comme parfum ou bien ou prend le risque d’affronter le zouf avec son laser. Après tout on est trois... »

            « Peut-être qu’on devrait att... » se prononça Magané d’une voix chevrotante.

            « À deux, on pourra facilement le maîtriser, qu’est-ce que tu en penses, Troud? »

            « Et moi? » demanda Magané.

            « Toi, tu peux rester pour sécher ta culotte! Arrive, Troud : à go, on fonce! »

            Skin fit le décompte des chiffres à mi-voix, la main sur la poignée, puis cria GO!

            Il y avait de la lumière sous la porte fermée si bien que l’on voyait clairement qu’on avait enlevé des boîtes et des meubles. De plus, l’odeur de moisi et de poussière était à peine perceptible. Mais, ils étaient seuls, c’était déjà ça de rassurant.

            Skin intima à Trou-de-Pique d’avancer devant lui et de se diriger vers la porte. Ce dernier, penché vers l’avant pour éviter de se frapper la tête sur des objets qui n’étaient pourtant plus là, progressait lentement en regardant à gauche et à droite. Un étrange murmure leur parvenait. Aucun d’eux ne remarqua que le plancher ne craquait presque plus.

            « Et bien, on dirait que notre gardien est parti avec les meubles et les boîtes » dit Trou-de-Pique en relevant un peu la tête. « Combien de temps on est resté à respirer les odeurs de Magané, Skin? Deux ans? Ha, ha, ha! »

            « Je dirais plutôt cent ans... En tout cas, ça pue moins en dehors. Magané, arrive ici. Au pire, on pourrait avoir besoin de ton cerveau. »

            Les deux compères pouffèrent de rire. Le troisième avança la tête basse et la bouche en forme de coucher de soleil brumeux.

            « Vous risez toujours de moi. On sait bien, vous avez toujours eu des meilleures notes que moi. »

            Skin tapa l’épaule de Magané : « Troud, c’est le Einstein de nous tous. Moi, c’est mes muscles qui me donnent mes bonnes notes. Il n'y a pas un professeur qui ose me faire couler, hein, Troud? »

            Trou-de-Pique était rendu à la porte du grenier. Il leur fit signe de se taire. Une voix roulant ses « r » avec exagération montait jusqu’à eux comme dans un écho. Ils en perçurent quelques bribes qu’ils ne comprirent pas tout de suite.

L'armoire du passéWhere stories live. Discover now