Chapitre 1

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Le lendemain matin, le souvenir du désert et du fameux Dieu égyptien était bien loin dans son esprit. Elle n'avait jamais été du genre à se souvenir de ses rêves, aussi tangibles et détaillés qu'ils pouvaient l'être.

S'étirant sous sa couette, Anaïs observa la lumière pénétrant par le velux cassé de sa petite fenêtre. Instantanément, elle se sentit devenir grincheuse. Aucun doute quant à la météo aujourd'hui, malgré le peu d'informations que laissait filtrer sa vue sur l'extérieur : le ciel était gris et promettait un torrent de pluie.

Comme hier et avant-hier et avant avant-hier... pensa-t-elle en souriant tristement. Mes vacances me manquent. l'Égypte me manque. Son vent chaud, son soleil omniprésent, ses dunes de sable à perte de vue...

Son sourire s'effaça brusquement alors qu'un flash de souvenir envahit son esprit. Un désert gris... C'était un paysage qu'elle n'avait pas eu l'occasion d'admirer pendant ses vacances. Mais alors... d'où venaient ces images ?

Peu importe, se décida-t-elle en enfouissant une fois de plus ces drôles de souvenirs.

Ce matin, elle devait se rendre à l'agence de son nouveau travail. On ne pouvait pas dire qu'elle était enthousiaste. Pour autant, elle n'était pas non plus particulièrement stressée. Pour cela, il fallait en avoir quelque chose à faire des conséquences si son premier jour se passait mal. Ce n'était pas vraiment son genre.

Je vais laver des bureaux et des chiottes, c'est pas comme si le sort du monde reposait sur mes épaules.

Elle soupira à l'idée de nettoyer les déchets des autres. Elle avait déjà du mal à garder son petit studio propre, et c'était également peu ragoutant, mais si elle ne voulait pas se faire exclure de son logement pour loyers impayés, elle n'avait pas trop le choix. Ou plutôt : plus trop le choix.

S'ils savaient comment j'ai dilapidé l'argent qu'ils m'ont laissé, ils se retourneraient probablement dans leur tombe...

Comme à son habitude, elle se versa un bol de céréales -le lait en dernier- et le dégusta bruyamment en regardant sa petite télévision posée sur son bureau.

Elle n'avait pas beaucoup de mobilier, la taille de son petit studio ne le lui permettant pas. La pièce à vivre se composait essentiellement d'un lit une place, d'une table basse faisant office de table à manger, d'un pouf en guise de chaise, et d'un bureau avec une chaise en bois. Dans les deux petits mètres carrés qui restaient, elle avait réussi à placer une penderie bas de gamme accompagnée de quelques bacs en plastique faisant office d'armoire. La cuisine, ouverte sur le salon, était en réalité une petite kitchenette composée d'un évier, d'une plaque minuscule, d'un mini frigo et d'un ou deux placards collés au mur. L'appartement offrait également une salle de bain réduite avec le basique : toilettes, douche et lavabo.

Autant dire qu'elle n'était pas particulièrement fan de ses conditions de vie -tout était pensé pour être pratique et non confortable-, mais le logement restait quand même son petit chez elle.

Si j'arrive à payer mon loyer, se rappela-t-elle.

Ce qui n'était pas une mince affaire.

Quand son bol de céréales fut terminé et qu'il termina sa course sur la pile de vaisselle sale dans l'évier, Anaïs s'empressa de rejoindre la salle de bain pour se préparer.

Comme à son habitude, elle passa la majeure partie de ses vingt minutes de préparation à s'observer sous toutes les coutures. Ses cheveux bruns mi-longs lui arrivaient aux épaules -elle devrait bientôt les couper-, ses yeux verts avaient perdu l'éclat de joie de vivre que lui avaient insufflé ses vacances -dur retour à la vie réelle-, ses traits étaient fatigués de son réveil matinal et de sa nuit mouvementée, et son teint bronzé par le soleil égyptien commençait à s'estomper pour laisser apparaître d'ici deux à trois semaines son teint de porcelaine habituel.

Ses lèvres pleines lui renvoyèrent un sourire narquois à travers le miroir. Elle aimait voir sa peau brunie par les rayons UV : elle se trouvait beaucoup plus jolie et beaucoup plus vivante.

Une heure après son réveil, Anaïs était enfin prête à quitter son appartement. Il ne lui restait qu'une chose à faire : disposer sa pièce maîtresse autour de son cou.

Sa main glissa sur le collier qu'elle gardait précieusement dans le tiroir de son bureau et l'accrocha autour de sa nuque avec délicatesse.

C'était un souvenir d'Égypte, seul cadeau matériel qu'elle s'était autorisée pendant son voyage. Le bijou était composé d'une fine chaîne en or et d'un ankh, croix de vie égyptienne, de deux centimètres dans le même matériau. Il était discret et tombait parfaitement dans le creux de la naissance de ses seins. Elle l'avait eu pour une bouchée de pain au Souk du Caire, le vendeur souhaitant s'en débarrasser en raison de quelques superstitions absurdes.

Encore plus absurdes quand on savait que les ankhs ne sont qu'un hiéroglyphe qui veut dire "vivre" ou "vie"... Qu'est ce qu'il pourrait y avoir d'obscure là dedans ?

Anaïs s'observa une dernière fois dans le grand miroir qui recouvrait sa porte d'entrée et quitta la quiétude de son appartement.

Les Dieux du Nil - Tome 1 : La quête d'Anubis [édité]Where stories live. Discover now