Chapitre 7

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- Et donc toi, continua Anaïs, tu cherches les morceaux d'Osiris, c'est ça ? 

- Oui, répondit-il, surpris. Comment sais-tu cela ?

- Ha ha ! ricana-t-elle. J'ai mes secrets. 

Anubis l'oeilla suspicieusement alors qu'elle jubilait intérieurement. Non seulement la magie existait, mais en plus elle avait enfin pu le narguer en retour. 

- Et le collier dans tout ça ? enchaîna-t-elle.

- Thot l'a ensorcelé pour qu'il trouve la tête d'Osiris, mais Seth me l'a volé et l'a jeté sur Terre dans un espace-temps aléatoire. Il pensait que ça suffirait pour que je ne puisse jamais le récupérer. Il a sous-estimé la puissance des sortilèges de Thot. 

Anaïs posa ses coudes sur ses genoux et sa tête dans ses paumes afin de réfléchir à la situation. Elle voulait une aventure, pas vrai ? Celle-ci semblait à la hauteur de ses exigences. Elle n'avait rien contre se retrouver en Egypte antique, mais voyager toute seule dans une époque qu'elle ne connaissait pas lui semblait ressembler à un plan particulièrement foireux. Surtout quand on venait littéralement du futur. 

- Très bien, je viens avec toi ! s'exclama-t-elle avec conviction en se levant du divan d'un bond énergétique. 

Un ange passa. 

- Pardon ? 

- Je t'accompagne ! répéta-t-elle en haussant le ton, comme si elle parlait à un vieillard un peu sourd.

Anubis toussa, embarrassé. 

- Je ne crois pas, non. Tu vas me ralentir. Ce n'est pas un jeu, le sort de l'Egypte dépend de cette quête. Seth est un adversaire redoutable, il n'est pas le Dieu du Chaos pour rien. 

Anaïs se laissa tomber dans le divan, déçue. Elle se doutait que c'était probablement peine perdue, mais cela valait le coup de demander. Comptait-il la laisser attendre ici seule, dans un lieu et une époque inconnus ? 

- Ne t'inquiète pas, je t'accompagnerai au moins jusqu'à une ville pour que tu puisses t'y installer tranquillement. Je ne vais te lâcher dans la nature. 

Anaïs roula des yeux. En effet, elle avait tapé dans le mille avec sa supposition. 

- Encore heureux ! Merci ! répondit-elle avec beaucoup de sarcasme. 

Ce n'était quand même pas sa faute qu'elle se retrouve ici. Elle était donc en quelque sorte sa responsabilité. Elle ne pouvait même pas s'en vouloir de jouer les capricieuses, puisqu'il l'avait agressée et kidnappée, puis n'avait de cesse de se moquer d'elle avec son ton hautain depuis qu'elle se trouvait dans le Douât. 

- Je vois que tes maîtres ne t'ont pas appris le respect, trancha-t-il de façon condescendante. 

- On m'a surtout appris à donner mon respect à ceux qui le méritent, retorqua-t-elle, un sourire malicieux accompagnant ses paroles.

- Je pourrais simplement te jeter en plein désert, si déjà je ne suis pas digne de ton respect. Je n'ai pas l'impression que tu réalises où est ta place, humaine. 

Anaïs soupira et se tut un instant. Elle ne pouvait pas gagner cet échange, même s'il avait le don de l'énerver en la prenant ainsi de haut. Anubis était un Dieu et c'était son monde ici, il avait toutes les cartes en main. Elle n'était qu'une invitée en territoire inconnu. 

- Très bien, très bien, ô Dieu miséricordieux, ironisa-t-elle en exagérant ses paroles de façon théâtrale. 

- C'est mieux, approuva-t-il, un discret sourire satisfait se dessinant sur les coins de sa bouche.

Ce n'est pas parce que tu es un Dieu que tu dois être imbu de ta personne... Quoi que je dois avouer que ça doit être plutôt cool de se faire vénérer...

- Nous partirons demain, à la première heure. J'ai encore quelques petits détails à régler avant notre départ, reprit-il avant de quitter la villa sans attendre de réponse. 

- Super, soupira amèrement Anaïs, mais le Dieu était déjà parti et n'entendit pas sa plainte. 

Forcément, elle n'allait pas passer ces quelques heures à ne rien faire. Elle ne savait même pas à quel point la journée était déjà entamée. C'était impossible à dire entre cette lumière ésotérique d'après-midi et cette brise matinale. Tant pis, elle ferait juste ce qu'elle avait envie. Et cela commençait par une petite visite de la villa. 

La pièce à vivre était composée de divans, de chaises et une large table basse en bois, de quelques plantes et d'une petite bibliothèque débordant de papyrus propres avec un bureau en bois et une chaise en osier, ainsi que d'un coffre tressé trônant dans un coin de la pièce qui ressemblait d'avantage à un plateau de jeu qu'à un mobilier de rangement. 

Le reste de la maison comportait une chambre, un cellier et un bassin intérieur qu'elle supposa être une baignoire puisqu'une petite commode en osier présentait ce qui ressemblait à du savon. 

Le cellier était rempli de paniers en osier contenant de la viande, du poisson, des fruits, du pain et... beaucoup de fruits. Un service en terre cuite richement décoré était installé sur les étagères, prêt à être utilisé. 

Dans la chambre, il y avait un lit en bois qu'elle jugea particulièrement rustique comparé à son matelas moelleux, un paravent, quelques coffres tressés et une coiffeuse sur laquelle régnait un magnifique miroir. Il y avait des cosmétiques rangés sur le meuble, comme de la poudre et du khôl. 

Le mobilier était relativement minimaliste dans la villa, mais très élégant. En effet, tous les meubles en bois étaient sertis de feuilles d'or et de très discrètes pierres précieuses. Il y avait des hiéroglyphes colorés sur les tables, les coffres et les commodes. Ce n'était pas le grand luxe et le confort d'une maison moderne et riche de son époque, mais même Anaïs pouvait reconnaître que le propriétaire n'était pas n'importe qui et que la villa débordait de richesses. En même temps, c'était la demeure d'un Dieu. Cela collait à l'image qu'elle se faisait de leur demeure. 

Après sa petite visite des lieux, elle se décida à se servir dans le cellier. Quelques morceaux de viande séchée et de fruits l'accompagnèrent jusqu'aux jardins extérieurs. Trois divans étaient disposés autour d'une petite mare, le tout entouré de palmiers. Deux petits coffres servant de table reposaient entre les divans. 

Anaïs déposa ses victuailles sur le coffre et s'installa confortablement sur le siège. 

Enfin... Confortablement est un grand mot. Ca manque de coussins. Je pourrais peut-être demander à ce qu'on m'en fabrique, si je dois rester ici... 

Après avoir mangé une quantité peu raisonnable de nourriture, Anaïs s'allongea sur le divan et s'endormit en quelques secondes. Il devait être minuit passé sur Terre - dans son époque du moins - et la journée commençait à être longue. Son esprit savait également qu'elle ne risquait rien ici et qu'elle pouvait s'enfoncer dans le sommeil sans crainte. De toute façon, on l'avait déjà kidnappée. 


Les Dieux du Nil - Tome 1 : La quête d'Anubis [édité]Where stories live. Discover now