Lorsque sa copine enceinte et toute sa famille périssent dans un tragique accident de voiture, Ombre se retrouve seul face à de nombreuses responsabilités.
Frappé par le désespoir et de nouvelles angoisses, le jeune homme se laisse doucement sombrer...
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Le bar en dépit de l'heure tardive était très peu animé. La scène sur laquelle chantaient habituellement de petits groupes était aujourd'hui vide.
Seuls quelques personnes assez dispersées sur les nombreuses tables de la salle profitaient du calme en sirotant une petite bière. Les autres assis au comptoir, ruminant, bougonnant et s'écriant à qui voulait l'entendre des absurdités.
Je m'approchai du comptoir en grimaçant à cause de la forte odeur d'alcool qui flottait dans les parages. Je m'assis à une place vide près de l'entrée, attendant que le barman daigne me voir.
Je tapotai de mes doigts la surface en verre, légèrement impatiente. C'est au bout de quelques minutes qu'Alexandre se retourna vers moi tout sourire.
Il demanda à sa collègue de s'occuper de deux autres clients avant de venir me saluer :
- Inaya ! Ça fait un bail que t'es pas venue me voir !, s'écria-t-il.
Je souris en gigotant sur ma chaise. Je n'étais pas à l'aise dans ce genre d'endroit. Alexandre devina mon malaise et rit avant de se baisser pour attraper quelque chose à ses pieds. Il posa un carton qui faisait de largeur, une soixantaine de centimètres. Je lui adressai un petit " merci" en amenant le colis vers moi.
- T'es un ange, le complimentai-je en fixant d'un air triste la boîte marron entourée de sparadrap.
Je redressai la tête et lui souris de nouveau. Je me levai et me dirigeais vers la sortie.
- Attends ! Inaya !
Je me retournai. Le barman me fit signe d'approcher en posant un verre sur le comptoir.
- Oui ?, répondis-je me retenant presque de me pincer le nez.
- Ça te dérangerait de passer ça à l'homme tout au fond près de l'escalier ?
Il me désigna une table à l'abri des regards près d'une montée de marches. J'acquiesçai, après tout, je lui avais bien demandé d'aller me chercher ce paquet.
J'avançais sur le parquet où traînaient plusieurs flaques, toutes de couleurs différentes. Je ne cherchais pas à savoir ce que c'était et zigzaguait entre les hommes et les femmes bourrés.
Rapidement, j'arrivais à destination. Le propriétaire ne daigna pas lever la tête quand je lui déposai le verre sous les yeux. Il se contenta de me grogner un bref merci.
Je fronçai des sourcils en posant plus attentivement les yeux sur sa tignasse brune et bouclée. Une peau aussi blanche qu'une taie d'oreiller. Un corps mince et grand. Cinq doigts bagués sur dix.
Ombre.
- Ombre ?, appelai-je doutant un peu de mon évaluation.
Il ne répondit pas. Je m'assis donc en penchant légèrement la tête désormais sûre que c'était lui.
