Première Lettre : Dearly Beloved

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Je sais ce que c'est l'une des lettres qui aura le moins de sens, le moins d'organisation. Mais mes pensées n'ont jamais été ordonnées te concernant.

Mon âme sœur de la haine. J'ai aimé chaque instant où notre colère et notre dégoût de la race humaine nous ont rapprochés. J'ai aimé chacun des mots que nous avons échangés, qu'ils aient été tendres ou tranchants. J'ai aimé qu'on soit pareil, qu'on se ressemble tant.

Je repense à notre rencontre spirituelle. Je repense à notre première vraie conversation. Tu ne dois plus t'en souvenir mais elle résonne en moi.

"j'ai traversé un enfer cet été" ai-je dit en baissant les yeux. "oui, ça se voit" m'as tu répondu.
Tu as vu en moi, ce que personne n'a jamais vu. Tu as vu que j'avais besoin qu'on me sorte de ma torpeur

Tu as bousculé mon monde. Tu as bousculé mes habitudes. Tu m'as fait prendre du recul sur ce qui était réellement important et tu as fait face à des parties de moi que personne n'avait osé approcher.

Je t'ai aimé.

De toute mon âme, j'ai souhaité ton bonheur. De toute mon âme, j'ai souhaité que tu sois comblé. Et étonnement, je n'ai jamais souhaité que ce bonheur ne vienne que de moi. J'ai essayé de disparaître quand tu étais avec d'autres. Mais mon cœur me hurlait de te sortir de leurs griffes.

J'ai essayé.

Oh si tu savais, à quel point j'ai essayé d'être parfaite pour toi. J'ai revu ma vie entière pour toi. J'ai changé. En avais je conscience ? Je ne saurais le dire. Mais je voulais être la femme de ta vie. La seule. Être celle que tu désirais, être celle à qui tu pensais. Et pourtant, je n'avais pas l'âge de me projeter dans l'avenir, de faire des projets avec quelqu'un. Mais je le souhaitais avec toi.

Ton sourire, rare, disparaissait avant qu'on ne puisse le saisir. Je n'y ai jamais résisté. Nos messages, nos échanges, notre désir d'être ensemble, notre déni aussi. Tu savais pertinemment comment ça allait se finir. Tu pensais savoir. Tu savais mais tu as réessayé, et je m'y suis accrochée. C'était comme un fil tendu dans le vide. Je m'y accrochais, je m'y cramponnais sachant tout bonnement que je finirais par tomber, sans jamais m'arrêter.

Je me repasse, en boucle les erreurs qu'on a commises, tout comme je ressasse les discussions qu'on a eu tard, alors que l'aube pointait le bout de son nez, et que nos cernes ressentaient la douleur de ne pas avoir dormi de la nuit. Ces sourires avant de s'endormir. Ces souvenirs avant de s'évanouir.

Était ce faux ? Était ce du vent ? As tu déjà menti sur tes sentiments ? Je ne crois pas.
J'ai toujours ressenti que tu étais terrifié par l'amour. Terrifié à l'idée que quelqu'un puisse te comprendre, te connaître et t'aimer quand même. Car ça voulait dire que j'étais plus folle qu'on le pensais. Folle de t'aimer, folle d'être tombée amoureuse de toi et de tes démons.

Je me sens déchirée en deux quand je pense à toi. La haine, d'un côté, me rassure, parce que tout le monde dirait que c'est normal de te hair, c'est normal de vouloir t'oublier à tout prix. Et puis l'amour de l'autre. Ou du moins.. La compassion peut être maintenant. Je vois la douleur dans tes yeux. J'aimerais pouvoir prendre un peu de ta culpabilité, un peu de ta colère, un peu de ton dégoût, j'aimerais alléger ton cœur comme tu as su parfois alléger le mien.

Avant toi, je n'ai jamais cru pouvoir aimer à nouveau. Mais tu m'as fait comprendre que l'amour, ça vient, ça part, ça reste pour toujours, ça s'enfouit, ça se dissimule, ça s'assume ou ça se cache. Finalement, tu m'as appris à jouer avec mes sentiments à force de t'amuser avec.A en faire une force. A mieux les gérer.

Je ne pourrais jamais assez te remercier pour ce que tu m'as offert ; tu m'as appris à être égoïste et c'est quelque chose dont j'avais désespérément besoin. En me rejetant, tu m'as appris que je n'avais besoin de personne. En me répétant de ne me fier à personne d'autre qu'à moi-même, tu m'as sauvée de beaucoup de relations toxiques.

Connais-tu ce phénomène qui fait que deux aimants qui sont identiques se repoussent ? Contrairement à ce qu'on a toujours pensé, nous ne sommes pas fait pour nous attirer, mais destinés à ne jamais nous toucher.

On a échoué.

Je t'ai toujours compris, tu dis ne m'avoir jamais aimée. Je ne l'ai jamais accepté et je voulais seulement t'apaiser. Je continue de me dire que tu préfères affirmer ne m'avoir jamais aimée, parce que c'est plus simple. Parce que tu sais que ça me fait mal et qu'il n'y a qu'en ayant mal que j'arrive à tourner la page. Que j'ai enfin tourné la page.

Je sais que tu te complais dans la nuit, que tu es à l'aise dans la souffrance et dans la haine. Tu m'as tellement fait souffrir, ça devrait être interdit d'avoir autant de haine en soi. J'ai été celle qui a payé les erreurs des autres. Celle qui n'a jamais eu une vraie chance, parce que les autres ont réussi à ce que tu ne veuilles plus être avec qui que ce soit.

J'ai été celle que tu détestes. Cette personne bien pour toi, mais que tu ne peux accepter. Tu n'as jamais aimé la facilité. Je crois sincèrement que tu n'en as plus rien à faire de mon bonheur. Parce que c'est plus simple de ne s'inquiéter que de sa propre existence. Parce que si tu m'aimais, parce que si tu t'autorisais à ressentir des émotions positives, tu ne serais plus toi même. Parce que tu t'aies construit cette carapace, pour ne plus avoir à souffrir par la faute des humains.

Je t'envie de pouvoir te couper du monde. De seulement aimer ta famille et de tout faire uniquement ment pour ceux qui partage ton sang. J'espère que cela t'apporte sincèrement ce dont tu as besoin.

J'espère qu'un jour, tu trouveras la paix.

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