Chapitre 3: Live Aid, vous avez dis Live Aid?

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"Dire que quelque chose cloche quand une personne inconnue vient soudainement d'apparaître à ses pieds, c'est ce qui s'appelle, dans le milieu, un putain d'euphémisme."

13 juillet 1985. Au stade de Wembley, l'ambiance battait son plein. La foule était en liesse, jamais on n'avait vu une telle effervescence depuis le matin même ; les plus grands rockeurs du 20e siècle se relayaient pour offrir une prestation dont les spectateurs se souviendraient toute leur vie.

Puis soudain, dans l'ambiance déjà électrique, une rumeur, un cri de joie énorme emplie tout le stade. Un homme, la trentaine, aux cheveux court et avec la moustache la plus reconnaissable de tout le rock game, venait d'arriver sur la scène en trottinant, comme s'il s'échauffait pour le marathon de sa vie. Venait en même temps un bassiste à la touffe inégalée, un guitariste dont le talent était proportionnel à la longueur de ses cheveux, et un petit blondinet, qui se plaça directement derrière son énorme batterie, qui le dissimulait presque complètement.

Freddie Mercury n'eut que le temps de plaquer quelques accords au piano qu'une autre clameur, achevant d'arracher les dernières cordes vocales des spectateurs, surgit de la foule, et les 20 minutes les plus incroyables du Live Aid commencèrent.

Mais si elles étaient incroyables pour le public, elles ne le furent pas moins pour Roger Taylor et les 3 autres.

***

La première chose que Charlie entendit, fut une sorte de cris très aigus, mais qui semblait lui parvenir du fond de l'eau, comme si la ouate dans son cerveau avait anesthésié ses tympans. Complètement perdue à cause des basses assourdissantes qui l'entourait, et ne reconnaissant pas du tout l'ambiance tranquille des salles du staff, elle ouvrit lentement les yeux.

Le falsetto qu'avait poussé Roger avait surpris tout le monde, n'étant censé le faire à aucun moment du concert ! Et pour se rattraper, et faire comme si tout était prévu, il entonna I'm in love with my car, la seule chanson qui lui passa par la tête à ce moment précis. Mais la stupeur ne dura que quelques millièmes de secondes parmi les autres membres du groupe. Ils savaient que si Roger avait crié, ce n'était pas juste pour placer cette chanson à la surprise générale. Même s'ils suivirent leur ami comme si de rien n'était, ils ne pouvaient s'empêcher de s'inquiéter ; quelque chose clochait.

Et en effet. Dire que quelque chose cloche quand une personne inconnue vient soudainement d'apparaître à ses pieds, c'est ce qui s'appelle, dans le milieu, un putain d'euphémisme. En voyant que l'inconnue ouvrait petit a petit les yeux, comme si elle se réveillait de la plus grosse cuite de sa vie, il hésita pendant quelques instants à la renvoyer aux pays des rêves avec un coup de baguette bien placé histoire qu'elle ne se mette pas a paniquer d'un coup, comme l'autre. Il attendit plutôt que les yeux de la gamine puisse faire une mise au point correcte (ce qu'il remarqua quand ses yeux dardés sur lui s'arrondirent de surprise et d'effroi), pour lui intimer d'un regard noir de ne surtout pas bouger.

Heureusement pour lui et pour elle, Charlie était beaucoup trop terrorisée et en état de choc pour réagir d'aucune manière que ce soit. Où était-elle ? Comment avait elle pu atterrir ici, en plein concert de Queen ? Elle devait certainement rêver, ou être en plein délire suite à la frayeur monumentale que lui avait fait cet abruti de Warsaw en l'entrainant dans le staff. Elle ne pouvait décoller ses yeux du batteur, qui tapait frénétiquement sur les caisses de sa batterie avec une virtuosité incomparable. En reprenant petit à petit ses esprits, elle se disait que, d'après ce que la presse disait de Roger, il valait mieux pour sa survie de rester le plus immobile possible, ce qu'elle fit, en essayant de concentrer tout son self control restant.

We are the Champion se termina dans une ovation impressionnante. Après avoir salué la foule en délire, les 4 musiciens quittèrent la scène, encore étourdis de l'ambiance qui régnait dans les gradins. Encore étourdis ? Roger ? Furieux, oui ! Le seul moyen qu'il trouva pour exfiltrer discrètement Charlie fut de l'empoigner durement par le bras et de quitter la scène a grand pas en la bousculant, la gardant contre lui afin que personne ne la voit. A peine fut-il descendu de la scène qu'il la lâcha violemment.

Une Histoire de TempsWhere stories live. Discover now