Chapitre deux.

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     On papote depuis le début de l'heure, alors que les profs se présentent à nous chacun leur tour pour introduire leur matière. Ni lui ni moi sommes intéressés par ce qu'il se passe autour de nous. A la place, on se raconte nos vies depuis notre séparation. Je me rends compte qu'il m'a énormément manqué. L'entendre parler et rire me fait chaud au cœur. Je ne sais pas si c'est parce que je n'ai pas eu d'amis depuis longtemps ou si je suis réellement heureux de le revoir, mais mon cœur explose d'amour et de gaieté. 

Lorsque les deux heures passent, je suis triste à l'idée de le quitter, alors que je sais pertinemment que je le reverrai dans trois jours. Je range mon pc dans sa pochette avec lenteur, traînant le plus possible pour rester avec Ezel et profiter de sa présence. 

— T'as un appart' c'est ça ? demande le grand à mes côtés. 

— Ouais, je travaille le week-end pour payer le loyer, je veux pas rester chez mes parents et puis, comme ça, c'est pas loin de la fac, pas besoin de prendre le train, je lui explique. 

— Je vois. C'est dingue quand même, qu'on se retrouve dans la même fac ! C'est énorme ! 

Je hoche la tête en souriant. C'est comme si le destin me donnait une récompense après m'avoir fait vivre un enfer pendant deux ans. On se lève tous les deux et on prend tranquillement la sortie, toujours en discutant. Je ne peux pas m'empêcher de le regarder et de rire. J'ai l'impression de retrouver une personne de ma famille et je me gave littéralement de ces gestes, de sa voix, de son rire, de sa manière de parler et de marcher, les gravant dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi, j'ai ce besoin d'enregistrer tout de lui. Mon cerveau me hurle " profite ! ", alors c'est ce que je fais. 

Arrivé à l'endroit où nous devons nous séparer, je peine à retenir une moue triste. 

— Bon, on se voit dans quelques jours, alors, je lâche, la déception de ma voix mal-contenue. 

Ezel ne me répond pas et semble réfléchir. 

— Demain, tu n'as qu'à venir ! s'exclame-t-il soudainement. 

— Quoi ? 

— Fin', ce soir je dois voir mes parents, mais demain je vais dans un bar avec trois, quatre amis et j'aimerai bien que tu viennes. Deux heures c'est pas assez pour rattraper le temps perdu, sourit-il. 

Je sens mes dents mordre ma lèvre inférieur et jette un œil au sol, comme si celui-ci allait me donner une réponse. Ca fait un bail que je ne suis pas sorti, mais en même temps, si cela veut dire revoir Ezel, je ne peux tout simplement pas refuser. 

— Ok ! je lance avec enthousiasme. 

De nouveau, un grand sourire se dessine sur ses lèvres, ce qui entraîne le mien. Encore une fois, je scanne ses expressions dans ma tête. Je veux me les rappeler et je sais que je vais sourire niaisement en me les remémorant, quand je serais seul. 

Ezel attrape mon poignet et m'attire vers lui pour un autre câlin. Je le prends avec plaisir mais à mon plus grand regret, cela ne dure que quelques secondes. 

— A demain, petite tête blonde, il lâche en s'éloignant. 

Je sens mes joues chauffer à son surnom. Ok, je crois que je suis resté trop longtemps seul et asocial. Ca craint. Je le regarde partir, alors qu'il met sa capuche sur ses cheveux blancs comme neige. J'ai toujours adoré la démarche qu'il avait, assuré et en même temps, si décontracté. Il parait cool. Je vois quelques têtes se retourner sur son passage et ça m'amuse, encore une chose qui n'a pas changé. 

Je soupire quand il est hors de mon champ de vision. Je suis dégoûté de rentrer chez moi, seul, alors que je viens juste de retrouver un ami. 

— Merde ! je crie en me retournant. 

Cependant, il n'est plus là. J'ai oublié de lui demander son numéro ! Comment on va faire, pour demain ? Il ne m'a donné aucune information, pas même le nom du bar ni l'heure. Une vague de chagrin me prend les tripes. Moi qui étais heureux de le revoir le lendemain, tout tombe à l'eau ! 

Démoralisé, je pars rejoindre mon appartement en métro. Je passe ma fin de journée devant mon ordinateur, à mater la dernière saison de game of thrones pour m'occuper l'esprit. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, Ezel siégeait mon esprit, mais finalement, je suis parvenu à suivre la trame au bout de quelques minutes. 

    Le jour suivant, je ne parviens pas à rester optimiste et à me dire que de toute manière, on finira par se revoir dans deux jours. Je deviens cinglé. 

La journée me semble infinie, je n'arrête pas de jeter des coups d'œil à l'horloge. Je vois les minutes défiler tristement. 

Découragé, je lance Netflix et cherche une nouvelle série à regarder, dans l'espoir de plonger dans l'histoire et me changer les idées encore une fois. Pas mal de séries me donnent envie, mais j'ai peur de ne pas réussir à entrer dans le scénario. Je clique finalement sur Chambers, elle a l'air intéressante et en même temps, pas au point d'avoir toute ma concentration dessus. 

Je mets le premier épisode, installé confortablement dans mon lit, un paquet de pop-corn dans les mains. Comme je l'ai prévu, je n'arrive pas à suivre et mes pensées dérivent sur la soirée que j'allais manqué. Je referme mon pc et le pose par terre, tout comme les pop-corn, qui prirent le même chemin et m'allonge dans mon lit, m'enroulant dans l'épaisse couverture. Je pousse un couinement désespéré et ferme les yeux, le nez dans mon coussin. Je me refais la journée d'hier en tête et souris en revoyant son visage joyeux. 

— Fais chier, je soupire. 

Alors que je repense aux évènements de la veille, je me sens partir peu à peu dans le monde des rêves. Néanmoins, mon téléphone se met à vibrer dans la poche arrière de mon jean. Je ronchonne et décide de ne pas répondre. Ca doit être ma mère, pour me demander des nouvelles. Les vibrations persistent, me tirant peu à peu de mon état comateux et je fronce les sourcils en extirpant mon téléphone pour répondre. 

— Quoi ? je lâche froidement. 

— Naé ? 

Je me redresse aussi vite, me donnant quelques étourdissements au passage.

— Ezel ? je dis à mon tour, surpris. 

Un rire parvient à mes oreilles et je frissonne. Mon cœur se gonfle d'espoir. 

— Je viens de te réveiller ? demande-t-il, toujours avec ce ton enjoué. 

— Non... enfin si, mais bref, je suis content de t'avoir au téléphone ! Comment t'as eu mon numéro ? 

—J'ai ton frère en ami sur facebook alors je lui ai envoyé un message pour qu'il m'aide. 

Je me sens sourire bêtement. J'étais au bord de la dépression il y a encore quelques minutes et là, je suis hyper heureux de lui parler. C'est dans ces moments-là que j'aime mon frère plus que tout au monde. De plus, cela montre qu'Ezel tient à ce que je sois là, car il a fait l'effort de chercher mon frère pour lui demander un moyen de me contacter. 

— C'est toujours ok pour ce soir ? 

— Bien sûr ! je lâche spontanément et plein d'entrain. 


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