La famille Kamirai || Les tourments de Martholomé || Tome 2

Partie 6 : Dans sa tête

Dans son petit domicile de fortune, Martholomé perdait la boule. Il ne savait plus où se mettre et surtout il devait faire un choix. C'était la chose la plus compliquée à faire à l'heure actuelle. A son âge, il était rare dans ce pays de voir de jeunes adultes avec autant de problèmes. La vie n'était pas facile mais n'était pas plus compliqué que cela. Les garçons d'une vingtaine d'années étaient soit vassal, soit apprenti chevalier ou encore paysan, travaillant dans les champs. Les moins chanceux étaient des garçons de maison, esclave des plus riches. Les filles de cet âge là restait à la maison à faire le ménage ou plus les modestes, jouaient les belles auprès de l'armée. Martholomé n'était sur aucun des deux bords. Il ne travaillait point, à part aider son oncle et il a fallu tomber sur un livre démoniaque. Le malheur du jeune adulte devenait étouffant et il pétait un plomb. Il serrait les dents tout en respirant fortement. De la salive en sortit à force de rager. Le Kamirai se tenait le crâne, s'arrachant les cheveux. Lorsqu'il ouvrait la bouche était pour dire « reconnaissance ». Quelques mots de la langue ancienne jaillissait parfois : ''ELU'' ; ''noraa'' ; maest'' («élu, noir, maître). Il fixait le sol, comme cherchant la réponse du dilemme mis en œuvre par le chevalier noir. C'était clair, soit lâcher le livre noir à vie et redevenir un être normal que la famille Kamirai méprisait ou encore le choix de devenir puissant et important. La possibilité de rivaliser avec les plus grands devenaient un rêve pour pour Martholomé. Le lecteur n'avait plus la tête à choisir. Il devait remettre les idées en place. A force de rester chez soi, on ne fait que les cents pas et on réfléchit longuement. Il eut des flashs du maître de l'obscurité. Il revoyait ses yeux rouges. Les phrases de la première page résonnait en lui. Sur le coup, il se rappela qu'il était l'élu. Que par la suite des évènements, il pourra monter la plus grande armée au monde. Malgré le fait que le monde ne s'arrêtait pas aux frontières du pays du dragon, l'élu avait rôle d'étendre son pouvoir et sa renommée sur la terre entière. Des terres étaient méconnues mais la magie noire pourrait y accéder. Tant de belles conséquences pour devenir le maître du monde. Un but bien difficile à avoir en tant normal.

Il était bien plus simple lorsque Martholomé avait le grimoire en sa possession. Il avait puissance infinie et le jeune adulte cherchait pourtant la moindre chance d'avoir un pouvoir. Voici sa chance et il était à deux doigts d'y arriver. Quelque chose le bloqua tout de même, c'était pour cela qu'il se rongea les ongles. Le choix était la plus chose la plus horrible. La famille était un élément très important à ne pas négliger, surtout en ayant vu Maka pour la première fois de sa vie. Il s'était battu auprès de Mizu, même si ce dernier avait tout fait, et pour couronner le tout ; il a sauvé la vie de l'inspecteur. Le seul détail était que c'était surtout grâce au bouquin et de sa magie folle et peu contrôlable. Il savait qu'il n'aurait rien pu faire sans le grimoire. L'impuissance de Martholomé montrait tant qu'il était obligé d'être aidé ; ça depuis le début de son évolution dans la société. Le Kamirai s'échappa de son habitat pour aller faire un tour. Il n'omit point le bouquin. Ses pas étaient lourd, traînant des pieds. Il voulut se faire tout petit et point attirer l'attention. Le lecteur pressa le pas pour se diriger d'un coup vers la rivière coupant le district en deux. Le courant passait entre le côté Est, Sud et Ouest. Les trois parties ne manquaient pas de se prêter main forte par voie maritime. Les bateaux passaient souvent en ces jours-ci et Martholomé en vit passer des dizaines en très peu de temps. Pourtant, ce n'est pas ce genre d'horizon qui allait lui remonter le moral ou plutôt le faire revenir à lui-même. Sans qu'il se rende compte, ses yeux virèrent aux noirs. Comme l'autre jour, il perdit encore contrôle de son corps, une énième fois. Il marchait sur le sentier qui longeait l'eau, regard vers les petits cailloux parsemés. Ses bras prenaient une couleur bien sombre et effrayante. La peau pâle devenait peu à peu la caractérisation de la pénombre, montant jusqu'au cou. Il ne se rendit toujours pas compte de la transformation dont il était victime. L'adulte avait l'air de ne pas contredire ce changement. Le bouquin éclatait en plein jour tout ce qu'il avait à montrer. Les pages s'affolaient et Martholomé avait du mal à le tenir correctement. Ses pas étaient toujours lourd et il avançait encore. A en croire sa démarche, il pouvait marcher jusqu'à l'autre bout du pays.