Il se recula et je ne tins plus. Je me sentais sale, dégradé. La colère monta en moi, seul défense qui me restait et me m'accrochai à elle comme un naufragé à sa bouée. Je ne leur montrerais pas ma détresse ! Cette comédie était arrivé à son terme !

J'attrapai le lien qui m'emprisonnait encore à l'autre et je l'enlevai, défiant Ren du regard de m'arrêter. Je me retournai et commençai à marcher vers la sortie. Le garde du corps de cette ordure s'avança vers moi, mais je n'étais pas d'humeur:

– Si tu t'approches, je t'arrache les couilles et je les plongerais dans ta gorge!

Je continuai mon chemin, mais il fallait que Ren s'en mêle:

– Tu as oublié que nous devions montrer le lien au peuple.

Je levais la main bien haut avec un magnifique doigt d'honneur sans une once d'intérêt supplémentaire. Voilà, ce qu'il méritait, ce qu'ils méritaient tous. Ils me faisaient me sentir l'intrus, ils allaient donc le sentir passer...

J'avançai dans le couloir, prenant des chemins sans y faire attention. Je désirais juste m'éloigner le plus possible de cette salle et de ces gens. Mes larmes brouillaient ma vision de plus en plus. Je finis par atterrir dans un couloir donnant une vue sur un parc. Il me semblait étrangement familier, mais je n'avais aucun souvenir de mon enfance. Ma mère m'avait expliqué que c'était le choc vécu qui m'avait poussé à refouler mes souvenirs. Enfin ce n'était pas comme-ci cette vie avait été importante. Je posai brutalement mes mains sur la rambarde, écrasant une grosse partie de la pierre la composant sous l'impact. Mes larmes coulèrent silencieusement pendant quelques minutes, laissant mes sentiments noirs couler hors de moi. Quand mon esprit fut un peu plus clair, je serrais les dents sous la colère en repensant à ce qui venait de se passer.

– Merde!

– Il est dur de se faire accepter par des gens qui ne nous jugent que sur les erreurs de nos ancêtres, s'exprima une voix dans mon dos.

– Je ne cherche pas leur acceptation à cette bande de...

Je me retournai et m'interrompis, devant moi se trouvait un elfe avec une couronne, le roi des elfes en personne. Grand, blond, il avait le visage doux, mais le regard sûr. Marcus m'avait dit qu'il avait été l'amant d'Eren. Je comprends mieux pourquoi en le voyant. Cela me fit penser à mes boss.

– Pourquoi Samuel et Eren n'étaient-ils pas là, aujourd'hui? Ils sont de la royauté. Ils auraient dû être présents.

– J'ai expliqué au prince démon la situation dans lequel tu étais et l'importance de cette union. Même si les dragons ne l'admettent pas, leur survie dépend de toi. Notre survie à tous en réalité. Il a bien compris et sachant comment Eren réagirait, il a préféré le tenir occupé. Mais il m'a fait savoir que tu serais toujours la bienvenue chez lui et au Tentateur.

Je baissai les yeux, si Eren avait su, il m'aurait aidé. On m'a privé des seuls alliés que j'aurais pu avoir sous prétexte que cette union était vitale. Je ne comprenais pas. Pourquoi tout cela ? Pourquoi est-ce si important que mon boss rejoigne mes ennemis et n'intervienne pas ?

– Mais en quoi cette union est vitale pour les dragons...

– Tu ne le sais pas? Je pensais que le souverain draconique t'en aurait informé.

Il se pencha vers moi et toucha une de mes mèches avant de caresser mon visage pour retirer les larmes. Il était si doux, le seul qui me traité bien, que je ne bougeais pas. J'avais besoin de chaleur en ce moment.

– Ce n'est pas à moi de t'en informer. Mais sache que les dragons blancs sont très précieux dans notre monde et j'espère voir bientôt la nouvelle génération naître.

Je dus devenir plus rouge qu'une tomate à ces mots. Je ne comprenais pas ce qu'il insinuait ou ne voulait pas comprendrer.

Un grognement me fit alors sursauter. Je vis Ren se dirigeait vers nous et le roi des elfes recula d'un pas. Que venait-il faire ici ? Il semblait énerver que je sois avec le roi des elfes. Mais pour le coup, lui je ne voulais pas le voir. Pas maintenant!

Je fis donc demi-tour et partis à grandes enjambées. Sans me retourner, je recommençai à parcourir les couloirs. Je finis par retrouver l'escalier vers la geôle qui me servait de chambre et le montai quatre à quatre. Ce ne fut pas dur de retrouver la pièce qui m'était destinée, vu que c'était la seule de l'endroit. J'y pénétrai et soupirai de soulagement. Ici au moins, j'étais loin de ces êtres. Le seul endroit où je me sentais un peu en sécurité. Je me dirigeai vers la petite fenêtre pour l'ouvrir, un peu d'air me ferait du bien. Je regardai d'un oeil distrait l'autre tour en réparation, celle où je m'étais fait enlever. On m'avait fourni sa jumelle quand je luttais contre le poison.

Je n'avais pas envie de dire merci, alors que je pouvais me rappeler constamment qu'on désirait ma mort. Un peu de vent vint me foutait doucement le visage, c'était agréable.

La porte claqua alors, mais je ne me retournai pas. Deux bras se posèrent de chaque côté de la fenêtre. Je pouvais sentir sa colère sans la comprendre.

– Ne laisse plus jamais quelqu'un te toucher de cette manière!

– De quoi est-ce que tu parles ? demandai-je avec un air blasé.

– Ta petite scène avec le roi des elfes. Mets-toi cela rapidement en tête. Désormais, nous sommes unis.

– On n'est pas marqué que je sache. Et arrête ta paranoïa, il ne s'est rien passé.

Un grognement me répondit. Sérieusement on n'était pas marqué, son dragon ne devrait pas être aussi possessif ! Je savais que le marquage provoquait une jalousie excessive due à l'appartenance des deux, mais pas juste la cérémonie d'union. Quoi qu'il en soit s'il croyait que j'allais lui obéir, il se mettait le doigt dans l'oeil. Je restai droit dans mes bottes sans le regarder et il eut l'air de se détendre malgré tout.

Il m'enserra alors subitement la taille et chuchota à mon oreille:

– Nous avons fait le premier pas aujourd'hui.

Son audace de me prendre dans ses bras après tout ce qui c'était passé était trop, mon sang ne fit qu'un tour. Ma colère remonta en flèche, je lui écrasai le pied et lançai mon coude en arrière qu'il esquiva de justesse.

– Dégage! hurlai-je.

– Diamund...Si tu veux que les choses s'améliorent, il va falloir accepter la situation. Et désormais, tu es le prince Diamund, époux du souverain. Enfin, je ne t'en veux pas d'être parti ainsi pendant la cérémonie, mais retirer le lien ainsi et ne pas te présenter à la foule...

Je vis rouge là. Mes yeux étaient devenus ceux de mon autre apparence et je m'avançai vers lui avec dans la tête d'achever sa misérable existence.

– Comment oses-tu! Je n'en ai rien à foutre de ton titre, de ce royaume, de ces gens. Allez tous crever! Moi, je suis un sale monstre, moi je suis le petit-fils d'un tyran. Tu es le bon samaritain qui consent à faire le sacrifice de ta vie. La blague, l'immonde blague. C'est qui, qui a été kidnappé, qui a été enfermé dans une cellule, qui est retenu ici contre son gré et qu'on a forcé à s'unir avec un usurpateur ? Je te haï, je t'exècre, je te déteste. Jamais, je ne te serais redevable, jamais je n'accepterais cette situation! Alors, dégage!!

-Diamund...

Il voulut avancer vers moi, hésitant entre la colère, l'inquiétude et le calme. Une lueur se fit cependant apercevoir comme si mes mots l'avaient blessé, mais elle disparut très vite. Finalement, le roi se devait de garder la maîtrise de lui-même.

-Soit, je te laisse pour l'instant. Nous en reparlerons quand tu seras calmé.

Il sortit juste à temps avant de recevoir le vase que j'avais attrapé et que je lui lançai. Ce dernier atterrit contre la porte.

– Enfoiré ! hurlai-je. 

Les légendes d'Himeria : Passé Empoisonné T2 (Édité)Where stories live. Discover now