Chapitre 29 : Le travail de Julius

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La nuit venait de tomber à Pholios. Diomede et Clausius discutaient dans une ruelle du Quartier Métèque en attendant Julius.

« Quand je repense à ce qu'il s'est passé hier soir dans l'arène... tu as de la chance! dit Clausius. Je suis sûr que les dieux te regardent, quelque part là-haut.

Diomede se remémorait la scène. Julius, désirant vérifier ses aptitudes au combat, avait appelé l'un de ses hommes pour se confronter à lui. Mais le combattant s'était senti pris d'un étrange mal et s'était évanoui avant même que le combat ne commence. Julius en avait déduit que Diomede était protégé par les dieux, et leur avait donné rendez-vous dans cette ruelle.

- Au fait, Clausius. l'interpella la recrue. Comment ça se fait que vous vous connaissiez, Julius et toi ?

- Tu veux vraiment le savoir ? lui demanda le soldat. Diomede fit un léger signe de tête en guise d'approbation. Alors son camarade du 3ème Corps ferma les paupières, comme si ses yeux s'étaient tournés en lui-même afin de mieux chercher dans sa mémoire. On était partenaires lui et moi.

- Partenaires ?

- Ouais. On bossait tous les deux pour un chef de gang qui s'appelait « Le Serpent ». On savait déjà se battre, parce qu'on avait grandi dans les quartiers chauds de la cité, mais on ne s'est connu qu'à ce moment-là. Le Serpent était un mec important, il avait toujours du boulot pour nous. Un jour, il a fait un truc qui m'a pas plu et j'ai voulu me barrer. J'ai piqué tout ce que je pouvais trouver chez lui et je me suis tiré. Mais les hommes du Serpent m'ont vite coincé, et pour rembourser mes dettes, j'ai dû intégrer l'armée. Je ne savais pas que la cave où nous sommes allés hier avait été rachetée par Le Serpent. Si c'était le cas, crois bien que j'aurais tout fait pour l'éviter.

- Et Julius et toi, vous êtes amis quand même ?

- Eh bien... oui et non. Tu sais, lorsqu'on vit dans un milieu comme celui-là, il n'y a plus vraiment d'amitié qui tienne.

- Surtout quand celui qu'on considère comme un ami se révèle être un traître. ajouta une voix.

Les deux soldats se retournèrent et aperçurent Julius, accompagné de Brise-tête et d'un autre esclave. Le premier portait une tunique en cuir, ressemblant plus à un soldat. Il avait à sa ceinture un énorme trousseau qui lui servait à ouvrir les portes de tous les bordels et maisons de jeux qu'il gérait.

- Salut Julius. C'est quoi le boulot ?

- Clausius, toujours aussi direct ! dit Julius avec le sourire. Alors, écoutez-moi. Ce soir, dans le tripot d'un gang rival, j'ai eu confirmation de la présence de Leonard Pullius, un citoyen corrompu qui aime les jeux d'argent. Votre mission sera, une fois Pullius sorti de la taverne, que vous le suiviez et que vous le tuiez. Je peux compter sur vous ?

- Un assassinat ?! s'étonna Diomede. Mais c'est un citoyen ! Et nous sommes étrangers! Si jamais nous... Le berger se tut quand il constata que Clausius le regardait avec insistance.

- Tu as l'air surpris. dit Julius à la nouvelle recrue. Ne me dis pas que tu ne savais pas que Clausius... Ah ! C'est la meilleure ! Tu ne savais pas que c'était un assassin ? Julius s'esclaffa. Il riait fort, pour quelqu'un qui travaillait dans l'ombre. Diomede voulut partir, mais Clausius le retint, lui rappelant pourquoi il était ici : garder le secret de Doris. Bien ! lança Julius qui reprit son sérieux. Sachez que je me fiche de vos problèmes de couple. La seule chose qui compte pour moi, c'est que vous réussissiez cette mission. Si vous ne l'exécutez pas, ça risque de mal finir. Mon esclave restera avec vous pour vous montrer qui est Pullius. Quand ce sera fait, revenez à la taverne. Je viendrai vous récompenser en personne.

- Nous récompenser ? s'étonna Clausius. Et quelle est la valeur de la récompense ?

- Cela dépendra du résultat. Je dois y retourner, j'ai à faire. N'oubliez pas une chose, que vous cachiez le corps ou non, je m'en fiche. Vous devez juste éviter qu'on remonte jusqu'à moi. C'est clair ?

Les deux soldats acquiescèrent, et Julius repartit avec Brise-tête. Accompagnés de l'autre domestique, ils prirent la route du tripot en question. Sur le chemin, Diomede ne manqua pas d'exprimer son mécontentement à son coéquipier.

- Un assassinat ? Alors c'est ça, ton ancien boulot ? Tu tuais les gens ?

- Eh ben oui ! Quoi ? Tu pensais que je priais les dieux et que l'or tombait du ciel ? Quand on a pas de boulot, on se raccroche à n'importe quoi pour gagner sa croûte !

- Oui peut-être, mais au pire, on peut voler. Toi tu tues des gens !

- C'est sûr que ça t'a bien réussi, à toi, de voler ! Tu t'es retrouvé dans le temple du Triplet Guerrier à te battre avec Doris et il ne manquait pas grand-chose pour qu'elle te réduise au silence. Et c'est à cause d'elle que tu es là, désormais.

Clausius disait vrai, mais Diomede ne tolérait pas pour autant ses actions.

- Peut-être, mais là, on va tuer un citoyen. Un Pholiosien ! Tu te rends compte ? Si on se fait prendre on... on se fera torturer et brûler vif, à moins qu'on nous mette sur la croix!

- Je sais mais t'as entendu Julius, hier. J'ai qu'à faire ce travail pour être acquitté de tout ce que j'ai fait dans le passé. J'ai pas le choix Diomede... aide-moi s'il te plaît. Je ne pourrais jamais réussir tout seul, et si j'échoue, c'est moi qui finirais décapité.

Diomede hésita. Clausius trainait certes dans des affaires louches, mais il ne semblait pas avoir un mauvais fond.

- Bon ça marche, je te suis !

- Parfait ! T'as fait le bon choix, mon gars !

- Mais je te préviens, je ne veux plus être mêlé à tes affaires après cela. lui dit l'Argonien. Il laissa planer un silence, puis soupira. Si Doris savait tout ce que je fais pour elle. »


Pholios la cité solaire - Tome 2 : Les Héritiers prennent la route -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant