2. MARIE

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     Je frappai le volant, énervée. Lily était descendue brusquement de la voiture après la discussion houleuse au sujet de la punition de nos pères. Ils m'avaient donné pour mission de la faire respecter. Lily avait l'interdiction de sortir et devait m'aider aux tâches de la maison pendant leur absence. Dante et Antonio Reynolds avaient décidé de prendre une semaine de vacances en amoureux au Mexique, pays originaire de Dante. Ils n'avaient pas eu de mal à nous laisser toutes les deux, me faisant confiance. Seulement la tâche de surveiller Lily et de la faire obéir était plus difficile que prévue. Tout était chantage avec elle, tout était caprice. Il fallait continuellement négocier. 

     Pour qu'elle se lève tôt, il avait fallu que je lui promette que la télé était à elle ce soir. Pour qu'elle vienne faire les longues courses de la semaine j'avais dû, à contre-coeur, la menacer d'appeler les parents. Une bataille sans fin qui commençait à me fatiguer. J'aurais tellement aimé retrouver notre complicité d'antan. J'étais son aînée de seulement trois mois et j'avais l'impression d'avoir dix ans de plus qu'elle. 

     Je pris mon sac en bandoulière, remis en place mes cheveux rebelles dans mon chignon et sortis de la voiture. J'ouvris le coffre, les trois gros sacs de courses semblaient me narguer.

     Franchement... Une vraie enfant.

     J'avais l'impression de jouer au papa et à la maman à dix-huit ans et dans la vie réelle. Mais sans le papa pour soulever tout ça et avec une fille qui avait déjà dix-sept ans.

     Tu arrives à porter des pots de fleurs plus gros que toi, tu peux bien t'occuper de boîtes de conserve seule !

     Je remontai les manches de ma chemisette bleu ciel et pris les trois sacs, coinçant entre mes dents les clés de la voiture. Contournant le véhicule, je me rapprochai de l'allée de gravier qui menait à la maison, concentrée sur la bouteille de soda qui voulait sortir du sac. La voix de Lily m'interpella, pensant qu'elle était rentrée pour se jeter sur son téléphone afin de se plaindre auprès de ses amies.

     Je levai la tête et les clés tombèrent à terre. J'hallucinai. Ma sœur draguait tendit que je galérai avec les courses ! Et pas n'importe qui. Je reconnu de loin Dylan Taylor, avec sa casquette démodée, son large Jean troué, la larme tatouée sur la joue droite, ses cheveux châtains bouclés.

     Mais ce n'est pas vrai ! Je lui ai déjà dit que ce n'était pas quelqu'un de fréquentable.

     Pourtant, ce n'était pas avec lui qu'elle semblait en pleine discussion, sa tête étant orientée à côté. Elle me cachait la vue, mais j'étais certaine que la personne devait être un autre de ses amis. Déterminée, je fonçai comme un taureau. Je lui ordonnai de rentrer dans la maison et non sans m'avoir lancé un regard de tueur, elle rentra faisant claquer la porte aussi fort que possible. C'était son super pouvoir, dégonder les portes.

     Je laissai un regard de la mort aux deux jeunes hommes. Et pourtant, mon souffle se coupa. Je trouvai Dylan impressionnant et pourtant celui qui se trouvait à sa gauche l'était plus encore. Ses cheveux bruns, rasés sur les côtés, laisser apparaître des tatouages entrelacés sur ses tempes et qui descendait le long de son cou, de ses bras, de ses jambes dévoilées par le short de sport noir. À travers le T-shirt, je découvris des ombres qui laissaient penser que l'encre s'était aussi écoulée le long de son torse puissant. Ses yeux bleus me fixaient et me donnèrent des frissons d'appréhension. Il semblait dangereux. Non, en fait, il l'était. Ses bras faisaient la taille de mes cuisses, ses mains semblait faîtes pour écraser tout être qui voulait se mettre en travers de sa route. Je déglutis, la gorge sèche.

Toute à moiWhere stories live. Discover now