Prologue

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     Assise sur les marches en marbre, sous la pluie, elle était pétrifiée par le froid et son regard encore ancré dans son esprit. Ses yeux l'avaient survolé, ne faisant pas attention à elle. Les larmes roulèrent le long de ses joues. Elle resserra ses genoux contre sa poitrine et hoqueta, essayant de retenir un sanglot retentissant. Elle ne l'avait pas abandonné malgré tout et il l'avait chassé comme une malpropre, l'accusant de tout les maux dont il souffrait. L'assassinant sous ses paroles sanglantes et violentée par ses gestes de mépris et de dégoût. 

     Elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais compté pour lui. Elle n'avait été que distrayante. Rien de plus. Tous les sentiments qu'elle ressentait à son égard, tout cet amour qu'elle n'avait pas pu lui montrer rongea les restes de son petit cœur détruit. Elle avait l'impression que plus rien ne comptait sur cette terre, dans ce monde. Que tout ce qu'il la maintenait encore en équilibre était le fantôme faussé des moments passés. Un tissu de mensonges.

     Avec difficulté, elle se leva et marcha sans vraiment réfléchir à la direction. Elle entendit des pas précipités derrière elle et une voix la sommant de s'arrêter. L'esprit loin, perdu dans l'enfer aux mille souffrances, elle continua d'avancer, la tête basse, ne souhaitant pas voir le monde qui l'entourait. Elle voulait oublier. Elle voulait être en paix. Ne plus souffrir.

     La Terre avait cessé de tourner. Tout était au ralenti, sauf elle. Sauf sa douleur qui lui martelait le crâne comme une mauvaise musique de rock dans un vieux poste de radio. Elle s'arrêta et leva les yeux au ciel, laissant ses cheveux tomber en arrière révélant, à tous ceux qui voulaient le voir, sa douleur. Le regard perdu dans le ciel gris et orageux, elle sut que plus jamais elle ne pourrait vivre. Elle devrait tout simplement survivre. Elle ferma les yeux, et lorsqu'elle les ré-ouvrit, vit la lumière transpercer les ténèbres, le bruit du klaxon se mélangeant aux cris de surprise des passants, aux hurlements de détresses, aux son strident des sirènes.

     Depuis la fenêtre du fourgon blindé, enchaîné, il avait tout vu.

Toute à moiWhere stories live. Discover now