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L'énergie sexuelle crépite entre nous tandis que nous longeons le couloir étroit en direction de la sortie.

Quelques personnes papotent tranquillement près du comptoir des vestiaires. Mon compagnon s'écarte pour me laisser passer devant lui. Nous dépassons rapidement le petit groupe. Étonnée de ne pas le voir revenir à ma hauteur, je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Un courant d'excitation fourmille sous ma peau. M. Mystère me suit à quelques pas à peine. Son regard admiratif est sur moi. Plus précisément, il est braqué sur ma croupe. Habituellement, je déteste être reluquée ainsi. Mais là, j'avoue que ça me flatte et m'émoustille.

S'apercevant que je l'ai pris en flagrant délit de matage, son sourire s'élargit et il accélère pour me rattraper. Il enroule un bras possessif autour de ma taille.

— Tu me fixais ? demandé-je à mi-voix.

— Comment m'en empêcher ? Tu es un régal pour les yeux, murmure-t-il contre mon oreille.

Un régal pour les yeux ? Moi ?

Sur ce point, j'aurais beaucoup à redire. Mais j'accepte le compliment. Il paraît sincère. Et venant d'un apollon comme lui, il n'en a que plus de valeur.

Son grand corps athlétique frôle le mien. Une nouvelle décharge me traverse. Jamais je ne me suis sentie aussi réceptive. Ce n'est vraiment pas l'appréhension qui fait battre mon cœur plus vite. C'est le désir qui l'affole en bourdonnant au creux de mon ventre.

À l'extérieur, nous laissons derrière nous les quelques fumeurs qui se sont agglutinés sur le trottoir et leur épais nuage de volutes. D'un accord tacite, nous poursuivons notre chemin. L'air frais apaise quelque peu mon corps en fusion. Mon compagnon ralentit. Il n'a visiblement pas l'intention de trop s'éloigner de l'entrée du The Lab.

Moi, j'ai un tout autre projet.

— On continue un peu ? proposé-je.

Il pivote la tête vers moi et me fixe comme s'il cherche à deviner ce que je suis en train de mijoter. Il acquiesce finalement.

Nous marchons en silence. Les enseignes lumineuses et les devantures s'alignent des deux côtés de la rue.

Je suis presque étonnée de ne pas éprouver la moindre appréhension. N'aurais-je pas dû en ressentir un peu moi qui à vingt-trois ans n'ai qu'une expérience très limitée des mecs ? J'ai bien eu un ou deux copains avant Antoine. Mais rien d'assez sérieux pour me donner envie de franchir le pas.

Mon fiancé a été le premier. Mais ce soir, il ne sera plus le seul.

En arrivant à l'angle d'une voie étroite, je m'arrête. Elle est à peine éclairée. Et je sais pour l'avoir remarqué un jour en passant qu'elle se termine à quelques mètres en cul-de-sac. Il y a quelques jours encore, jamais l'idée de dénicher un coin sombre à squatter avec un parfait inconnu m'aurait traversé l'esprit.

Le bras de mon compagnon glisse de mes épaules et il me fait face.

Je sors mon paquet de cigarettes.

— Tu en veux une ? lui proposé-je.

Il refuse d'un geste de la main.

M'avançant résolument d'un pas ou deux dans la ruelle, je m'adosse au mur couvert de crépi. Mes doigts tremblent légèrement quand j'allume ma clope. Une chose est sûre, n'est certainement pas à cause de l'appréhension. Je suis émoustillée comme je l'ai rarement été. Je ressens une sorte d'urgence. Chaque millimètre carré de mon être est impatient. Lui. Le contexte. Tout m'excite. Terriblement. J'ai hâte de sentir sa bouche contre la mienne. De goûter sa saveur. De sentir son corps contre le mien. J'anticipe déjà la sensation que je vais éprouver lorsqu'il sera en moi.

The LabWhere stories live. Discover now