La fleur

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Ce matin, il avait décidé de partir loin, il voulait simplement se terrer et se glorifier ,déjà dans sa voiture. Dans une semaine, on proclamera les résultats, son nom apparaîtra certainement comme le gagnant, le maire le plus jeune. 26 ans et maire? Jamais entendu dans un tel pays où le pouvoir n'était destiné qu'aux vieux ou ces caciques qui n'étaient qu'à deux pas de sombrer dans la retraite, où la majorité des jeunes n'avait cette idée de postuler un jour pour prendre les rênes, où ils pensaient simplement à terminer leurs études pour obéir aux normes du système éducatif : travailler et travailler pour recevoir un salaire, peut-être certains qui avaient goût de l'entreprenariat cherchaient à se couper de cette chaîne coloniale.

Très élancé comme un pharaon, bigrement bien bâti comme le champion des athlètes et élégant comme un prince ; Falilou Ndiaye était craint par les adversaires de sa commune , révéré par ses aînés et vu comme un Dieu par ses égaux. Depuis jeune, il se démarquait comme annonciateur du futur messi, il s'impliquait dans tout pour faire relayer sa voix ; personne n'aura à objecter quand son nom sera entendu dans les bureaux de votes , toute la population affamée de stabilité et de changement était derrière lui ; mais pour une première fois, il stressait mais ne savait la raison de ses battements de coeur.

Il s'enfila dans sa tenue de sport et démarra sa voiture direction au parc. Il fit quelques petits tours et finit par s'essoufler, peu exténué. Rien n'était plus magnifique à ses yeux que la nature, la belle nature ; quand vent siffle pour communiquer avec les arbres et que les feuilles s'en frémissent de joie. Oiseaux de toutes espèces chantèrent au-dessus et semblèrent fleurter de temps en temps.

Le regard de Falilou semblait être hyptonisé par ce bel être, la fleur dégageait beauté et prestance, charismatique autour de ses soeurs, elle était belle comme une fleur Mais que disait-il? C'était une fleur, bien-sûr, oui mais belle comme une fleur .. Elle n'etait ni la plus grande ni la plus épaisse mais elle avait quelque chose qui seduisait Falillou, il l'adorait déjà, il s'approchait d'elle sans hésitation et la contemplait en s'accroupissant à son niveau, il en fut subjugué... Il en était sûr qu'il l'aimait, il la désirait, il l'arracha et la huma puis la caressa avec delicatesse et l'emmena avec elle. Fatigué de la contemplation, il la jeta par terre, après un dernier coup d'oeil compatissant. Qu'avait fait cette fleur si innocente? Il l'avait trouvée heureuse et pétillante de beauté dans sa famille et l'avait arrachée pour la rejeter. L'aimait-il réellement comme l'avait-il prétendu ? Se demanda t-il contrit. Elle n'avait rien demandé et la voilà morte dorénavant et rejetée à la boue. Falilou fut saisi par un vibrant remords, avait-il confondu aimer et adorer ?

Certes quand on aime, on adore. Mais aimons-nous quand nous adorons? Quand on aime, on est animé par la grande intention de prendre soin de l'être, éviter qu'il soit dans des situations scabreuses, l'arroser de bonheur, le defendre contre tout, l'arroser tout court pour qu'il progresse. Alors que quand on adore, on désire simplement assouvir un besoin pressant et quand c'est fait, on n'hésite pas à le rejeter comme une vieille chaussette.

Falilou regretta, il reprit la fleur et la caressa pour lui débarrasser de toutes les saletés et deposa un baiser... Décidé à la garder à tout jamais pour se rattraper de ses erreurs de l'avoir rendue orpheline. En continuant sa randonnée, il vit une femme au très beau regard chaste et innoncent, il ne pouvait voir cela car elle avait couvert sérieusement, quasiment tout son visage. Il lui sourit et avança vers elle et sans la saluer, il lui offrit la fleur auquelle elle tendit la main. Ses larmes embuèrent ses yeux quand sa main prît contact avec la fleur.

Cette magnifique fleur tendue par cet inconnu lui faisait tant frémir. Quelle intention avait animé cet homme à offrir une fleur à une parfaite inconnue sans même prendre le soin de saluer? Il était toujours devant elle, souriant comme un enfant magnanime offrant un bonbon à un adulte. Amina prît , d'une main hésitante la fleur, cela atisa ses larmes qui inondèrent ses yeux. Elle contempla l'inoncente fleur qui semblait triste dont le sort venait d'être scellé : elle a été certainement arrachée par cet homme devant elle, qui pourtant avait l'air d'être quelqu'un de bien.

Game Of Throne ( Tom 1)Där berättelser lever. Upptäck nu