« Je ne veux pas changer. Je n'ai pas envie de tout recommencer.

-Comme tu veux. Camila, je veux t'aider, vraiment, mais pour ça il faut que tu me parles.

-Je n'ai pas envie d'être aidée.

-Pourquoi ?

-Je me sens mieux quand je suis triste.

-Est-ce que tu as déjà été heureuse ? » La brunette marqua une pause avant de répondre.

« Oui. Enfin je pense.

-C'est peut-être là le vrai problème. Tu ne sais peut-être même pas ce que ça fait d'être vraiment heureuse. » Un silence s'installa entre les deux, avant que Lauren le brise.

« Ecoute, je sais que tu ne veux pas me parler, parce que tu ne me fais pas confiance, et c'est normal. Mais la prochaine fois que tu veux boire ou que tu t'approches trop près d'une fenêtre, va voir quelqu'un. Peu importe qui. Sauf Eddy. » Camila sursauta et eût un frisson de panique. Comment le savait-elle ? Jusqu'où elle savait ?

« Oui, je sais. Je ne sais pas exactement tout. C'est juste qu'hier, je te cherchais partout, j'ai demandé à quelques élèves si ils avaient une idée d'où tu pouvais être, et ça m'a mené jusqu'à lui. » La plus jeune grimaça quand le souvenir d'Eddy revint dans sa tête. Encore un souvenir qu'elle préférerait oublier à jamais.

« Ne t'en fais pas, je ne t'obligerai pas à en parler si tu ne veux pas. Mais sache juste que ce jeune homme est un connard, et que tu n'es pas seule. » Camila arqua un sourcil. C'était la première fois qu'elle entendait Lauren insulter quelqu'un avec un gros mot.

« Je pense que tu devrais parler à quelqu'un Camila. A moi, à un ami, à un psy, à qui tu veux, mais il faut parler. Tu renfermes en toi beaucoup trop de choses qui t'empêche de sortir de ta boucle où tu te dis que tu es triste et que c'est très bien comme ça. C'est pas très bien comme ça. Laisse-toi te faire aider.

-Je veux pas parler pour l'instant.

-Prends le temps qu'il te faut. Enfin, n'attends pas d'atteindre encore un stade comme hier, c'est trop dangereux. Mais je ne te pousserais jamais à parler si tu n'es pas prête. » Camila resta muette. A vrai dire, elle ne savait pas comment réagir. Ce brusque changement d'attitude de Lauren la laissait interdite, elle n'osait pas y croire.

« Est-ce que je pourrais retourner en cours de musique ?

-Oui, et à la chorale aussi si tu veux. C'était stupide de te priver de ça aussi.

-Merci.

-C'est normal. » Elle sourit à Camila et reprit son air compatissant.

« Tu... Tu veux parler de ce qu'il s'est passé hier soir ?

-Non.

-D'accord.

-Peut-être plus tard. Mais là c'est beaucoup trop tôt. J'essaie déjà de comprendre ce qu'il s'est passé moi-même.

-Je comprends. Tu viens petit-déjeuner ? » Comme pour répondre à sa place, son ventre gargouilla en même temps qu'elle se levait de son lit. Juste avant de quitter la chambre, Camila s'arrêta net.

« Je suis désolée aussi. Je veux dire, t'as été une sacré pute avec moi, mais on peut pas dire que je suis totalement la victime ici. J'étais insupportable.

-Oui, mais maintenant je comprends pourquoi. Peut-être qu'on pourrait essayer de tout reprendre depuis le début. On a toutes les deux agis comme des salopes. On pourrait recommencer, en essayant chacune de notre côté de faire des compromis.

-Par exemple ?

-Par exemple, je viens te réveiller à 8h à la place de 7h, mais toi tu me promets de te lever directement. Je ne te suis plus à chaque cours, et toi tu es attentive malgré tout. Je ne te force plus à faire du sport tous les jours mais au moins deux-trois fois par semaine, et tu donnes ton maximum sans te plaindre trop.

-Je vois. D'accord, on peut essayer. Mais comment je peux être sûr que c'est pas juste un énorme piège et que tu vas pas encore tout me reprendre pour me faire encore plus chier parce que j'ai encore désobéi ? Et si je désobéi encore, qu'est-ce qu'il va m'arriver ?

-Je ne recommencerai plus à te priver des choses dont je suis pas maître et qui ne perturbent pas ton travail. Si tu commences à écouter de la musique en cours, je te prendrais sûrement ton portable pendant la journée, mais tu les auras le soir. Même si c'est dur, je te demande de me croire : je ne recommencerai pas à te traiter comme je l'ai fait. Et si tu désobéi encore, je verrais bien ce que je ferais. Mais essaie de ne pas désobéir, comme ça je n'aurais rien à faire.

-D'accord. » Elles sortirent enfin de la chambre et se dirigèrent vers la cantine, où elles profitèrent d'un énorme petit-déjeuner dont elles avaient toutes les deux besoin. Le ventre plein, elles s'adossèrent contre le dossier de leur chaise en plastique.

« Bon, alors, qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? Tu peux aller dans ta chambre te reposer si tu veux.

-A vrai dire, je voudrais jouer de la guitare.

-Oh, très bien. La salle de musique est occupée jusqu'à 14h pour les cours, mais tu pourras y aller après manger si tu veux.

-C'est vrai ? Tu m'autorises vraiment ? Je pensais pas.

-Tu me prends vraiment pour un tyran putain. Je te l'ai dit ce matin, tu as ta journée libre. Je dois rester avec toi pour te surveiller, mais tu peux faire tout ce que tu veux tant que je te l'accorde.

-Merci, ça fait vraiment du bien.

-Il faut bien que je me rattrape.

-Moi aussi. Après la musique, tu voudrais bien me faire un petit cours de sport ? » Le visage de Lauren s'illumina.

« Tu es sûre ? Tu ne veux pas profiter pleinement de ta journée ?

-C'est bien toi qui me répète à longueur de journée que le meilleur remède contre tout est le sport ? Prouve-le. » Répondit-elle avec un sourire.

« Tu verras, ça te fera du bien. On va y aller doucement.

-J'espère. Je peux aller dormir pour me préparer ?

-Oui, je te raccompagne. »    

All I Need - CAMRENWhere stories live. Discover now