9-L'Adjan

43 4 17
                                    

« Voyant cela, les cinq braves se réunirent, s'allièrent, s'unirent. »

Légendes Adjannes,
Traduction depuis l'oürih vers la langue commune
Troisième partie

L'air était d'une fraicheur étonnante ce matin. Ma peau gelée me piquait et mes mains engourdies m'annonçaient que me mouvoir allait être douloureux.
Ouvrant difficilement les yeux je compris rapidement pourquoi j'avais tant froid : la peau de bête censée me maintenir au chaud avait glissé dans la nuit, et les restes du feu qui s'étaient éteints depuis un bon moment ne pouvaient plus servir à grand-chose. Une couche de rosée s'était déposée sur mes vêtements tout comme ma tresse, imbibée elle aussi... Il n'y avait pas à dire, je préférais les auberges.

- La princesse est réveillée ? On a un long chemin qui nous attend aujourd'hui, serait temps que tu te lèves

- Je soupirais, Almar allait me changer du rire de Seto et du calme apaisant de Lawrence je m'en étais doutée...

- Bonjour à toi aussi Almar, tous les levés de soleil seront ainsi en ta présence ?


Le brun me lança un regard glacial et hacha d'une voix un peu plus calme :

- Je ne suis pas là pour ton confort mais bien pour t'apprendre les bases du Gozen gamin. Inutile d'espérer les grands sourires de Seto avec moi : tu ne les auras pas. Nous devons terminer ton apprentissage et rentrer à Amÿr au plus vite, alors range moi tout ton bordel et ne commence pas.

Almar m'avait cloué le bec, ne sachant plus quoi dire je me contentais de faire ce qu'il venait de me demander. Je rangeais donc les peaux de bête servant de couvertures dans les sacoches de ma monture, avant de seller cette dernière. Je fus rapidement prête à lever le camp.

- Bien, nous chevaucherons toute la journée vers le Nord, j'aimerais dormir dans un vrai lit ce soir, il n'y en aura plus beaucoup dans les montagnes.

Almar avait raison, le peuple de mon père étant par essence nomade il était quasi impossible de trouver une auberge dans les terres du Nord. Les clans étaient en revanche, très hospitaliers, encore fallait-il les trouver. Ce fut perdue dans mes pensées que je suivais les ordres d'Almar, débutant un long voyage à ses côtés.

* * *

- Si au moins les dieux pouvaient se montrer cléments... Tu me portes malheur Them.

Bien que piquée au vif par ses accusations je n'allais pas le contredire. Depuis que nous avions quitté Lawrence et Seto, il ne nous arrivait que des mésaventures.

Une tempête s'était effectivement déclarée et nous semblions la suivre des très près. Ainsi, dès les premiers jours de voyage avec Almar nous nous étions retrouvés sur des routes bloquées par des arbres arrachés, ou encore des guets immergés sous des rivières en crûes. La plaie d'aujourd'hui était les pluies diluviennes que le ciel nous crachait au visage, détrempant nos montures et nos vêtements.

Bonheur immense que de voyager avec le guerrier brun ! Celui-ci ne faisait que maugréer et m'accuser d'être l'origine de tous ses maux.

-Je te pensais heureux d'avoir un apprenti Almar ..., soupirai-je excédée

-Je le suis ne te détrompe pas, sa voix soudainement moins sèche me fit le fixer avec étonnement, venait-il de dire quelque chose de presque...gentil ?

-Alors tu es vraiment indigne d'être un guerrier de l'est si c'est un peu d'humidité qui te met dans cet état ! , riais-je

-Ce qui se passe à la capitale m'inquiète petit, j'ai hâte de rentrer et ces contretemps ne sont pas les bienvenus.

Le Gozen -L'entente De Kahena-Where stories live. Discover now