Vingt

3.7K 342 42
                                    

« - Tu me fais une blague là ? », je passe une main dans mes cheveux, « C'est pas possible. Dis-moi que c'est une putain de blague ! »

Elle reste à me regarder sans rien dire.

« - Putain, Selen. C'est pas possible ! »

Elle hausse ses épaules et passe une main sur son visage dans le stress.

« - Pourquoi tu m'as rien dit, putain ? », je cris, « Quatre ans, c'est une blague ? »

« - Tu m'aurais pas écouté de toute façon. », elle souffle.

« - Tu - »

« - J'ai essayé de te contacter mais tu m'avais bloqué de partout. », elle me coupe, « Je devais faire quoi ? Te courir après ? T'envoyer des pigeons voyageurs ? Tu m'avais bien fait comprendre que tu voulais plus de moi dans ta vie. Bah voilà, je fais plus partie de ta vie, maintenant. »

« - Si t'étais venu me voir pour me dire que t'étais enceinte, je t'aurais jamais envoyé chier. », je m'énerve, « Non mais tu rends comptes de ce que t'as fait ? »

« - De ce que j'ai fait ? T'es en train de me remettre la faute là ? », elle s'énerve à son tour, « Mais va te faire foutre, Nicolas ! Va te faire foutre ! »

« - Tu me l'aurais jamais dit ? Si je t'avais pas croisé, là, par hasard, t'aurais jamais essayé de me contacter pour me dire que j'ai un putain de fils ? Tu te rends compte à quel point c'est injuste ?! »

« - J'ai essayé de te contacter, putain de merde ! Je t'ai envoyé un million de messages. J'ai essayé de t'appeler mais tu m'avais bloqué ! »

« - T'aurais pu venir me voir pour me le dire. »

« - Sérieusement, Nicolas, j'étais beaucoup trop blessée pour vouloir revoir ta gueule. »

Elle essuie une larme qui vient de couler le long de sa joue.

Ok, il faut que je me calme. Il faut qu'on se calme tous les deux.

« - Bon, » je dis plus calmement, « Aaron est mon fils. »

Je passe deux mains sur mon visage.

« - On va faire quoi, maintenant ? », je demande.

« - Qu'est-ce que t'en as à foutre, de toute façon ? », elle dit en regardant ailleurs.

« - Tu parles sérieusement, là ? »

« - Je me suis déjà bien occupée de lui toute seule, j'ai pas besoin de toi. »

« - C'est mon fils ! »

Elle croise ses bras contre sa poitrine ne prenant même plus la peine d'essuyer ses larmes.

« - Tu fais ce que tu veux, Nicolas. », elle souffle, « Je vais pas t'empêcher de le voir. »

On reste dans le calme pendant un long moment.

« - Il t'a jamais demandé où j'étais ? »

« - Bah si. »

« - Et qu'est-ce que tu lui réponds ? »

Elle hausse ses épaules.

« - Il pense que tu le détestes. »

« - Que je le déteste ? », je demande dans l'incompréhension.

« - Il pense que son père le déteste parce qu'il n'est pas là. », elle explique.

« - Et qu'est-ce que tu lui réponds ? »

« - Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ? Je lui dit que c'est faux. », elle se mord la langue comme si ça allait l'empêcher de pleurer, « Que son père ne sait pas qu'il existe et c'est tout. »

« - Tu lui as dit ça ? »

« - Tu voulais que je fasses quoi ? Que je lui mente ? », elle fronce ses sourcils.

J'hoche la tête négativement.

« - Mais ça le touche beaucoup, vraiment. », elle regarde encore ailleurs, « Parce qu'il pense vraiment que tu le déteste alors il est très triste, tout le temps, tu vois ? C'est pas normal pour un enfant de son âge d'être constamment triste et ça me brise le cœur. Puis, à l'école, il a du mal à se faire des amis parce qu'il a l'impression que tout le monde doit le détester alors il ne fait que se battre avec tous ceux qui ne lui donne pas un minimum d'attention. Le seul ami qu'il a c'est Arthur et il fait partie de son ancienne école alors il ne le voit pas souvent. »

Elle essuie ses larmes d'un coup de manche.

« - J'ai pensé à te recontacter à cause de ça, ok ? Il a besoin d'être rassuré et il a besoin de savoir que son père ne le déteste pas. », elle continue, « Mais j'y arrivais pas parce que j'ai pas envie que tu rentres dans sa vie si c'est pour que tu le fasses souffrir autant que tu m'as fait souffrir. »

« - Je suis vraiment désolé. », je cache mon visage dans mes bras comme pour ne pas qu'elle voit que je me met à pleurer aussi.

« - Je sais. », elle dit en posant une main sur ma tête couchée sur la table, « Je suis désolée de ne pas t'avoir dit que tu avais un fils. »

On doit bien rester trente minutes comme ça sans bouger ni parler. On pleure. Enfin, surtout moi maintenant.

« - Maman, on a faim. », j'entends dire à ma gauche.

Je me tourne vers Aaron. Vers mon fils.

Il ne me regarde pas. Il regarde Selen en fronçant ses sourcils dans l'incompréhension. Il doit certainement se demander pourquoi sa maman est en train de pleurer.

Moi, je ne peux plus détacher mes yeux de lui. C'est mon fils. J'ai un fils. Il est tellement beau. Merde quoi, c'est mon fils.

« - On peut manger dehors ? », je propose en me tournant vers Selen, « Je dois aller au restaurant avec ma maman. Vous pouvez venir. S'il te plaît. »

« - Je ne sais pas. », elle souffle comme fatiguée.

Aaron se dirige vers Selen pour lui attraper la main. Il la lui caresse gentiment et c'est la plus belle scène qu'il ne m'est jamais été donné de voir.

« - Selen, s'il te plaît. », je la supplie presqu'avec mon regard.

« - Avec ta mère ? »

« - Ça ne la dérangera pas. »

« - Et qu'est-ce que tu vas lui dire ? Tu vas lui dire que je suis qui ? »

« - Je vais lui dire la vérité. Les mensonges, tout ça, c'est fini. »

« - Et à Maude, tu vas lui dire quoi, alors ? »

Oh merde, Maude. Je l'avais complètement zappé.

MON ANGE (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant