-Et si on commençait par une petite baignade ? je lui propose en pointant la plage du menton. Le dernier dans l'eau a un gage !

Je ne finis pas ma phrase et m'élance vers le rivage. Je cours à toute vitesse, le vent me fouette froidement le visage, mes muscles se contractent vigoureusement et mes pieds s'enfoncent dans le sable à chaque pas de plus. J'entends Jared courir derrière moi en m'affirmant que je suis en train de tricher, que je suis partie avant lui et que ma victoire ne sera pas méritée. Je n'y fais pas attention et me jette dans l'eau fraîche de l'océan. Je ne ferme pas les yeux à temps et me retrouve aveugle durant quelques secondes sûrement à cause du sel qui me brûle la rétine.

-Tricheuse, crie Jared en me rejoignant.

Il plonge sur moi et m'entraîne dans sa chute, nous nous étalons de tout notre long dans l'eau. Nous rions aux éclats en buvant la tasse à plusieurs reprises mais je m'en fou, je continue de rire à gorge déployée.

-Tu as perdu, je me risque à lui dire avant qu'il m'éclabousse de plus belle. Tu me dois un gage.

-C'est injuste, tu es partie avant moi.

-Peu importe, tu as quand même perdu, je renchéris à mes risques et périls.

Notre baignade se transforme dangereusement en bataille sans merci. Je bois la tasse à plusieurs reprises, l'eau salée me pique les narines et je tousse pour reprendre mon souffle tandis que ma gorge est en feu. Jared s'en sort mieux que moi, il est plus lourd et donc plus difficile à abattre. J'ai tenté encore et encore de le déstabiliser, le plonger sous l'eau et prendre le dessus mais mes pauvres muscles ne peuvent rien contre les siens.

La prise féroce que détient Jared sur moi s'adoucit et il me prend dans ses bras. Nous nous enlaçons là, dans l'eau tiède de l'océan, nos corps trempés et endolories par notre faux combat. Ma place est ici et nul part ailleurs. Je regrette seulement de ne pas pouvoir sentir son odeur qui est remplacé par celle de l'océan, douce et amer en même temps. Je m'apprête à lui offrir un baiser lorsqu'il me soulève dans les airs et me jette quelques mètres plus loin. Je transperce l'eau comme une flèche et tape d'un coup de talon le sable pour remonter à la surface.

-Tu veux la guerre ? Tu vas l'avoir, je le menace un doigt posé sur sa poitrine froide et luisante.

Et le corps à corps reprend de plus belle. Et cette fois, c'est moi qui gagne. Haut la main qui plus est.



Nous avons commandé une gigantesque pizza aux pepperonis pour le déjeuner afin de combler notre faim, sans doute à cause de notre combat effréné nous ayant ouvert l'appétit plus que de raison. Nous pouvons dire que nous avons fais notre dose de sport pour la journée. Les minutes nous séparant de l'arrivée imminente du livreur nous apportant cette fameuse pizza, qui nous fait saliver avant même de l'avoir entre les mains, sont interminables. Nous nous occupons sur le canapé, nos corps en ébullition l'un contre l'autre, nos respirations se mêlant pour ne former plus qu'un souffle. Jared et moi sommes l'image type du cliché adolescent, c'est-à-dire, deux personnes en pleine crise d'hormones ne pouvant se retenir de se toucher, de s'embrasser. Il y a quelques semaines je me serais haïe de faire une telle chose, d'être devenue une adolescente comme les autres, impossible de résister à un contact physique. Aujourd'hui, j'en ai rien à faire, je me pavane sur le fauteuil du salon, à moitié nue, un garçon plus vieux étendu de tout son long sur moi. A l'intérieur de moi, l'ancienne Eva se fout de moi, elle rit tellement fort que j'entends presque son rire résonner dans ma tête. Elle me pointe de son doigt manucuré en disant : "Tu es devenue un putain de cliché, espèce d'idiote. Tu laisses ce garçon te tripoter comme une jeune dévergondée, prête à n'importe quoi pour un peu d'attention. Dois-je te rappeler que c'est justement ce genre de fille que tu méprisais il y a encore quelques jours ?". Et elle explose de rire, de plus en plus fort, de cette voix stridente qui m'horripile. J'aimerais lui dire de se taire, de la fermer une bonne fois pour toute, mais je suis trop distraite par ce "garçon" qui me dévore et m'assaillis sous une pluie de baisers, tantôt doux, tantôt langoureux et humide.

Cet été-làWhere stories live. Discover now