- Toi... C'est toi que je regarde, répliqué-je sans détourner les yeux.

Elle ferme les boutons de son chemisier et s'approche du lit. Je me rends compte que c'est la première fois que je la vois porter un chemisier.

- Et ça te plaît ? demande-t-elle.

- Plus que tu ne le penses, murmuré-je d'une voix étouffée. Et ce chemisier met tes seins en valeur d'une façon criminelle...

- Je te laisserais bien me prouver tout ça..., rétorque-t-elle d'une voix rauque.

Elle garde ses yeux plongés dans les miens pendant quelques secondes puis se détache à regret, grognant de dépit.

- Camz, je dois partir à l'université, avec Matt..., murmure-t-elle.

Une lueur d'inquiétude passe dans son regard.

- Est-ce que tu veux venir avec nous ? demande-t-elle doucement.

- Je préfère rester ici..., dis-je en me redressant.

- Tu vas rester toute seule ? ça ne te dérange pas ? insiste-t-elle.

- J'ai besoin de me reposer, et de m'habituer à ce nouveau foyer, dis-je en regardant autour de moi.

Même si j'ai la nette impression que je ne vais pas mettre très longtemps à m'habituer, en fait.

- Tu es sûre, tu restes ? poursuit-elle.

Je hoche la tête.

- A tout à l'heure, alors ! lance-t-elle en quittant la chambre.

Une fois Lauren partie, je prends mon temps. Je m'enivre de son odeur dans les draps. Des élans de volupté me reviennent au souvenir de la nuit torride que nous avons passée, comme les répliques d'un séisme.

Je vais avoir du mal à sortir de ce lit.

Dans le lointain, j'entends la moto de Lauren démarrer.

Ce bruit a le pouvoir de me faire tourner la tête...

Pauvre de moi.

La pièce est baignée de soleil, à présent, comme une invitation à me lever pour faire les premiers pas dans cette nouvelle vie qu'il m'appartient de construire.

Enroulée dans les draps, je m'approche de la fenêtre. En quelques mois, je suis passée par beaucoup d'endroits, ais je ne me suis jamais sentie aussi bien que dans cette chambre, dans cet appartement, dans ce quartier qui s'étend à perte de vue. A croire que l'architecture brute de la ville me communique un peu de son énergie.

Pas autant que l'énergie brute et sauvage de Lauren...

J'explore tranquillement la chambre de Lauren. Je 'approche d'abord de la grande photo d'aurore boréale. Je sais qu'elle a été prise par son père. Je me laisse absorber par les lumières vertes. Je souris. La force qui s'en dégage colle bien avec Lauren.

Je flâne ensuite devant son bureau couvert de croquis d'architecture. Le désordre me fait rire. Poussée par la curiosité, je ture sur le coin d'un papier administratif qui dépasse. J'ouvre de grands yeux. C'est un papier de la fac : elle a terminé première de sa promo !

Première ?

Est-ce qu'elle a apprécié cette réussite ou est-ce qu'elle lui a seulement rappelé sa vie d'avant, celle qu'elle désirait plus que tout et dont l'accident l'a privé ? Mon cœur se serre. Quelle force il a dû lui falloir, pour surmonter son désarroi et devenir ce qu'elle est à présent...

Ensuite, mon regard est attiré par les dizaines de photos punaisées à même le mur dans tous les sens. Fêtes avec ses colocataires, matchs de boxe, tags, il y en a tellement que mon regard ne sait pas où se poser. Chaque fois que je tombe sur une photo de Lauren, je suis soufflée par sa beauté. Même quand elle prend des poses idiotes, avec ses colocataires, elle reste à tomber.

J'en volerais bien une ou deux sur lesquelles elle est en maillot de bain.

La voir si belle me pousse à chercher autre chose... Est-ce qu'il y a des filles, sur ce pêle-mêle ? Le cœur battant, je sais que cet accès de jalousie est déplacé. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Pas de fille, mais mon regard tombe sur une photographie de Sofia. Ma petite sœur souffle les bougies du gâteau de son septième anniversaire. Le gâteau est en forme de ballerine, Lauren l'aide à souffler, et ma sœur est aux anges. Ma gorge se noue en voyant Sofia.

Pour chasser l'image de son visage en pleurs qui me poursuit depuis que nous sommes parties, je décide de passer dans la salle de bains.

Il est temps que j'arrête de fouiner, de toute façon.

D'après ce que j'ai retenu, elle se trouve en face de la chambre de Lauren. La porte ouvre effectivement sur une grande salle de bains. Dans le style du reste de l'immeuble et de l'appartement, elle allie à la perfection design industriel et confort.

Mon regard est attiré par une étagère vide ornée d'un post-it.

Camila, cette étagère est pour toi.

Je ne reconnais pas l'écriture de Lauren et j'en déduis que c'est l'un des colocataires qui m'a fait de la place. Je souris, émue par cette attention.

Apprends-moi/fan-fiction camrenWhere stories live. Discover now