J'entends le brouhaha des conversations dans la pièce d'à côté et essaie de déchiffrer quelques bribes de phrase qui me viennent aux oreilles par ci par là. Les hommes parlent des derniers scores de leur équipe favorite de football. Mon père n'a pas l'air très heureux et s'énerve comme a chaque fois qu'il aborde ce sujet. C'est pour cette raison qu'il est désormais interdit de prononcer les mots «football» ou «match» à la maison. John s'emporte a son tour et clame que les joueurs ne sont que des bons a rien. J'esquisse un rire en les écoutant maugréer comme deux petits vieillards. D'après ce que je parviens à entendre, les femmes parlent de la fête d'anniversaire d'Allison, prévu dans quelques mois, et du comportement de Jared. Malheureusement, elles sont beaucoup trop loin pour que je puisse en entendre plus. J'abandonne alors ma petite investigation et me concentre sur le paysage en face de moi.

Rien a changé depuis la dernière fois où je suis venue ici. Les palmiers sont toujours alignés de façon éparpillée le long du sentier délimitant la plage des jardins privés, l'herbe est finement coupée, l'eau de la piscine est toujours aussi claire et les buissons qui sépare notre jardin de celui des voisins ont seulement été coupé de quelques centimètres. J'ai presque l'impression que le ballon de foot de Connor va surgir d'un moment à l'autre dans le jardin comme cela se produisait si souvent lors de notre dernier été ici.

Mais je me fais beaucoup trop d'illusions. J'ai bien peur que ces vacances se déroulent de manière totalement différente des précédentes. Mes parents sont en froid, ma sœur est encore plus capricieuse qu'elle ne l'était déjà avant, Jared a l'air encore plus rebelle que la dernière fois où je l'ai vu et Connor ne m'a toujours pas adressé la parole depuis que nous sommes arrivés. L'ambiance n'est pas au beau fixe, c'est le moins que l'on puisse dire.

Pendant un instant, je me souviens de la bonne humeur qui régnait dans la maison lorsque nous étions encore que des enfants. Nous étions si proche que nous étions comme les cinq doigts de la main. Chaque jour était une fête, nous étions si heureux tous ensemble. Ma sœur était une fille drôle et toujours de bonne humeur et Jared n'avait encore cet air hautain qu'il a développé par la suite. Tout les matins, nous prenions le petit-déjeuner et le partage de la nourriture n'était pas un problème, nous étions même ravie de faire don de notre assiette aux autres. Nous passions des après-midi entières à jouer dans le jardin ou a nous baigner dans la mer tandis qu'un de nos parents se chargeait de nous surveiller. Nous allions souvent prendre le goûter chez les autres enfants du quartier ou, au contraire, les autres avaient pour l'habitude de venir chez nous en étant sûr de manger une bonne tarte ou un délicieux gâteau préparé par Shelly. Le soir, nous aimions nous réunir dans le salon pour regarder un dessin animé ou un film Disney tous emmitouflés dans une couverture énorme sur le canapé. Nous nous collions les uns aux autres, un saladier débordant de friandises ou de pop-corn entre nous, sans pouvoir nous empêcher de chahuter dès qu'un personnage que nous adorions apparaissait à l'écran ou qu'une blague nous faisait rire. C'était une sacré époque qui parfois me manque tant. Nous étions encore soudés, contrairement à aujourd'hui.

M'extirpant de mes souvenirs, j'attrape l'élastique autour de mon poignet et enroule mes cheveux pour faire un chignon a peu près réussie même si plusieurs mèches blondes s'échappent de chaque côté de mon visage. Peu importe, je n'y prête pas plus attention, mon apparence ne compte pas vraiment en ce moment même. J'ai tout simplement envie de déballer ma valise, ranger mes affaires dans ma chambre, manger un bout pour faire taire ce grondement qui raisonne dans mon estomac puis aller me coucher dans mon grand lit douillé.

Je rêve d'une nuit entière sans cauchemars, sans rêves, sans insomnie. Depuis quelques semaines, je ne parviens plus à m'endormir rapidement sans me réveiller jusqu'au matin. La plupart du temps, je suis tirée de mon sommeil au moins une fois par nuit et la tâche est bien rude pour me rendormir. Le stress et l'anxiété en sont probablement la cause, c'est pour cela que je mets beaucoup d'espoir sur le calme et la sérénité de la côte ouest pour enfin faire une vraie nuit de sommeil.

Cet été-làWhere stories live. Discover now