Chapitre 7

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Le trajet jusque ma maison se fit dans le silence complet. Seuls nos pas résonnaient, s'enfonçant sourdement dans la poudreuse. Diego avait gardé une main sur mon épaule et me suivait sans dire mot, il semblait perdu dans ses pensées. J'étais sûre qu'il était en train de trier les informations qu'il allait me révéler et celles qu'il me dissimulerait. Ce dont il ne se doutait pas, c'était que j'allais le forcer à tout me dire, en détail.

On arriva chez moi, les volets étaient fermés et les lumières éteintes. Si mon père était rentré, il dormait profondément... C'était assez étrange la tournure qu'avait pris notre relation : quelques mois plus tôt, il n'aurait jamais pu aller se coucher sachant que j'étais toute seule dans la nature.

Aujourd'hui, il ne semblait pas s'en inquiéter plus que ça... Je sentis mon cœur se serrer en le réalisant, mais je décidai d'ignorer ces émotions négatives : ce n'était pas le moment de me morfondre sur la relation que mon père et moi avions détruite !

Le portail grinça quand je le poussai, j'invitai Diego à entrer d'un geste discret puis refermai, tentant de faire le moins de bruit possible. Je ne voulais pas que mon père se doute que j'étais de nouveau impliquée avec Schooltime, j'avais peur qu'il m'envoie encore dans un pensionnat, mais en Sibérie cette fois ! Quelle horreur !

Je fus toute aussi méticuleuse avec la porte d'entrée et par bonheur, aucun signe de vie ne se manifesta quand nous nous retrouvâmes Diego et moi, plongés dans l'obscurité chaleureuse de mon salon. La température était enfin supportable, j'enlevai mes nombreuses couches de vêtements et soupirai, rassurée d'être chez moi.

Diego fit mine d'enlever à son tour son manteau mais je l'arrêtai d'un geste, lui pointant ma chambre : il était hors de question que mon père descende et trouve la veste d'un garçon, qu'est-ce qu'il irait s'imaginer ensuite ?

L'agent comprit immédiatement mes craintes et s'engagea vers les escaliers. Je le suivis de près, nous éclairant avec la lampe torche de mon téléphone. Nos pas feutrés s'effaçaient, camouflés par la moquette moelleuse qui caressait nos pieds. À l'étage, je le guidai à ma chambre et fermai la porte derrière nous. Je pris quelques secondes pour me détendre – nous ne risquions plus de nous faire prendre – et recommençai à respirer.

Diego trouva l'interrupteur et la lumière se fit dans la pièce, m'aveuglant dans un premier temps. Puis, après avoir pris le temps de m'habituer à la luminosité, j'osai enfin le regarder. C'était Diego, il n'y avait aucun doute. Et, bon sang, comme il ressemblait à Jeff ! Là au milieu de ma chambre, adossé nonchalamment à mon bureau.

Avec ses cheveux bouclés, légèrement plus en bataille que son cousin, et cette mâchoire, bien dessinée. Ils n'avaient cependant pas exactement le même regard et n'avaient pas la même couleur d'yeux. Ceux de Diego étaient bien plus foncés, presque noirs et ils semblaient plus calmes, plus ouverts.

Jeff avait un magnifique regard, assez dérangeant de prime abord, parce qu'il donnait l'impression de lire en chacun de nous comme dans un livre ouvert. Il semblait aussi fermé, et méfiant et la seule touche de lumière venait de la couleur ambrée de ses iris.

Putain Avri ! Tu vas arrêter d'être gênante et de les comparer tout le temps oui !

Faut croire que je suis en manque...

Alors que je le fixai toujours avec intensité, Diego carra les épaules et se racla la gorge :

- Du coup... t'as des questions ? Lança-t-il d'un ton léger qui cachait son appréhension ;

- Si tu savais... marmonnai-je, plus pour moi que pour lui, déjà, est-ce que l'examen final a été reporté ? Commençai-je.

Mieux valait me renseigner sur les sujets plus généraux avant de me laisser entraîner sur ceux sentimentaux...

AVRIL [Édité chez Hachette]Where stories live. Discover now