Chapitre 12

4.4K 368 79
                                    

 Sur le chemin de ma chambre, j'étais partagée entre mille émotions différentes : la nostalgie de retrouver les lieux comme je les avais quittés, la joie à l'idée d'y revenir, la peur que j'avais pu ressentir dans les escaliers qui m'y amenaient, l'appréhension quant à la réaction de mes colocataires et... l'agacement que Jeff pouvait éveiller en moi après une énième remarque agaçante.

- Je te jure que c'est ici que tu m'as supplié d'aller dans ma chambre, chuchote-t-il langoureusement à mon oreille ;

- Je te jure que depuis j'ai changé d'avis, arrêtes de me parler sale partisan de Chloé !

- C'est qui Chloé, ? demanda soudain Ellie, ne comprenant pas trop l'échange que nous entretenions Jeff et moi.

À vrai dire, elle n'en avait pas conscience mais elle la connaissait, simplement sous le nom de « pétasse aux cheveux rouges »...

- Sa copine !

- Personne !

Répondîmes Jeff et moi en choeur.

- Euh, ok.

La pauvre, je n'aurais pas aimé me retrouver à sa place... Elle était paumée, dans un internat dangereux et sa meilleure amie se chamaillait avec un pauvre con depuis près de vingt minutes. Je devais revoir mon comportement, c'était inadmissible.

Diego quant à lui, restait en retrait, silencieux. Jeff et lui ne s'étaient étonnement pas adressé la parole depuis qu'ils s'étaient réuni et je sentais que quelque chose clochait là dessous... Jeff avait-il vraiment cru les paroles que j'avais lancé sous le coup de la colère tout à l'heure ? Pensait-il que nous avions une relation ?

Il aurait été complètement idiot, c'était évident que je n'avais d'yeux que pour lui. Mais si c'était le cas, il ne fallait pas compter sur moi pour le détromper.

Diego s'en sortirait très bien et si mon ex – enfin, je ne sais pas trop s'il était – finissait par croire qu'il n'avait pas une vraie place dans mon cœur, c'était tant mieux.

- On est arrivé ! Lança Diego à la cantonade, brisant les disputes incessantes que je partageais avec son cousin et la torture d'Ellie.

On se tourna vers notre porte et je me rendis compte avec émotion que mes amies avaient laissé inscrit mon nom sur l'ardoise en craie accrochée face à nous. Peut-être qu'elles ne m'avaient pas oubliée, elles.

Mal à l'aise à l'idée de faire rentrer deux garçons et une fille qu'elles ne connaissaient pas dans la chambre sans permission, je toquai par précaution. Cependant, les filles devaient déjà être parties en cours parce que personne ne répondit.

- Merde, y a personne et j'ai pas les clés, comment on va...

Diego me coupa d'un geste, me poussant pour introduire la clé dans la serrure :

- Pendant qu'on t'attendait, Mme C nous a donné deux clés et deux emplois du temps, s'expliqua-t-il.

Eh bien, c'est que ma mère avait pensé à tout. Pourquoi est-ce que je n'arrivais pas à lui être reconnaissante ?

Peut-être parce qu'elle a fait tuer plus d'une centaine d'adolescents pour des raisons complètement égoïste ?

C'est vrai que dit comme ça...

- Super, marmonnai-je alors que la porte s'ouvrait sur la chambre que j'avais dû abandonner en vitesse six mois plus tôt.

Rien n'avait changé. Non pas que je m'étais imaginé qu'elles referaient toute la déco après mon départ mais là... mon lit était comme je l'avais laissé, les draps n'avaient pas été retirés et mon carnet – que je pensais avoir perdu depuis le temps – trônait toujours sur la petite table de chevet accrochée aux barreaux en bois qui entourait le matelas.

AVRIL [Édité chez Hachette]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant