La joie du samedi matin

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Aujourd'hui, c'est samedi... Je vois déjà poindre la joie, incommensurable, d'aller au supermarché pour ramener de quoi manger à ces chères têtes blondes, avachies comme des limaces sur le canapé. Un supermarché qui sera forcément bondé de personnes âgées qui prendront bien leur temps, alors que certaines personnes sont pressées et n'ont pas toute une semaine pour faire leurs courses ! Bien sûr, Monsieur Eric a réussi à s'éclipser il y a une heure, prétextant une sortie à vélo, dont il m'aurait, soit-disant, prévenu la semaine passée.

Je me fustige mentalement et me résous à me lever de la chaise, sur laquelle je mettais momentanément assise, pour me diriger vers la cuisine, où j'ai laissé ma listes hier. Je la vérifie une dernière fois. Il ne manque que le dîner de dimanche soir, je pressens que nous allons nous contenter de galettes avec du lait ribot comme quasiment chaque dimanche.

En passant devant l'une des vitres de la pièce de vie, je croise le regard morne du reflet de mes yeux sombres, où, à cet instant, aucune lueur ne peut briller. Tout de ma posture montre que je n'ai aucune envie d'aller affronter la foule en déambulateur ,ou de mauvaise humeur, peuplant les allées du supermarché. Ma silhouette, qui, depuis bien des années maintenant, a décidé de s'élargir en dépit de ne plus pouvoir grandir ; s'affaisse désespérée de ce poids trop grand pour elle. Et les rides au coin de mes onyx ternes me semblent se creuser encore un peu plus que d'habitude. Seule ma belle et longue chevelure rousse, qui malheureusement commence à tirer sur le gris ces derniers temps, garde toute sa splendeur de, magnifique, choucroute mal coiffée, relevée en chignon à l'aide de deux pics en bois. Je finis par jeter un regard en biais à mon fin poignet, autour duquel l'aiguille tourne, m'indiquant ainsi qu'il est plus que l'heure que j'y aille. Alors après avoir déplacé les chaussures de ma Lucie qui semble incapable de les ranger dans le bac où est écrit son nom, plutôt que de les laisser traîner en plein milieu du salon ; j'enfile mes sandales, mets ma veste en jeans brodée de fleur colorées, et cherche les clefs de la voiture, qui, étrangement, ne sont plus à leur place, là où je les avais rangées. Clefs en main, je démarre en direction du gros bourg voisin.

Cap vers le supermarché ?

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Alors qu'avez vous pensé de ce début d'histoire ?

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