I - Rencontre au clair de lune.

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    D'un coup agile de sabre, la tête de l'ennemi se détacha de son corps taché de rouge. Ses yeux écarlates intenses ont laissé place à un noir profond ; le vampire s'est éteint en une fraction de secondes.

- Nous en avons terminé avec ceux-là. Éclipsons-nous avant qu'on nous remarque.

       Sans prolonger la conversation, nous acquiesçons du même hochement de tête. J'ajuste mon masque et range mon arme avant d'emprunter le même chemin que celui de Dereck. Encore une mission menée à bien !

       Tuer devint mon quotidien depuis peu de temps déjà. Le bonheur que j'éprouve, suite à chaque meurtre, est immense. Selon moi, l'être de minuit à l'apparence humaine n'as pas sa place dans le monde où nous vivons.

- Tu pourras rentrer seule chez toi ? me dit Caleb, l'air inquiet. Il se fait tard, c'est risqué.

- Je viens de tuer un vampire de haute lignée et tu t'inquiètes pour moi ? plaisanté-je.

       Un léger sourire se dessine sur son visage avant que Dereck, Ryan –le plus jeune de nous quatre- et lui ne s'éloignent.

       Ce matin, ce sont les rayons de soleil aveuglants qui me réveillent. Une légère brise traverse ma chambre, animant mes cheveux d'un mouvement délicat. Mes jambes sont encore engourdies ; l'envie de rester au lit toute la journée me chatouille l'esprit. Cependant, innombrables sont les choses que je dois encore faire.

Vêtue de mon haut blanc fétiche, je presse le pas pour rejoindre Sainte Emilie, l'orphelinat où j'ai grandi.

- Seigneur ! Mon enfant qu'est-ce que tu as grandi !

Les yeux humides, Sœur Henriette s'empresse de me prendre dans ses bras. Son sourire est resté le même et son doux parfum de lavande ne l'avait pas quitté.

- Sœur Henriette ! Vous m'avez énormément manqué, dis-je en la serrant

dans mes bras.

Les rides sur le visage de la vieille dame me firent comprendre à quel point le temps passait vite. Ici, rien n'a changé. La vieille architecture se rapproche de celle d'un château et les cours sont toujours aussi animées. Les enfants sont aussi bruyants qu'auparavant et, même sans amour parental, leur sourire reste présent.

- Alors, qu'est ce qui t'amène, dis-moi.

Sans même me donner le temps de répondre, elle me traîne par le coude et m'emmène dans la pièce commune. Je salue poliment les autres Sœurs ici et là avant que nous nous installons.

- Je t'écoute, reprend-elle le sourire radieux.

- Je suis tout simplement venue vous voir. J'habite seule... La solitude me ronge par moment. Et puis, vous m'avez vraiment manqué.

Cette dame que je considérais comme ma grand-mère, je ne pouvais pas la chasser de mes souvenirs aussi facilement. Une tasse de thé à la main, nous entamons des discussions profondes, jusqu'à nous noyer complètement dans divers sujets différents.

*

Il est déjà vingt-deux heures pourtant j'erre encore dans les rues. Elles paraissent désertes, peut-être n'est-ce pas qu'une impression.

Je marche seule. Il n'y a que moi. Certes, une poignée de femmes se tient debout ici et là mais je ne pense pas qu'elles soient là de leur plein gré. Les prostituées n'ont-elles donc vraiment pas le choix ? Le vent léger qui souffle, leur ôte subtilement le fin bout de tissu qui recouvre leurs jambes. Les regards qui se posent sur moi me paraissent tellement lourds, que je décide de presser le pas.

- Qu'est-ce qu'une demoiselle aussi ravissante que vous fait-elle seule dans la rue à cette heure-ci ?

Lorsque je me retourne, je ne peux qu'admirer le bel homme qui se tient derrière moi.

Grand Brun au sourire chaleureux, ses cheveux fraichement coiffés relevaient, chez lui, un côté assez élégant. Sa mâchoire carrée couverte d'une barbe agréablement rasée accentue sa virilité. D'un marron étrangement clair, ses yeux transpercent les miens. La carrure imposante cachée sous sa veste me révèle toute sa force. Séduisant sur tous les points.

Il n'est pas seul. Accompagné d'un aussi bel homme que lui, sûrement du même âge. Sans répondre à sa question, je contemple chaque recoin de son visage.

- Tout va bien mademoiselle ? finit-il par dire.

- Oui... euh oui, oui. Excusez mon inattention.

Nerveuse, je cale une mèche de mes cheveux noirs, derrière mon oreille.

Aujourd'hui, les nuits ne sont plus aussi paisibles qu'auparavant. Toute personne est bonne à s'en méfier.

Que peuvent-ils faire à une heure aussi tardive dehors ? Peut-être, sont-ils juste dans le même cas que moi ? Sûrement.

Craintive, je m'éloigne sans trop de discussion.

- Etes-vous si pressée que ça ?

- C'est cela, veuillez m'excuser. Ravie de vous avoir croisé.

Je leur adresse un sourire bienveillant et continue mon chemin.

Les violeurs et les agresseurs animent les nuits. Etre une de leurs victimes ne fait pas partie de mes plans. Cependant, ceux que je viens de croiser n'avaient pas l'air dangereux. Ce n'est, peut-être, qu'une impression.

- Puis-je, au moins, connaître votre prénom ? s'écrie-t-il alors qu'une bonne dizaine de mètres nous éloigne déjà.

Ignorant sa requête, je regagne la ruelle qui mène chez moi.

« Est-ce que je ne regrette pas d'être partie sans un mot ? ». Cette phrase se répète mainte fois dans ma tête alors que je repense à cet homme au regard envoûtant. Les paupières lourdes, je finis par tomber dans les bras de Morphée. 

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