Je ne peux pas.

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Une suite de sentiments contradictoires viennent le frapper comme une volée de pierres.

Honte. D'être surpris dans cette position humiliante, à la merci d'un vilain, par son copain.

Gêne. Qu'il ait entendu ses paroles, saisi ce dont il est question. Il suffit qu'il apparaisse pour qu'il ravale tout ça, qu'il rentre la faiblesse de son aveu au-dedans de lui-même. (il est le plus fort, il est le plus doué et Deku est juste nul.)

Soulagement. Doublé d'une nouvelle couche de honte et de gêne. Parce que Deku va le sortir de là, parce que son copain est le putain de numéro 1 et qu'il déchire et que Shigaraki va regretter de s'en être pris à lui. (et ce bref enthousiasme vindicatif lui donne envie de disparaître, avec la façon dont ses yeux s'humectent à nouveau et dont son cœur se met à battre la chamade, c'est seulement là qu'il réalise à quel point il est terrifié, à quel point il a peur de crever.)

Et la colère. Qui renait de ses cendres à la vue du héros. Le soulagement nourrit la honte, la honte alimente la colère. Et Deku, la vue de Deku, le met toujours en colère.

Parce que le regarder, le reconnaître pour ce qu'il est, ce serait accepter toutes ces sentiments, cet incompréhensible amalgame qui le fait tant souffrir. Reconnaître l'échec, la culpabilité, la faute. Admettre qu'il est au bout du rouleau. Pourquoi, quand on peut se contenter d'une émotion, d'une simple émotion, et d'une unique victime ? La colère, la colère qui résout tout, la colère qui aplanit tout !

Shigaraki écarte enfin sa main de son ventre pour la diriger, en position d'avertissement, vers Deku.

« C'est à cette heure que t'arrives ?... » grince Katsuki avec une ombre-sourire, mais la tentative d'humour n'est là que pour masquer son trouble.

Mais Deku a un mouvement de recul, comme si son visage, ce qu'exprimait son visage lui faisait peur. Le héros se tient dans l'ombre et il ne peut décrypter sa physionomie, ses bras qui se balancent, ses mains qui viennent se toucher hésitantes devant sa poitrine puis retombent, s'ouvrent et se referment.

Le vilain fait pivoter son otage pour qu'il se trouve entre lui et Deku, la longue main osseuse bien visible, suspendue au-dessus de son cou.

« Et voilà qu'entre le personnage principal... Tu m'excuseras, Izuku Midoriya, je t'ai emprunté ton copain pour une petite discussion... »

Son souffle est tiède sur sa nuque quand Shigaraki rit de son ricanement presque silencieux. C'est tiède, contrairement à ses mains, mais d'une tiédeur malaisante, celle de la fièvre, celle de la chair rouge qui gonfle auprès d'une infection et qui pulse doucement.

La main glisse joueuse sur son cou pour le saisir par derrière, le faire avancer trébucher et le tenir là, devant lui, tremblant de rage.

« ... dans quel état je vais te le rendre, ça va dépendre de toi... »

Deku est là dans l'ombre et il le dévisage. Ça le fait grincer des dents. Il en a tellement marre de jouer la princesse en détresse et d'être à la merci des pires pourritures.

Il est là, étalé comme un papillon sur une planche, dans toute sa faiblesse. Deku peut détailler les marques à son cou, la nervosité de ses yeux, les petits tics qui font que ses mains se crispent dans la tentation d'utiliser son alter (ou peut-être juste le stress). Et la gueule qu'il tire, qu'il préfère ne pas connaître. Il était pas loin de crever. Il était pas loin de se chier dessus putain. Il était pas loin de...

Il cligne des yeux et il n'est pas certain que tout ce qui dégouline sur son visage est bien de la sueur.

Deku ne doit pas le voir comme ça. Deku ne doit surtout pas le voir comme ça. Son souffle se hache se prend dans ses dents. Ça siffle dans sa gorge meurtrie. Et la férocité fait luire ses yeux rouges.

Pour le pire [Katsu/Deku]Where stories live. Discover now