Chapitre 21 : He is my son

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Il inspecta une dernière fois son reflet jusqu'à ce que son estomac le ramène à la raison. Il avait faim. Ruben s'apprêta à descendre, mais la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement sur Gautier. Ruben sursauta tandis que son petit-ami s'engouffra dans la pièce en refermant la porte derrière lui. Il s'y adossa avant de souffler, encore perplexe :

— Tu ne devineras jamais ce qu'il vient de se passer.

— Tu viens de cramer un pancake ? Demanda Ruben, qui le connaissait assez pour savoir que cela pourrait le perturber à ce point-là.

— Non, je fais toujours très attention à la cuisson.

La réponse ne l'étonna pas.

— Qu'est-ce qu'il se passe alors ? S'intrigua Ruben.

— Ta mère, souffla Gautier.

— Qu'est-ce qu'elle a fait encore ?

Gautier resta silencieux pendant un instant, comme s'il revivait la scène.

— Dis-moi ! Insista Ruben.

— Je crois qu'elle vient de me faire un compliment.

Ruben se mit à rire. Pas tant pour la situation, mais parce que Gautier en était visiblement encore choqué.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? L'interrogea-t-il, curieux de savoir ce qu'avait pu inventer sa mère.

Gautier se releva de la porte de la chambre pour se remettre debout. Il passa une main dans ses cheveux avant d'expliquer :

— J'étais en train de faire cuire les pancakes, dans la cuisine, tout seul. Puis ta mère est arrivée. Je me sentais gênée, tu sais, par rapport à hier soir. J'ai tenté de lui expliquer pourquoi je n'avais pas pu venir. Mais je voyais bien qu'elle écoutait à peine. Elle se contentait de me regarder d'un air bizarre.

Ruben redouta la suite.

— Lorsque j'ai terminé de raconter mon histoire, je me suis retourné vers elle. Ta mère continuait de me fixer et... Et elle m'a simplement répondu : « Vous êtes quand même un beau gâchis, Gautier. Avec une tête comme la vôtre, vous en auriez fait tomber des minettes. »

Son petit-ami explosa de rire. D'abord parce que Gautier avait si bien imité la voix de sa mère qu'il s'y serait presque cru, mais aussi parce que Béatrice avait un don pour être gênante, même lorsqu'elle essayait d'être gentille.

— Je dois le prendre comme un compliment, non ? Reprit Gautier.

— Tu es magnifique, approuva Ruben, Et je suis rassuré d'apprendre que ma mère est capable de le voir.

Gautier esquissa un sourire que Ruben s'empressa d'embrasser. Il était heureux. Vraiment heureux. Sa vie s'arrangeait, en quelque sorte. Il était fou amoureux de son petit-ami, s'était réconcilié avec son frère, ses parents devenaient de plus en plus normaux, le lycée était bientôt terminé et il allait enfin pouvoir prendre son indépendance. Il se sentait à cet instant de sa vie où la mécanique s'emboitait, où le moteur démarrait enfin pour le lancer dans l'avenir. Il n'avait plus peur de la suite car il savait qu'il n'était plus seul pour l'affronter. Alors il embrassa encore plus fermement Gautier pour lui faire comprendre qu'il l'aimait plus que tout au monde.

— Et bien, murmura le garçon, Je devrais te faire des pancakes tous les matins.

Ruben pouffa de rire avant de se séparer de son petit-ami. Il l'aimait, certes, mais il avait toujours faim. Il était temps de descendre dans la cuisine.

Un sentiment visiblement partagé lorsqu'il entendit son grand frère sortir brusquement de sa chambre pour courir dans le couloir.

— Il y a des pancakes !

NantisWhere stories live. Discover now