— Ta gueule, Mike, te fais pas passer pour plus con que tu ne l'es. J'évite les dommages, que l'on nous tombe dessus et surtout, les bruits inutiles. Tu devrais prendre exemple, et cesser de jouer les brutes sans cervelle !

Le colosse toisa froidement Caleb qui ne broncha pas. Un duel étrange et sans qu'un seul coup ne soit porté. La tension était à son comble, électrisant l'air et toute la ruelle. Deux êtres dangereux qui se jaugeaient l'un l'autre, guettant les faiblesses pour s'y attaquer et frapper aussi fort que possible. Nathanaël retint sa respiration, assis contre le mur, une main portée à ses côtes douloureuses.

Finalement, ce fut Mike qui capitula. Il accorda un ultime regard mauvais à son homologue, résultant d'un mépris bien réel. Presque un appel à la revanche qui serait alors inoubliable. Il lui lança, le nez froncé de dégoût :

— J'te laisse le gamin, il est con et il a rien sur lui. Mais si je le recroise dans l'coin, je le descends ! Alors profite bien de son joli p'tit cul si ça te chante avant que je m'en débarrasse !

— C'était pas si compliqué, tu vois quand tu veux, appuya encore Caleb, un sourire mesuré aux lèvres.

Sur ces mots, il tourna les talons, effectua quelques pas avant de se retourner, prononçant à mi-voix une menace sérieuse et bien pensée :

— Dis à ta sale petite merde qu'elle est pas la seule à devoir surveiller ses arrières. T'en as plus pour longtemps, Starwol !

L'intéressé le toisa sans rien ajouter, indifférent à ce mauvais présage. Mike poursuivit son chemin, abandonnant les deux autres hommes. Le métis se détendit complètement, épris d'un soulagement immense. Un silence naquit, ébranla les âmes encore vives par ici. Une brise balaya la ruelle, éveillant un frisson sur l'épiderme du plus jeune. Une faiblesse bien connue le rattrapa durement au même titre que la douleur.

Caleb craqua le premier, les lèvres pincées et ayant visiblement épuisé toute trace de patience. Il apostropha son cadet, sans la moindre trace d'amabilité :

— C'est bon, tu peux te lever maintenant. Il est parti, et il reviendra pas de sitôt, t'as assez de répit pour dégager.

Nathanaël obtempéra sagement, se redressant avec plus ou moins de difficultés. Un élancement le courba en deux, vestige des coups de Mike. Une grimace déforma le visage du plus jeune l'espace d'un instant. Son aîné resta impassible, d'apparence indifférent à sa souffrance. La vérité demeurait tout autre, mais un masque de marbre épousait ses expressions, encore et pour toujours.

— Merci... souffla le métis.

Ce dernier ramassa son sac abandonné sur le sol et couvert de poussière. La réaction de Caleb ne se fit pas attendre, aussi froide que de simples mots pouvaient l'être :

— T'as pas à me remercier, j'avais aucune envie de t'entendre geindre. Oublie juste ça, t'es déjà assez amoché pour pas encore en rajouter !

Il était distant, glacial. Il n'y avait rien de violent dans sa manière d'agir, rien de comparable avec l'attitude de Mike. Une grâce singulière, intelligente, celle de ceux capables de gouverner un monde, aussi impitoyable soit-il. Il semblait éternellement détaché, comme si rien ne pouvait encore l'atteindre ou même le toucher. Ainsi, la ressemblance avec un humain s'arrêtait ici. Il n'avait rien de comparable à cette espèce perfide et vaniteuse, les émotions marquaient toute la différence. Cet homme en était dépourvu !

Par automatisme, les doigts de Nathanaël s'attardèrent sur ses joues douloureuses et couvertes de saleté. Il tâta méticuleusement les zones meurtries, fuyant par ce fait le regard pénétrant de son homologue. Sa fierté se voyait réduite aux alentours de zéro et il en éprouvait une honte cuisante. Il en perdait l'usage de la parole, muré dans un silence significatif.

Les yeux acier de Caleb s'attardèrent sur le visage de son cadet. Le colosse ne l'avait pas loupé ! Des hématomes se formaient déjà sous la peau tannée et la lèvre inférieure était fendue. Les cotes avaient certainement pris un sacré coup, le plus âgé pouvait sans mal l'imaginer. L'homme le dévisagea encore quelques instants, accrochant les vêtements visiblement coûteux du jeune garçon. Il secoua la tête, incrédule :

— Tu ferais bien d'aller voir ailleurs. Avec ta dégaine, tu ne vas certainement pas t'en sortir avec deux-trois coups. Et prends pas ce type à la légère, c'est un sale con, mais il déconne pas.

Nathanaël pinça les lèvres, glacé par la remarque de son ainé. Il ramena son sac sur son épaule et le serra fortement contre lui. Plus que jamais, il se sentait seul et la précédente altercation le pesait. Ses traits se firent plus tirés, plus soucieux. Il s'enquit, fort d'un furieux accès de courage :

— Pourquoi avoir intervenu alors ?

— En quoi ça t'intéresse ? rétorqua son vis-à-vis.

Le métis se renfrogna immédiatement, froissé, sa respiration se bloquant dans sa poitrine. Les prunelles de son aîné rencontrèrent les siennes et il lut de la colère, une source de rage incomparable. L'acier semblait couler comme rendu liquide par une chaleur incandescente.

— J'avais envie de faire chier ce pauvre type et de le remettre à sa place. T'as juste eu de la chance cette fois-ci alors me le fais pas regretter !

Caleb se détourna à nouveau, passant sa main dans sa chevelure ébène qui retombait sur ses épaules. Un geste dicté par la lassitude et une habitude tenace.

— Maintenant, tire-toi, et vite !

Nathanaël eut un mouvement de recul plus prononcé que les autres, une tristesse sourde bien lisible dans son regard ambré. La peur s'y invitait également, au milieu des émotions qui troublaient son être. Il aurait souhaité ajouter quelque chose, un remerciement ou une simple remarque. Il déglutit péniblement, accrochant les yeux de son aîné. Un ultime contact visuel dont il ne tira rien de satisfaisant.

Finalement, le métis se décida à obéir. Il quitta les lieux, abandonna par ce fait Caleb et cet univers constitué de glace. Le cœur au bord des lèvres, il s'éloigna de cette violence, celle qui faisait régner la terreur dans ces rues. 


Et c'était bien Caleb qui a jugé bon d'intervenir. Un aperçu de son caractère par la même occasion, il n'est pas facile à vivre comme le prologue pouvait le montrer. Première altercation entre mes deux protagonistes et c'est plutôt mitigé pour l'heure !

J'espère de tout coeur que ça vous aura plu et j'attends vos avis avec énormément d'impatience :3

Bisooooooooooous !

Near the sky Donde viven las historias. Descúbrelo ahora