Chapitre trois - Dionysos

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Chapitre trois

—Kenzie !

Je n'hésite même pas ; je sprinte devant la voiture, percutant presque la brunette alors que je l'éloigne de la route. La voiture accélère avec un lourd klaxon et le conducteur braille des obscénités par la fenêtre.

—Peut-être que si t'avais pas dépassé la limitation de vitesse ça se serait pas passé ! Enfoiré ! sifflé-je en lui faisant un doigt d'honneur.

Un petit couinement me distrait de mon insulte, puis mon attention est tournée vers Kenzie. Elle s'assied sur la chaussée avec un air surpris sur son visage, ses yeux sont écarquillés par le choc. Je jure sous ma barbe et gratte l'arrière de ma tête, lui faisant un sourire coupable.

—Tu sais, il y a d'autre moyens, moins dramatiques, pour que je te remarque, dis-je gaiement en lui offrant ma main.

Elle cille des yeux plusieurs fois, me regardant d'un air ahuri.

—Que-quoi ?

Mon sourire s'évanouit de mon visage. Je clarifie durement ma gorge, agitant ma main face à elle.

—Tu vas continuer à me regarder ou tu vas accepter mon offre de t'aider à te relever ?

Kenzie secoue légèrement la tête, son expression devient impassible. Je recule presque ; le changement est si soudain que je suis étonné.

—Pourquoi tu as fais ça ?

—Fais quoi ? arqué-je un sourcil. Te sauver la vie ?

—Oui.

Elle serre les dents, balayant ma main en se levant par ses propres moyens. Elle gémit à voix basse, massant son poignet.

—Pourquoi tu l'as fait ?

—Je suis désolé, m'exclamé-je. Je savais pas que t'avais un rencard avec Satan. J'ai entendu dire qu'aux Enfers il fait particulièrement chaud cette année.

Oh, si seulement j'avais vu le visage d'Hadès quand j'ai dit ça.

—J'ai pas de rencard avec Satan, répond-elle, mais elle ne semble pas convaincue.

—Alors pourquoi tu as avancé ainsi devant la voiture ? souris-je. Je veux dire, je sais que notre première rencontre était pas la meilleure, mais t'avais pas à te lancer devant une voiture-

—Bon dieu, tu parles jamais de quelqu'un d'autre que toi ? explose-t-elle de colère.

Elle saisit son sac du sol et enfonce son bonnet gris sur ses cheveux bouclés. Je n'avais pas remarqué qu'il était tombé quand je l'ai poussé de la route.

—Tu as l'égo d'un petit pays !

—Allons, c'est pas juste ; un grand pays, au minimum, qui par ailleurs porterait certainement mon prénom, fais-je la moue, elle roule des yeux en me dévisageant et je ricane. Ok, ok, j'arrête. Je sais que la vérité est dure à entendre.

Je m'arrête, mon regard flottant sur elle de haut en bas. Ses yeux sont toujours un peu surpris, puis quand elle se décale un peu à cause de mon regard scrutant, je réalise qu'elle penche sur le côté. La culpabilité monte en moi quand je réalise qu'elle a mal. J'aurais probablement dû être plus bienveillant dans la manière dont je l'ai bousculé.

—En toute honnêteté, tu vas bien ?

—Je vais bien, répond simplement Kenzie, mais je peux la voir gémir quand elle touche son poignet gauche.

—Poupée, dis-moi ; tu as toujours la tête dans les nuages ? Car vu la façon dont tu regardais la route, tu étais soit préoccupée soit le trottoir t'a vraiment fait quelque chose d'impoli, l'observé-je. Aucune des options n'expliquent exactement ton humeur ni même ton insistance à dire que tu vas "bien".

Dionysos (Trilogie Hadès #1.5) [VF]Where stories live. Discover now