Chapitre 12 - Thomas

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Elle me faisait tantôt l'effet d'un petit chaton tantôt celui d'une tigresse. Je ne risquais pas de m'ennuyer avec elle. Gardant mes distances derrière la porte, je poursuivis la conversation.

— Adèle, pardonnez-moi si je vous ai un peu taquinée jusqu'à présent. J'étais en colère de vous savoir partie, croyant que vous vouliez me ruiner. Vous m'auriez plongé dans une situation très embarrassante, je n'ai même plus de quoi retourner à Londres. Mais faisons la paix et réfléchissez à ma proposition. Associés. Vous et vos connaissances, moi et mon savoir-faire militaire.

Elle ne répondit pas, je l'appelai de nouveau, espérant qu'elle se décide à répondre. La porte s'ouvrit en grand et elle apparut devant moi. La colère la rendait divinement attirante et les pans de son peignoir baillaient au point de me laisser apercevoir l'arrondi de ses généreux globes de chair.

— De plus, nos rapports peuvent outrepasser le contexte professionnel si vous le souhaitez. J'ai cru comprendre que vous étiez sans amant.

— Et je survivrai très bien sans, surtout quelqu'un comme vous. Je réfléchirai à votre proposition, mais je tiens à vous rembourser avant.

— Et moi je tiens à garder mes droits quelque temps encore.

— Vous êtes décidément impossible.

— Et vous moins bonne en marchandage que je le supposais, m'amusai-je à ses dépens. En attendant donc, j'aimerais un bon petit déjeuner ainsi qu'un nouveau séjour au hammam, avec vous bien entendu.

Elle haussa les épaules et je la suivis jusqu'à la salle à manger. Ses employés de maison devaient s'interroger sur ma présence.

— Je suis pour l'heure, votre nouveau maître. Ayant acheté officiellement madame ici présente. Veuillez nous servir un petit déjeuner british je vous prie.

Ils se regardèrent, tous, effarés.

— Ne l'écoutez pas, le soleil a du lui frapper sur la tête. Mais s'il vous plaît, nous allons déjeuner en effet, et apportez nous du thé, Mary. Merci.

— Bien madame.

Ils se dispersaient, vaquant à leurs occupations et je posai mon séant sur l'une des chaises, de nouveau elle me toisa comme si j'avais enfreins les règles de la bienséance.

— Vous êtes assis à la place d'Henry.

— Mais Henry n'est plus là.

— Si vous comptez le remplacer...

— Vous y avez donc songé ?

Elle rougit jusqu'aux oreilles, sérieusement, elle y avait songé ? Quand cela ? En tentant de me tuer à coup d'oreiller ou en se pelotonnant contre moi tout en le pleurant cette nuit.

L'intendant arriva et timidement posa le journal près de moi. J'hésitai subitement.

— Puisque vous vous auto proclamez maître des lieux, allez-y, lisez-le. Et racontez-moi les nouvelles.

Son air pincé laissait à supposer que ma présence l'insupportait, mais qu'elle me demande de lui faire la lecture, me laissait perplexe. En réalité, elle devait être face à l'un des plus grands dilemmes de sa courte existence.

La femme de l'antiquaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant