Le Maelström

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Deux mois déjà que Maria était partie. Je n'avais pas vu le temps passer. Je me sens loin de chez moi. Mon travail là bas était tellement précis et méticuleux que je ne pouvais pas quittais mon poste trop longtemps et je ne communiquais plus avec personne. La routine s'était installée, je m'étais habitué à la vie dans le phare, sa taille impressionnante me laissait largement assez de place pour vivre. C'était bien plus grand que mon appartement. La météo annonçait un typhon le lendemain soir, le responsable du bureau m'avait apporté de quoi faire face. Une lampe torche, des piles et des provisions supplémentaires. Le soir même, j'ai guidé deux derniers bateaux vers le port. Le matin les vents étaient fort. La météo n'avait pas menti, la houle frappait jusqu'à ma cabine aux deuxième étage du phare. J'ai allumé la radio et le phare. Aucun signal. La lampe puissante et tournoyante me donnait le réconfort que j'attendais d'elle en ce moment. L'eau s'infiltrait légèrement par quelques fissures dans les murs mais rien de grave. Le soir venu, les vents avaient triplés de puissance et l'océan était déchaîné. Je sentais la force des vagues à l'intérieur de ma cabine, j'entendais des bruits étranges qui venait de dehors, sûrement le bruit du vent transformé par mon imagination. Le typhon soufflait de toute sa puissance. Les vagues noires, l'écume blanche, le phare tremblait sous mes pieds. Soudain. Le temps s'est arrêté. J'ai cru un instant que les vents s'étaient tous calmés d'un coup. Un bruit atroce de fer qui se tord résonna dehors. Je me suis difficilement approché de la fenêtre de la cabine pensant qu'un bateau perdu s'était échoué. Un lourd son de cloche apportait une fin à celui des fers tordus. Je n'ai pas pu regarder dehors, de l'eau était entré dans le phare, la panique m'attrapait à la gorge, j'ai, attraper ma lampe torche pour me frayer un chemin dans le noir vers le plus haut étage mais il était trop tard. Une vague scélérate à l'intérieur du phare me frappa au visage en manquant de peu de m'assommer. Elle m'avait amené au rez de chaussée du phare, en nageant difficilement j'ai pu m'aggriper aux rambardes de l'escalier. Je fixais la porte grande ouverte d'où entrer l'eau abondamment. Les murs s'écroulaient autour de moi. Une deuxième vague scélérate me propulsa contre la porte mauve. Et la brisa.

Je me suis réveillé dans le noir, il n'y avait plus d'eau nulle part. J'avais froid. Ma lampe torche toussait ses dernières gerbes de lumières, je n'avais pas la force de crier et demander si il y avait quelqu'un. Il n'y avait pas un bruit, l'œil du cyclone, un trou noir. Je me suis remise debout et commençait à marcher en tenant mon bras blessé. Chaque pas éclaboussait de l'eau invisible et le bruit résonnait très loin. Après quelques pas je fut arrêté par une vision, des voiles blanches immenses se mirent à s'élever devant moi. Des tentacules suivirent. La taille de la créature qui se présentait ainsi était incommensurable.

Je me suis laissé tomber à genoux. Observant cette horreur fantasmagorique. Une faible voix de femme brisa l'épais silence détournant mon attention un instant:

"Craint le. Craint le maintenant. Craint le toi l'astre seul. Craint le sans détour. Craint le aujourd'hui. Toi, la sans refuge. Craint le et rien d'autre."

La créature noire, s'étendait maintenant, des voiles en guise d'aile, des tentacules sortant aléatoirement de son corps couvert de purulentes protubérances, un œil unique et vert de la taille de la lune. Une seconde voix apparu de nul part:

"Leviathan, Ryūjin, Njïord, Noun. Nom sur la peur. Abysse ou Maelström. Craint moi maintenant. Le miroir est brisé."

Une lumière s'alluma au loin, puis une autre, et encore une autre, encore une autre, une constellation se découvrit rapidement devant mes yeux en larmes. Je flottai sans m'en rendre compte et commença à manquer d'air, je tournai le dos à la bête dans un dernier effort. Elle laissa échapper un râle glaçant, les lumières se sont éteintes. Je levai la tête pour me laissé aller. Je vis la surface de l'eau. Un silhouette flottante. C'est moi?

MaelströmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant