Chapitre 29.1 ✔️

204 40 1
                                    

E N E K O


          La douleur déclencha quelques sourcillements après cette étrange rencontre. Je n'avais plus qu'en tête la voix grave et rassurante de Malek. Dans ces moments-là, j'étais bien content d'être un ange. Je n'avais jamais fait de voyages astraux en tant qu'humain, et ce dernier m'avait permis de le revoir... Heureusement que je m'étais évanoui.

Il m'avait promis une chose : m'aider. Seulement, j'avais ma part du plan à remplir, à présent.

Mes yeux s'ouvrirent sur un plafond noir et visqueux. J'étais de retour dans ma cellule. Les souvenirs me frappèrent de plein fouet. La souffrance ardente resurgit, quoique moins importante.

Je geignis et me crispai. Des picotements brûlaient les taillades que l'on m'avait infligées au ventre. La fatigue intensifiait sans doute ces derniers — malgré tout, j'avais peu dormi et cette situation avait propulsé mon niveau d'angoisse. J'inhalai de longues secondes et me repositionnai dans la mesure du possible dans ce carré étouffant.

— Je dois sortir d'ici, soufflai-je.

— Quoi ?

La voix enrouée à ma gauche m'interpella. Anya. Bien évidemment, elle n'allait pas changer de cellule jusqu'à ce qu'on l'emmène dans la salle d'expérience.

— Tu m'as bien entendu.

Elle s'esclaffa d'une insanité grinçante.

— Essaie ! On a tous d'jà essayé. C'est im-po-ssible. Soit on s'fait attrapé ou tué, et j'préfère être tué d'ailleurs, parce ceux qui s'font capturer...

— Non, non, je... Qu'est-ce qu'ils font aux capturés ?

— Tortures, expériences, tortures, répétez le tout trois fois et savourez. J'ai même entendu dire qu'ils lavaient des cerveaux, et pas avec d'la lessive, et que certains dev'naient des suppôts de Satan.

Au fond de moi, ma flamme brillait d'un espoir consumable et éphémère. Je devais le raviver — comme Malek l'avait fait.

— Écoute, je connais Anaël, celui qui m'a emmené la première fois. C'est le fils de Prairie, celle qui contrôle les démons. Elle était ma thérapeute, et... je suis un ange jumeau. Le deuxième est pas loin et il va venir m'aider... nous aider. J'ai besoin de vous.

— Prairie ? rit-elle. C'quoi, ça ? Elle aurait pu s'appeler Forêt la meuf, ç'aurait été plus logique.

— C'est sérieux ! Vous devez m'aidez, je tuerai les démons s'il le faut. Je vous le promets. Je l'ai déjà fait.

Anya déglutit. Je ne rigolais pas sur ces choses-là. Je connaissais ces personnes. Peut-être pas autant que je le pensais, certes, mais je devais pouvoir au moins m'occuper d'Anaël, le mettre hors d'état de nuire comme me l'avait demandé le brun. Pour cela, je ne voyais qu'une solution...

Néanmoins, afin d'exécuter mon plan, j'avais besoin d'appuis. Je devais trouver un moyen de me libérer sans attirer l'attention.

— Petit ange, je peux t'aider moi.

Cette voix nasillarde me donna la chair de poule. Son louche propriétaire qui m'avait déjà fait ravaler ma salive n'avait pas prononcé un mot depuis mon réveil. Ma conscience refusait de coopérer avec lui, mais je n'avais pas le choix. Je gardai certaines distances.

— Comment ça ?

— Je suis là depuis des ères... Je connais les habitudes des gardes par cœur.

TRANSES 1: Deux Anges Revenus Trop TôtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant