CHAPITRE 43

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Camille allait arriver avec Poussin et Serge d'une minute à l'autre et j'étais stressée. Absurde, c'était le mot qui décrivait bien la situation. Il n'y avait aucune raison d'être stressée à la venue de ma meilleure amie. Elle n'allait pas me juger, elle n'allait pas rencontrer pour la première fois Xavier. Malgré moi, je sentais une tension et cette tension se voyait dans le fait que je tripotais machinalement le bord de mon chemisier. Perdue dans mes pensées, je n'entendis pas Xavier arriver derrière moi.

- Toi, tu es stressée !

- Oui, mais je ne sais pas pourquoi. Et donc, ça me stresse encore plus.

Il me toisa quelques instants de ses beaux yeux verts, me jaugea comme s'il devait résoudre un problème physique qui sauverait la planète.

- Il peut y avoir différentes raisons qui t'inquiètent. La première c'est que tu reçois chez nous pour la première fois ton amie. La seule fois où elle est venue, c'est Adam qui recevait ici et c'était dans le cadre du boulot.

J'hochai la tête pour lui montrer que je comprenais ce qu'il disait et aussi pour acquiescer. C'est vrai que c'était la première fois qu'elle venait véritablement chez nous, en tant que couple. Après quelques secondes, il continua :

- Seconde raison, tu stresses parce que tu n'as pas eu de « chez toi » à proprement parlé depuis très longtemps, alors un « chez nous » encore moins. Je me trompe ?

Je n'eus pas le temps de répondre, Camille était à la porte et elle était en train de reproduire une chanson de Carlos grâce à la sonnette. Cette technique, en plus d'avertir de sa présence, m'obligeait à ouvrir vite la porte au risque d'avoir la chanson dans la tête toute la soirée.

J'ouvris la porte, Xavier était juste derrière moi et tenait mes hanches. Sa manière de me rassurer et d'atténuer mon anxiété. Et ça marchait! Une fois la porte ouverte, Camille et Serge étaient devant nous et c'est mon patron qui tenait le cosy. J'avais du louper un épisode, mais entre les deux, ça semblait vraiment de plus en plus sérieux. Je souris et je leur proposais d'entrer. Camille m'enlaça en passant et me fit un bisou baveux sur la joue. Serge se contenta de me faire une bise simple mais efficace.

On profita de la douceur de la fin d'après-midi pour prendre l'apéro sur la terrasse, l'un de nos endroits préférés avec Xavier. Les guirlandes avaient été allumées ce qui donnait un air ginguette chic à l'espace. C'était petit mais on y tenait facilement à quatre. Xavier se chargea de l'apéritif et son ami l'aida. Camille n'attendait qu'une chose : être seule avec moi pour me poser un tas de questions.

- Alors ça s'est passé comment quand il est venu te chercher ? Vous avez réussi à parler ? Vous avez baisé comme des bêtes sauvages ?

- Camiiiiilllle !

- Il fallait bien que je demande, me répondit-elle avec un air mutin.

- Bien, oui, oui, a-t-elle eu en guise de réponse. Je savais que le peu de détails allait la frustrer.

- Ahhh tu te fous de ma tronche ?!

- Oui !

Ma meilleure amie avait beaucoup d'humour, c'était un véritable boutentrain mais elle était aussi très curieuse et avait un besoin insatiable d'être rassurée. Elle me fit ses gros yeux de maman en colère et je finis par m'expliquer.

- On a bien parlé. Il a compris mes inquiétudes, ma volonté de ne plus croiser l'autre salope. Je ne lui ai pas mis d'ultimatum, on a décidé ensemble de voir comment réagir par la suite. Mais il fera en sorte de ne pas me mettre dans la même pièce qu'elle.

- Vu que tu lui as mis un coup en pleine tête, il a du comprendre qu'elle t'énervait plus que de raison.

- Oui, il y a de ça. Je lui aussi expliqué plus en détails ma relation avec sa meilleure amie. Je lui ai tout dit, je lui ai même parlé de mes parents. Il savait déjà une partie de mon histoire, là, je lui ai donné du sens.

Entre deux volsDonde viven las historias. Descúbrelo ahora