Chapitre 16: Stop

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— Salut, Ashley, j'espère que tu vas bien et mon petit prince aussi. Bon à plus, lancé-je rapidement avant de détaler vers l'ascenseur.

C'est puéril, limite immature, mais je ne me sens pas prête à affronter Charly. J'ai beau le connaître et savoir qu'il est quelqu'un de bien, mais qu'il se laisse facilement emporter, la pilule ne passe pas. Elle est coincée dans ma gorge parce que quoi qu'il dise, il pense au moins une part de ses dires de la veille. Malgré ça, il a toujours joué le parfait ami qui m'acceptait tel que je suis. 

Et pour moi, quelqu'un qui n'accepte pas tes qualités et défauts, extravagances et originalités ne t'accepte juste pas. Ashley et Abdou tentent de parler, mais je ne leur en laisse pas le temps et m'engouffre dans l'ascenseur, suivie d'un Abdou interloqué. Il me conduit à Homel sans me poser de question, mes nerfs à bloc devaient transparaître à travers ma peau. Dès que nous arrivons à Homel, je me laisse aller aux mondanités d'usage puis me dirige vers la secrétaire de tour qui vient juste d'arriver.

— Hello Abi, ça va ? l'interpellé-je.

Elle remonte sur moi un visage un peu nerveux, mais y laisse s'infiltrer un léger sourire qui déforme ses fines lèvres et fait briller ses yeux noirs.

— Michelle ça va et toi ? Je viens d'arriver alors que Delia est partie il y a un moment pour une urgence donc je suis à la bourre, m'explique-t-elle.

— Harry est là ? demandé-je. Il est censé avoir les premières épreuves avec lui. Kate me l'a confirmé par mail.

Kate est l'assistante d'édition d'Harry, la parfaite bibliophile je dirai.

— Je ne sais pas, laisse-moi appeler pour voir.

— Non, ne t'inquiète pas, ton retard reste notre petit secret et celui des caméras de surveillance, lui intimé-je ironiquement.

Elle glousse et s'empare du combiné quand un appel la coupe.

— Allo, bonjour ! Homel, rubrique science-fiction et fantastique, j'écoute.

Je lui fais signe de ne pas s'inquiéter et me dirige vers le bureau d'Harry. Je m'égare pendant un moment dans ma tête, redoutant de le voir à nouveau, que mes yeux se posent de nouveau sur ses lèvres qui méritent d'être enfermées pour un trop plein d'attirance. J'ouvre la porte en oubliant de toquer puis me fige en face du spectacle qui se présente à moi. 

Audrey dans les bras d'Harry, alors même qu'hier je l'embrassais. Alors même qu'ils sont censés être un faux couple. Les deux se tournent vers moi avec un visage surpris et je lis clairement d'une part la gêne dans les yeux d'Harry et l'amour fou pour Harry dans les gestes d'Audrey. Comment est-ce possible d'avoir aussi mal ? Mon cœur tente de s'agripper aux artères, aux veines, aux ventricules, mais sa peine est lourde, trop lourde. Je serre d'abord les dents pour ne pas craquer et me contente de déblatérer des paroles incontrôlées en arrêtant quasiment de respirer, je me saisis des épreuves et m'en vais sans grand regard aux deux amoureux. 

Dès que je sors du bureau, je lance un sourire de remerciement à Abi, tombe sur Jack qui tente de m'accoster, mais je lui indique en souriant que je suis pressée puis descends rapidement par les escaliers pour finir dans le parking. Je marche vite, comme si j'avais le diable à mes trousses — c'est le cas. Depuis le premier soir où mes yeux se sont posés sur Harry, la tentation a commencé à s'éditer dans mes veines, pour se faire publier de la plus douloureuse des manières, la tentation était en édition depuis ce jour-là, cette nuit-là. Abdou est assis côté passager, écouteur dans les oreilles et yeux fermés. 

Son regard se pose sur moi, mais je ne lui laisse pas le temps de sortir que je pénètre déjà du côté conducteur de la voiture. Tiens... encore un peu. Ne craque pas. Il se contente de me scruter, je sens qu'à la moindre parole je fondrai en larmes, et je ne veux pas de ça. Je ne pleure que dans l'ombre, pas en face des autres, parce que j'ai l'impression que je leur dois ce sourire. Je veux que ne reste dans leurs mémoires que la Michelle drôle et souriante, j'ai brisé cette règle hier avec Harry et je le regrette amèrement.

Tentation en éditionWhere stories live. Discover now