Chapitre 4: Ottawa

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Je traverse l'océan, car la vie m'a donné du cran.

xXx

Installée dans l'avion, une boule pèse dans mon ventre à l'image de l'excitation qui possède mes sens. Tout a été rapide et précis : un mois après la signature du premier contrat, je prends la route. La séparation avec ma famille n'a pas été très dure puisque nous sommes habitués à nous séparer pour de longues périodes. Mon père m'a présenté toute une encyclopédie orale sur comment bien passer mon séjour à Ottawa. Nous nous sommes enfin séparés après les étreintes avec Tania, les derniers emmerdements de Luc et les recommandations affectueuses de mon cher papa.

Dans l'avion, j'imagine mon séjour à Ottawa, comment tout s'enchaînera vite et comment mes livres verront enfin jour, noir sur blanc sur du papier. S'il ne s'agit que d'un rêve, je veux rêver toute ma vie, mais si c'est la réalité, je veux la vivre pour l'éternité. J'arrive enfin à Ottawa après plusieurs heures de vol et quelques escales. Je ne suis pas très fatiguée puisque j'ai un peu dormi durant le vol, mais également en raison de mon excitation disproportionnée. Après les formalités, je me déplace avec mes grosses valises pour sortir de l'immense aéroport.

À l'accueil, j'aperçois une crinière brun dégradé, des lèvres légèrement fines et charnues avec un arc de cupidon bien défini, un nez retroussé et de beaux yeux en amande, gris embelli de nuances bleues  qui ne peuvent qu'appartenir à Charly, mon ami. Il se retourne vers moi, son visage s'illumine tandis que sa mâchoire carrée au menton pointu et discret se contracte légèrement. Je cours et lui saute dans les bras, l'étreignant de toutes mes forces.

— Michelle !

— Oh, Charly ! Tu m'as tellement manqué ! m'extasié-je tandis que son parfum viril et doux m'emplit les narines.

Charly est un ami d'enfance, il a vécu aux États-Unis jusqu'à ses dix-huit ans. Nous avons pratiquement vécu notre enfance ensemble, du moins jusqu'à ce que je ne mette les voiles, abandonnant mon meilleur ami de l'époque. Depuis, nous sommes restés en contact, mais avec le temps, nos messages et appels se sont altérés, en revanche nous avons toujours pensé l'un à l'autre. Charly vit dans la ville d'Ottawa — dans un appartement des plus luxueux je dois dire.

Dès que j'ai appris que l'immeuble dans lequel vit Charly est en collaboration avec Homel, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai fortuitement trouvé l'appartement voisin au sien. Bravissimo ! J'aime bien tout ce qui est beau et d'après les images, cet appartement qui coute la peau du cul est magnifique. Homel possède des immeubles pour ses auteurs étrangers. Je n'avais pas très envie d'être dans une sorte d'internat et comme Homel paie le loyer et quelques dépenses aux auteurs, j'ai sauté sur l'occasion. Après notre longue étreinte avec Charly, nous nous séparons et il nettoie la larmichette qui se trouve sous mon œil.

— Tu es devenue une bombe, s'extasie-t-il en me faisant tourner sur moi-même.

— Tu n'es pas trop moche toi aussi, le taquiné-je en esquissant un sourire taquin.

Charly a toujours été très beau, là il ressemble à un vrai dieu. Il a un corps pas très musclé, je l'accorde, mais sa silhouette élancée et son éloquence naturelle pourraient facilement faire perdre la tête. Il était d'ailleurs mon amoureux du primaire ; à présent, il n'y a aucune ambiguïté entre nous. Il roule finalement des yeux, m'aide à prendre mes valises et me conduit jusqu'à sa voiture.

Le trajet se fait plutôt en silence au début : je lui raconte un peu tout ce que j'ai en tête ; ce qui le fait rire, ne l'empêchant pas de se concentrer sur la route. Nous sommes toujours dans l'après-midi, pourtant le trafic est assez dense. Mon regard reste accroché au moindre détail que je commente en m'extasiant.

Tentation en éditionWhere stories live. Discover now