Chapitre 24 : Avancer.

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Qui aurait cru que cette justice française était aussi ignoble ? J'en aurais été conscient, je n'aurais jamais fait toutes ces démarches.
Parler à un policier, puis tout raconter à un avocat, recommencer avec un autre policier, passer devant la barre et de nouveau raconter mon histoire comme si c'était celle toute droit sortie d'un pollar.
Mes parents en ont été tout autant fatigués. Alors ils ont demandé une pause. Je ne sais toujours pas ce qu'ils ressentent depuis tout ça. Je ne sais même pas si ils me considèrent toujours comme leur fils.
Quatre ans ont passé.
Je ne sais pas non plus si ils sont restés à mon chevet. À quoi bon ? Je leur ai gâché leur vie.
Ce que je me suis douté, c'est qu'ils ne vivaient plus ensemble. Après tout, c'est de ma faute. Mon père avait acheté une maison au bord des plages normandes et ma mère était repartie en Angleterre auprès de ses vieilles amies.
D'ailleurs, pour ce break administratif, nous sommes allés dans cette maison au bord de la mer. Ma mère était distante, je m'en voulais grandement de tant lui en faire subir. Notre vie était silencieuse ici. Mon père partait je ne sais où la journée et il revenait pour les repas. Quant à ma mère, elle lisait, faisait le ménage trois fois dans la journée, les repas puis retournait se plonger dans ses livres.
Et au milieu d'eux, il y avait moi. Je passais mes trois premiers jours à fixer mon plafond. Mes pensées se résumaient à ce ressenti que j'avais eu pendant ces quatre ans. Parfois, Evan les effleurait. La question ne se posait plus, je m'étais lié d'affection pour lui. Je me demandais souvent ce qu'il était devenu. Je me souviens parfaitement de ses bras qui m'entourent et me serrent. Il a sans doute eu peur que je tue Manon. J'aurais dû, je le voulais, mais je suis resté figé, ses bras autour de moi. Je n'ai jamais eu de ses nouvelles. Il a disparu de ma vie. Je n'osais même pas parler de lui.
Il n'était qu'un souvenir. Il m'avait laissé. Il devenait ce sentiment que j'avais ressenti pendant ces quatre ans. Rien. Le néant.
J'avais passé trois jours clos dans mon silence. Qu'était devenue Manon ? Je ne savais pas non plus.
Mais sur la surprise de ma mère, le quatrième jour, j'avais quitté ma chambre.

En ce fin de mois d'août, j'avais enfilé un jean noir, des converses et un gros sweat d'un groupe de rock que je ne connaissais même pas. J'avais ouvert la porte d'entrée et avant de sortir, j'avais lancé un vague “Je vais faire un tour.” Je suis allé jusqu'à la plage et je me suis assis à l'écart d'un groupe de jeune qui devait avoir mon âge. Je les observait distraitement. Pensif et ailleurs. Je n'avais même pas fêté ma majorité. Les gens me croyaient sans doute encore dans le coma ou peut-être même mort. Je n'avais jamais vraiment eu d'amis de tout façon. Personne pour me pleurer.
     « Tu veux venir avec nous ?  »
Une voix féminine me sortit de mes pensées pas un sursaut. Elle ria légèrement. Mes yeux remontèrent sur son visage. Elle avait les traits du visage fin, deux prunelles marrons et rieuses, deux chignons bruns. Elle était habillée d'un débardeur fleuri et d'un short gris délavé. Puis je remarquais qu'elle attendait une réponse.
     «- Hadriel et toi ?
       - Élise, ria-t-elle, tu ne m'as vraiment pas écouté... C'est mignon Hadriel.  »
Elle ne faisait que de sourire. D'un grand sourire. Je me levais. Je n'ai jamais vraiment était très doué avec les gens mais ça n'avait pas l'air de la gêner. On marcha jusqu'au petit groupe.
      « Les gars, j'vous présente Hadriel !  »
Dit-elle en me frottant les cheveux. Dans "les gars", il y avait Flavie, une p'tite blonde, avec deux tresses lui retombant sur les épaules. Et puis il y avait les gars.
Théo, un grand brun, les yeux vert, le joint toujours entre les doigts. J'étais persuadé qu'il était un tombeur.
Dylan, un garçon musclé et froid qui gardait toujours un oeil sur Flavie.
Et Liam, à l'accent du Sud, et au sourire facile.
Ils m'avaient tous incrustés à leur discution même si je ne parlait que très peu.
Malgré tout, j'avais passé ma dernière journée enfermé hier.
Et ma mère sourit en me voyant rentrer, m'assoire à ses côtés et lui raconter mon après-midi. Le soir, à table, les discutions étaient revenues.

Si je revis.Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang