Chapitre 11 : Joie morbide.

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  Le neuvième jour, je l'ai vu arriver avec lenteur. La nuit, je l'ai vu passé, mon cerveau n'a cessé de réfléchir à l'un de ses plans diaboliques. Et puis le jeune médecin est arrivé avec aux lèvres son sourire éternel. 
   "J'ai une merveilleuse nouvelle pour toi !"
Il s'assit sur le bord du lit.
  "Tu vas rencontrer une psy'."
Mon coeur rate un battement, je deviens pâle et il le remarque aussitôt.
  "Tu n'es pas heureux...?"
Aucun mouvement, aucun son, aucun battement de cils. 
  "Je pensais que ça te ferait du bien... de parler, enfin du moins essayer... de ne pas être seul, simplement... C'est vrai, j'aurai dû te..."
Je lui attrape fermement son poignet laissant sa phrase en suspens. Il me jauge d'un regard brun profond. Je vois au fond de ses yeux une envie, belle et forte, de vouloir me remonter à la surface. 
Mais bordel. Qu'est-ce qu'il fout avec une ordure comme moi ? Il n'y a rien à gagner mais plutôt tout à perdre. Et son idée de me mettre en contact avec un psychologue... Je suis une ordure, un mec mort, y'a rien à faire avec moi, pourquoi... pourquoi ne peuvent-ils pas me laisser sauter dans le vide...? Ou me laisser avaler toutes ces boîtes de médicaments ? Pourquoi me sauver la vie alors qu'il y a des milliers de gens sur Terre qui veulent vivre ? 
Je ne veux pas vivre. Bordel. Crever et ma volonté depuis longtemps. 

Je me souviens...

"Le 6 mars  2012. Un mois s'était écoulé et la solitude m'a habité, me rongeant doucement. Elle n'avait pas repris contact avec moi, elle s'était volatilisée de tous les jeux auxquels on jouait ensemble. Elle avait laissé un vide, un néant absolu. Pourtant, je m'en voulais, oui je ne cessait de me demander pourquoi j'avais fui devant son corps si beau, si délicat, si... sensuel. Aujourd'hui, avec ma classe, nous allons visiter quelques musées de la capitale. Je me souviens d'un soleil chauffant mon visage contre la vitre du train. La campagne normande défilait sous mes yeux et un nouvel arrêt, des pas de personnes pressées et sa voix. Ses quelques mots : " On se retrouve, petite peste !" et le rire de mes camarades. Mon corps s'est bloqué, elle s'est assise sur le siège d'à côté et une larme a coulé le long de ma joue, mon front toujours collé contre la vitre. Elle était comme une sangsue finalement, elle me rongeait l'âme avec violence. J'étais amoureux. J'étais la pire des ordures. J'aurais aimé sauter du train, et pactiser avec le diable. Elle en avait décidé autrement puisque sa main a remonté le long de ma cuisse. Je les entendais rire. Le train s'est de nouveau arrêté, je l'ai repoussé une nouvelle fois et ma main est venue claquer sa joue, violemment. Elle s'est reculée surprise et je suis descendu en courrant, la tête baissée, de ce train. Et j'ai couru. Encore et encore jusqu'à ce que mes jambes s'écroulent et que j'éclate en sanglot dans une ville inconnue."

Si je revis.Where stories live. Discover now