Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 11 : Dans le noir

Les jours suivants, Jian et Clara étaient rapidement revenues de Thaïlande avec leur fille. Avec Saoirse, elles nous avaient tous les deux invités pour faire la rencontre d'Alyssa. Je n'avais jamais été aussi proche d'un enfant, mais elle m'avait tout l'air d'être en pleine forme. Leurs mères étaient même aux petits soins avec elles. Elles étaient même prêtes à en faire trop, sûrement la peur des jugements, mais ce n'était clairement pas moi qui leur ferais remarquer. Je n'étais pas dans leur situation.

De plus, elles nous annoncèrent qu'elles fêteraient ça demain soir. Saoirse fut immédiatement déçue de devoir travailler et donc, de ne pas pouvoir venir. Jian lui promit qu'elles auront des tas d'autres occasions pour se revoir. Après tout, il n'y avait qu'un étage entre elles.

Juste avant notre départ, Jian me passa une liste de psy et pour chacun d'entre eux, on lui avait assuré qu'il n'y avait pas de soucis à se faire. Il y avait même quelques annotations sur certains. Tous n'étaient pas ouverts sur tous les sujets.

En sortant de leur appartement, nous croisâmes la mère de Saoirse. Ma copine la prit directement dans ses bras, heureuse de la revoir. Dernièrement, elles avaient renoué le contact, j'avais pu le remarquer à ses visites régulières. Et pendant ce temps, je les regardais, presque mal à l'aise, ne sachant pas trop quoi faire ni si je devais dire quelque chose. Saoirse le remarqua rapidement et se tourna vers moi.

— Maman, je ne te l'ai pas dit... mais Merle et moi, on est revenus ensemble, annonça-t-elle d'un ton bienveillant.

Sa mère sembla ravie de la nouvelle. Elle n'avait pas l'air d'avoir le moindre a priori et tant mieux. Je n'avais pas envie de m'engueuler avec ma belle-famille pour des raisons aussi futiles. Les parents d'Alexia avaient bien essayé de nous séparer à de nombreuses reprises, pensant que j'allais la conduire vers le mauvais chemin. Après tout, nous avions deux années d'écart et j'étais cet élève de dernière année à la mauvaise réputation.

— Tu devrais venir manger à la maison, me proposa-t-elle chaleureusement.

— Ce serait avec plaisir, répliquai-je souriant.

Voir la belle-famille était toujours une source d'angoisse et je n'allais pas déroger à cette règle. J'espérais surtout que le père de Saoirse n'ait rien à voir avec les typiques clichés et qu'il ne protégeait pas sa fille d'une manière assez malsaine. Je n'avais clairement pas envie d'entrer une stupide compétition, surtout lorsqu'elle essayait de retrouver une certaine stabilité avec sa famille.

Je laissai Saoirse passer un peu de temps avec sa mère. Celle-ci me dit qu'elle me préviendrait pour un repas en famille, ou du moins, que Saoirse me préviendrait. De retour chez moi, je passai un bref appel à ma mère. Même si cette idée ne me satisfaisait pas entièrement, j'allais accepter son offre. Comme toujours, elle s'inquiéta pour moi dès qu'elle décrocha :

— Quelque chose ne va pas ? me demanda-t-elle.

— Non, tout va bien. J'ai repensé à ce que tu m'as dit... sur le fait que tu voulais financer mes études...

— Tu acceptes ?

— Oui. Mais dès que j'aurais l'occasion, je te rembourserai, lâchai-je, ne voulant pas abuser d'elle.

— Tu n'as aucune obligation de faire ça. Je ne veux rien en retour, mis à part ton bonheur... Et pas un bonheur superficiel comme des tas de gens. Non, un bonheur stable. Je veux te laisser toutes les chances d'être heureux...

— Je sais. Tu n'as pas à me le rappeler...

Si elle était en face de moi, j'étais sûr de la voir sourire, peut-être même quelques larmes dans les yeux, et je n'aurais pas hésité à la prendre dans mes bras. Elle ignorait tous les sacrifices qu'elle avait faits pour moi, mais c'était aussi parce qu'elle ne les comptait pas.