Le Corbeau et la Colombe - Tome 2

Chapitre 5 : Les dommages collatéraux

Les jours suivants, je n'avais toujours rien dit à Merle, de mes sentiments les plus enfouis. J'avais fait comme si de rien n'était. Il paraissait inquiété mais ne voulait absolument pas me forcer à la moindre révélation. Comme toujours, il voulait que je le fasse de moi-même. Et malgré toutes les occasions où nous avions été plus qu'intimes, je n'avais pas trouvé le bon moment pour lui en parler. Étais-je vraiment en train de me voiler la face ? J'avais de bien trop nombreux doutes... Heureusement, passer l'après-midi à mon habituel cours de self-défense en compagnie de Clara avait pu me soulager quelque peu. Cependant, il y avait toujours cette femme qui me regardait du coin de l'œil. Son visage m'était vraiment familier et c'était réciproque, mais mes souvenirs étaient bien trop flous...

— Ça te dit de passer prendre un verre chez moi ? me proposa Clara alors que nous quittions le gymnase.

— J'aurais tellement voulu mais je bosse ce soir, refusai-je poliment.

— Ça sera une prochaine fois alors. C'était assez amusant la dernière fois. En plus, on a pu faire connaissance avec Astrid.

— Elle avait l'air assez réservée... mais j'ai l'impression qu'elle a réussi à s'intégrer à la soirée, lui fis-je remarquer.

— Je crois bien aussi. On a parlé quelques fois depuis. D'ailleurs, elle va bientôt commencer ses consultations chez elle.

— Faudrait que je voie si elle a quelques places de libres, lançai-je assez subitement.

Clara m'adressa un sourire compatissant et nous montâmes toutes les deux dans la voiture de Merle. Comme d'habitude, il avait un livre et de la musique pour s'occuper. D'ailleurs, il était tellement plongé dans sa lecture qu'il ne remarqua pas notre arrivée jusqu'à ce que je dépose un baiser sur sa joue. Immédiatement, il s'arrêta et baissa le son de sa musique.

— Je ne vous ai même pas entendues arriver, lâcha-t-il naïvement en passant sa main dans sa nuque.

— En effet, on a remarqué ça, rétorqua Clara, amusée, en jetant un bref coup d'œil sur son portable.

Durant le trajet, Clara fut assez enthousiaste pour raconter quelques positions pour nous défendre. Depuis qu'elle venait à ces cours, elle était beaucoup plus souriante et enjouée, ça la métamorphosait totalement. Et dans le fond, ça me faisait aussi tellement de bien. J'ignorais si je serais capable de mettre mes connaissances en pratique le moment venu, mais c'était toujours mieux que rien.

Une fois à l'immeuble, je pris rapidement un café et quelque chose à manger à l'appartement de Merle, devant aussitôt faire demi-tour pour me rendre à mon travail. N'ayant aucune envie de me changer là-bas, j'avais déjà enfilé mes vêtements.

— Tu ne travailles pas ce soir ? interrogeai-je Merle alors que j'étais sur le point de partir.

— Si, mais plus tard... Je vais passer la fin de la nuit et le début de la journée à l'hôpital. Au moins, ça m'évitera de culpabiliser de ne pas pouvoir dormir.

Sa remarque m'inquiéta et je m'approchai de lui pour déposer un doux baiser sur ses lèvres. Il sembla totalement en accord avec et je relançai l'étreinte, accentuant l'intensité de notre baiser. Puis mes mains se posèrent sur son torse. Si seulement je n'avais pas mon travail... Au pire, je pouvais prétendre être malade. Mais il prit la décision à ma place en m'arrêter.

— Allez, file, tu vas être en retard, lança-t-il en plaisantant.

Je restais figée quelque instant puis acceptai de partir. Dans le fond, il avait totalement raison, mais j'aurais tellement voulu qu'il me retienne, qu'on se dise un "tant pis" et qu'on se jette l'un sur l'autre. Heureusement, on se verrait plus tard, ce n'était qu'une soirée au travail comme une autre. Cependant, le trajet me paraissait monstrueusement long quand bien même j'avais la radio pour me détendre. Arrivée sur mon lieu de travail, je croisai brièvement Nadia. Elle travaillait souvent aux mêmes horaires que moi, mais nous avions eu très peu d'occasions pour parler étant donné qu'elle était assez réservée.