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POV JIN

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis que je l'avais observée en détail. Je n'arrêtais plus de penser à elle. Dès que je voyais des femmes dans la rue ou au lycée j'avais la sensation que c'était elle mais ce n'était qu'une illusion. J'étais obsédé par elle, cette femme aux courbes parfaitement dessinées, ça je m'en étais bien rendu compte. Mais je n'osais toujours pas faire part de cette obsession à mes amis, de peur qu'ils me prennent pour un fou et qu'ils s'éloignent de moi.

Non, je n'oserais jamais, je suis bien trop peureux, perdre des amis en or à tout jamais... ce serait insensé pour moi. Je tiens énormément à eux, mais j'avoue que je n'avais pas remarqué, jusqu'à présent, que je m'en étais éloigné ces dernières semaines. Je ne pensais plus qu'à une seule et même personne. Je les avais en quelque sorte abandonnés, trahis. Je m'en veux... c'est de ma faute si tout cela est arrivé. Je me dois d'aller m'excuser auprès d'eux pour mon comportement. J'espère qu'ils me pardonneront...
Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est impossible de pardonner, je ne le sais que trop bien. On peut laisser passer et faire comme si de rien n'était mais on ne peut pas oublier, on ne peut jamais. Même si l'on perd la mémoire, un jour ou l'autre elle reviendra, le seul moyen d'oublier tout est de quitter le monde, de perdre la vie, de mourir. C'est triste à dire mais ce n'est que la simple vérité.
Et même si nous ne voulons jamais blesser les autres, on les blesse tôt ou tard, avec nos mots, la pire souffrance que je connaisse dans le monde.
Quand on parle de discrimination, les personnes pensent, pour la plupart, que cela se manifeste sous forme de violence physique alors qu'en réalité, c'est surtout les mots et le regard des autres sur vous. Cela vous touche en plein cœur et à partir de là, deux issues s'offrent à vous : soit vous êtes fort et vous avancez et finissez par trouver une solution pour que tout cesse puis vous attendez que cela s'estompe au fur et à mesure du temps, soit vous continuez de subir en restant le plus petit possible, en vous écrasant, puis la folie prend possession de tout votre être. Ceux qui tombent dans la deuxième option ont peu de chances de s'en sortir car ils ne croient plus, et n'ont plus aucun espoir. Comme dans le cas de la dépression, où c'est nous même, notre cerveau qui nous enlève tout bonheur à la vie. On se dit à nous même que l'on est bête, qu'on ne sert à rien, que l'on est moche, que l'on ne mérite pas de vivre, même pas le temps d'une milliseconde !
Alors la seule chose qu'il faut se dire, c'est de rester fort, quoi qu'il arrive, car dans tous les cas, il y aura un problème, quelque chose qui veut vous rabaisser mais vous, vous devez être plus fort que cette chose pour vous en sortir.

Aujourd'hui nous étions encore un dimanche. Ah qu'est-ce que j'aimais cette journée, pouvoir faire ce que l'on souhaite tout en étant à l'écart et en dehors du lycée.
J'avais reçu un message de Namjoon qui me demandait si je voulais passer l'après midi avec lui et les autres (la bande) mais j'avais répondu que non avec comme prétexte que j'étais fatigué et que j'avais du travail pour le lendemain.
Ce n'était pas bien de mentir. Mais je voulais absolument la revoir, j'en avais besoin, elle était en quelque sorte devenue ma drogue, la seule chose pour laquelle je vivais. J'avais besoin d'elle alors j'allais la voir, comme chaque dimanche depuis 1 mois. Elle était devenue plus importante que mes amis en moins d'un mois seulement. Je n'en revenais pas moi-même mais je me disais que parfois ça devait arriver dans  la vie...Et puis je n'avais pas totalement menti à Namjoon, j'avais une tonne de livres et de cahiers qui ne demandaient qu'à être ouverts par mes mains.
Argh le lycée, rien qu'en y pensant ça me met en rogne : après tout c'est un lieu qui a été inventé et crée par des adultes, c'est à cause d'eux que nous devons travailler sans cesse, à cause de ces personnes ayant oublié leur enfance pour ne plus penser qu'à une seule et même chose : la richesse et la réussite. Ils nous ont embarqués nous, les enfants dans un cercle vicieux.
Ahahah et moi pourquoi je pense à ça franchement ? Je ne vaux pas mieux qu'eux tout compte fait. Je pourrais tout autant me critiquer.

Aujourd'hui, on pouvait penser que c'était une journée comme les autres. Mais pour moi non, ce qui se trame aujourd'hui changera mon futur, je le sais, je vais pouvoir, peut être, vivre plus tranquillement et joyeusement ma vie. Quelque part j'espérais oui, j'espérais que tout devienne meilleur, mais était-ce vraiment possible ? Je n'en ai pas la moindre idée ... La seule chose qui était fluide et claire dans ma tête était que je me devais de faire ça aujourd'hui. J'en avais besoin, pour mon propre bien-être personnel.
Je pris mes écouteurs ainsi que mon téléphone qui chargeait sur ma petite table de chevet en bois. Je pris mes clés et mis mes chaussures devant l'entrée de l'appartement 3 pièces. Je sortis de l'immeuble et marchais dans la rue les mains dans les poches de ma veste, les écouteurs aux oreilles en écoutant la playlist que j'avais précédemment lancée sur mon téléphone. Je prenais le même chemin que chaque dimanche, j'en avais l'habitude maintenant. Je regardais encore aujourd'hui le paysage , on ne pouvait pas voir le ciel bleu clair, on ne pouvait plus de nos jours avec toutes ces industries qui crachaient leurs déchets à perte de vue dans l'air, et toute cette végétation qui disparaissait jour après jour. Le dicton "on récolte ce que l'on sème" cadrait bien avec le sujet. Les hommes ont créé, oui. Mais est-ce vraiment une bonne chose ? Et puis tous ces adultes qui marchent d'un pas rapide dans la rue, ils ne voient pas que quelque chose cloche ? Sont-ils trop concentrés sur leur travail qui les occupe à temps plein ? Parfois je me dis que nous, "les enfants", devons peut être leur ouvrir les yeux ? Mais nous croiraient-ils ? Après tout, on les a peut-être perdus à tout jamais... L'on dit que tout le monde est sur un même pied d'égalité, mais c'est faux : les adultes et les enfants ont-ils les mêmes droits ? Non, mais après tout les enfants n'ont pas assez d'expérience pour avoir autant de choix que les adultes, pas vrai ? Mais croyez vous que les adultes ont assez d'expérience ?
Et les hommes et les femmes ? Ils ne sont pas non plus tout à fait sur le même pied d'égalité.
Nous les humains, ne sommes finalement bons que dans deux domaines : mettre le chaos et suivre comme un mouton.

Je marchais toujours en pensant à cela puis arrivai devant le parc. Je la vis de loin, elle était de dos, ses cheveux volaient au vent. J'arrêtai la musique qui arrivait jusqu'à mes oreilles, rangeai mes écouteurs ainsi que mon téléphone dans ma poche de veste puis me rapprochai d'elle. Je me mis face à elle, je regardais son visage à quelques centimètres du mien, mon regard louchait sur ses lèvres. Je me penchai vers elle puis l'embrassai tendrement tout en fermant les yeux. Je profitai de l'échange pour oublier toutes mes peines et ne penser plus qu'à une seule et même chose, elle. Je me reculai ensuite de quelque millimètres d'elle à bout de souffle et rouvris les yeux. Elle ne bougeait pas et avait toujours les yeux ouverts.
Je voulais lui dire tant de choses, pourquoi j'avais fait ça, comment j'ai commencé à l'aimer mais la seule chose qui sortît de ma bouche fut :

«Je t'aime...»

Multiples facettes [Kim Seok-Jin]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon