L'antéchrist - La vallée maudite

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Faire le nécessaire

Le soleil perça à travers le tissu déchiré de la tente précaire montée par Sadan. Je me redressai en me frottant les yeux, il devait être environ sept heures. J'observai rapidement les alentours et m'aperçus que j'étais seule. Je rangeai un peu l'intérieur de la tente et sortis m'assoir sur un grand rocher au bord de la falaise. Nous avions une vue imprenable sur toute la forêt et sur l'autre plateau en face de nous, en faisant abstraction des fous qui tentaient de nous tuer et qui faisaient régner le chaos dans le village, cet endroit était vraiment beau.

-C'est joli pas vrai ? fit une voix derrière moi.

Je me retournai brusquement et me détendis en me rendant compte que ce n'étais que Sadan et pas un inconnu venu pour le tuer. Je n'étais pas encore tout à fait à l'aise à ses côtés puisque nous nous connaissions à peine et dans des circonstances assez affligeantes, cependant c'était la seule personne sensée de ce village et ce pourrait être bien ma seule compagnie pour le temps que nous resterions coincés dans la vallée. 

-Oui, il y a quoi sur l'autre plateau là-bas ? demandai-je en désignant l'autre grande falaise qui nous faisait face.

Il s'assit sur le rocher voisin et réfléchit un instant.

-Pas grand chose hormis un abattoir et quelques bâtiments abandonnés depuis longtemps, expliqua-t-il.

Une brise glacée me fit frissonner, le soleil avait beau briller dans le ciel, le vent ne nous donnait pas vraiment chaud.

Sadan me tendit une veste et m'ordonna de l'enfiler.

-Je l'ai trouvée en allant chercher des affaires qui me manquaient, dit-il.

J'enfilai le vêtement en le remerciant et me rendis compte que je n'avais pas été trop inquiète de me retrouver seule au milieu de cette forêt effrayante. 

-Pas de quoi, tu en auras besoin, aujourd'hui on va marcher un moment.

-Où va-t-on ? demandai-je.

-Dans tous les endroits où mon père a laissé des affaires et des armes, je ne connais pas toutes les cachettes alors ça risque de nous prendre un moment.

Nous nous mîmes en marche sur les hauteurs de la forêt où nous étions un peu plus en sécurité. Nous nous arrêtâmes à chaque recoin que Sadan pensait être une cachette ou un passage secret. Je découvris que le tunnel par où il m'avait trainée la veille pouvait nous emmener n'importe où dans la vallée, il y avait un nombre incalculable de galeries souterraines. Son père n'avait pas pu creuser tout ça seul et pas en si peu de temps, elles devaient être plus anciennes. C'était vraiment impressionnant, j'avais l'impression que le réseau de tunnels n'en finirait jamais et que chaque nouvelle intersection nous amenait à d'autres galeries. 

A la fin de la journée nous avions rapporté un bon stock d'affaires au campement dont Sadan était en train de faire l'inventaire.

-Trois couvertures, quatre coussins, une poêle, une casserole, cinq gourdes, dix couteaux, un arc qu'il faut que je monte, de la corde, quelques ficelles, un briquet, un sac de nourriture, des pointes de flèches... Je crois qu'on est bons pour le moment.

Je l'observai faire en accrochant une seconde bâche - trouvée dans la journée - à notre tente.

-On a du matériel, à manger, et maintenant on fait quoi ? demandai-je.