« Flashback » en prose

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Même jour, même heure, à quelques années près,
C'est tellement drôle...
Tellement étrange.
Tellement spécial, c'est vrai.
Comme le temps passe. Comme les choses semblent n'avoir pas changé, même lorsqu'on a pris des directions opposées...
Des mois, des années plus tard, maintenant. Mais le temps d'une seconde, tout semble être comme avant. On se regarde, figés. Les images se réveillent. Pourtant, quelque chose, en arrière-plan. Comme un sentiment, ténu, mais bien présent, que rien n'est plus pareil.
Que tout ça n'est qu'une infâme copie, c'est un faux ; comme un film qu'on rejouerait, une pièce dont on connaîtrait déjà le scénario...
On est déjà passé par là, on a vécu des bons, des mauvais moments, puis on s'est muni d'une étiquette  «Passé», on l'a collé dessus, et on a oublié. Complètement.
D'un coup, on se retrouve dans ce même décor, à voir cette même scène se dérouler encore devant nos yeux, la même qu'à l'époque, tout aussi vive, tout aussi réelle... Ça semblait tellement vieux.
Mais au fond de nous, on sait. Que rien n'est plus pareil. On sait que de l'eau a coulé sous les ponts. On sait qu'on ne peut pas, qu'on ne doit pas revivre les choses, ou bien pas de la même façon.
Alors on accepte, le temps d'un instant, de se replonger dans cette brume rassurante, celle des souvenirs, celle du déjà-vu, celle qui nous donne l'impression d'être en terrain connu...
On s'autorise à se laisser bercer par cette douce musique, cette mélodie usée, qu'on connaît yeux fermés, celles de nos habitudes, de nos réflexes, de ces gestes et pensées, dans lesquelles on a si longtemps baigné.
Mais on sait, on sait très bien ! Que ce n'est qu'illusion, que ce n'est qu'éphémère, car la vraie vie n'est pas là-bas. Elle est entre nos bras. On l'a choisie déjà, celle pour qui on se bat.
Dans cette vie, chaque jour, on grignote la petite part d'avance que l'inconnu a sur nous, on affronte un nouveau monde, un autre morceau du Tout.
Et même si nos erreurs se rappellent à nous de façon si vive, si brusque, si hypnotisante, qu'on s'en trouve étourdi, on ne fait que prendre appui sur elles pour aller plus haut, pour aller plus loin d'ici.
Afin de pouvoir nous retourner et les regarder par-dessus notre épaule, en pensant que l'on a fait du chemin, que la vie est faite d'embûches, mais qu'en réalité, ce ne sont que des tremplins, qui n'attendent qu'à nous rassurer, qu'à nous montrer qu'on les a passés, qu'on les à surmontés, qu'on a trouvé la fin.

Ces maux qu'on ne dit pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant