Fall With Me

16 : Mes angoisses qu'il provoquait.

  
    Une chose ambiguë présente deux ou plusieurs sens possibles, dont l'interprétation est incertaine. Cela laisse souvent planer un doute. Une amitié ambiguë. C'est clairement la définition de ma relation avec Pierre.

J'ai toujours douté des sentiments de Pierre. J'ai passé beaucoup de temps à essayer d'analyser ses expressions, ses faits, ses gestes, ses mots et ses phrases. Sans résultat puisque je me demande encore s'il m'aime de façon amoureuse ou bien amicale.

  Je le connais depuis extrêmement longtemps. En fait, depuis que je cours à quatre pattes après lui et Raoul, pour jouer avec eux.
Pierre est le meilleur ami de mon cousin, leur relation est semblable à celle que j'entretiens avec Charlotte. Ils se disent beaucoup de choses, passent énormément de temps ensemble, et se connaissent par cœur. Pierre comme Charlotte fait partie de la famille et il le sait.

Quand j'étais petite, Pierre était mon prince et j'étais sa princesse. Raoul jouait seulement le rôle du dragon. Comme un prince et une princesse, nos lèvres s'étaient déjà touchées et nous n'avions pas hésité à recommencer. Mais seulement dans le jeu. C'est peut-être à ce moment qu'est née cette ambiguïté.

Au départ je ne la voyais même pas, mais lorsque Charlotte a commencé à nous fréquenter, elle me l'a immédiatement étalé sous les yeux. Je me souviens encore de la façon dont elle avait amené ce sujet :

    Nous étions toutes les deux, sur ma terrasse en train de se peindre les ongles. J'étais très concentrée, ne souhaitant pas dépasser alors qu'elle me fixait sans dire le moindre mot. Elle avait subitement lâché :

—  T'as déjà remarqué que Pierre te dévore du regard ? C'est impressionnant.

Je lui avais répondu que c'était impossible, qu'on se connaissait depuis bien trop longtemps et qu'il avait eu une tonne de copine. Elle m'avait ensuite répondu que tout ceci ne voulait rien dire et qu'elle était sûre que Pierre était amoureux de moi. Depuis ce jour, j'essaie de repérer le moindre indice qui me permettrait de remarquer qu'en effet, mon meilleur ami d'enfance en pince pour moi. Mais je n'y suis toujours pas parvenu. J'aurais pu questionné Raoul, mais je ne l'ai pas fait car il aurait été capable d'en parler à Pierre. Et ce n'était pas ce que je voulais.

—  Princesse ? On t'attend, ai-je entendu.

J'ai relevé la tête et je suis rapidement revenue sur terre. Mes joues ont pris une teinte écarlate et j'ai esquissé un sourire gêné.

—  Tu pensais à quoi ? Cela avait l'air très intéressant, a constaté Paola en s'approchant de moi.

Elle s'est assise sur mon lit et ses yeux se sont plongés dans les miens. Je sentais qu'elle essayait d'attraper des informations dans mon regard, comme un pêcheur essayant d'attraper des crevettes avec une épuisette.

—  T'as déjà ressenti des sentiments très forts pour un de tes amis d'enfance ? lui ai-je subitement demandé.

Elle a froncé les sourcils, s'est mise à réfléchir avant de faire non de la tête. J'ai alors laissé échapper un soupire. Évidemment, j'étais la seule personne sur terre à qui il arrivait des choses très spéciales.

—  Par contre, tu viens exactement de décrire la relation d'Ethel et de Matteo.

Sa phrase eu l'effet d'un choc et j'ai brusquement relevé la tête vers elle. Ethel et Matteo ! Bien sûr.