Chapitre 13: Ami?

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Parfaite optimiste. Et si l'optimisme n'était qu'une illusion que se créent les êtres envoutés par l'ataraxie, peureux de la réalité ? Alors, je l'assume. Je pénètre dans la grande salle de sport, n'ayant vu personne à la réception. Coach Jimmy est là, entrain de ranger le matériel. Dès que son regard se pose sur moi, il arbore un sourire lumineux. À ce moment précis, je revois la petite Michelle orpheline de mère, brisée et recroquevillée dans un coin de sa chambre, puis ce même sourire lumineux qui lui a réchauffé le cœur et donné espoir.

— Amazone ! Suis-moi, déclare-t-il.

Je me contente de le suivre, ma gorge légèrement nouée. Calme-toi, Michelle, tout va bien. Nous sortons par la porte de derrière et débarquons dans un autre jardin qui donne sur une maison assez spacieuse. Il m'invite dans le salon, April me sert en boire avec son éternel sourire ; nous nous installons tous ensemble. 

— Que fais-tu à Ottawa ? me demande le coach.

Je lui explique rapidement l'objet de ma présence, mon contrat chez Homel.

— J'ai toujours su que tu glisserais ton étoile dans le ciel, m'avoue-t-il fièrement.

J'arbore un sourire timide. Le savoir fier me procure un plaisir immense.

— J'ai hâte de l'ajouter à ma bibliothèque, ajoute April en tapant facétieusement les mains. Et Harry ? m'interroge-t-elle ensuite.

Son prénom me déclenche une réaction en chaîne : mains moites, frissons, bonds du cœur, influx sanguin rapide, court-circuit nerveux, baume au cœur, espoir. Je laisse un sourire feint garnir mes lèvres, pose mes mains à plat sur mes cuisses et navigue visuellement entre April et le coach.

— C'est mon éditeur, il va bien, me contenté-je de souffler.

— Et papa et Luc ? continue le coach.

— Ils vont bien.

Le coach a eu beaucoup de différends avec mon père, le premier ne supportant pas le comportement qu'a eu mon père dans le passé et le second ne supportant pas l'appropriation de sa fille que veut se faire le coach. Nous devisons encore pendant quelques minutes, avec notre complicité éternelle. Le coach me propose de travailler avec lui, pour passer mon temps.

J'accepte avec plaisir. Je suis aussi amatrice de sport surtout des arts martiaux, j'en raffole. Quelques heures après, je quitte la demeure du coach, sourire aux lèvres et le cœur beaucoup plus léger. Il a toujours eu ce pouvoir : me rendre heureuse, légère. Dès que nous prenons la route, j'entame la conversation.

— Ça ne t'ennuie pas de rester là à m'attendre ?

— Pas du tout, c'est mon boulot, me répond Abdou.

J'esquisse un sourire. À force de discuter avec lui, j'ai compris qu'il était assez intello. Il fait ce travail parce qu'il l'aime. Il est doué en sciences, très intelligent, mais a préféré suivre son cœur, mais en gardant son amour pour les sciences. Il n'est pas aussi trouillard que moi.

Tout plaquer du jour au lendemain pour vivre le grand rêve, une aventure périlleuse, mais excitante. Il me reconduit à l'appartement, Harry ne m'a pas recontactée. J'espérais secrètement qu'il le fasse, qu'il insiste, pour au moins me conforter dans l'idée que mes sentiments ne sont pas vains, une bataille perdue d'avance, mais c'est le cas.

S'il l'apprenait, il me fuirait, me laisserait seule, toute seule. Je déteste être seule, j'ai toujours besoin de m'accrocher à ne serait-ce qu'un atome d'attention. Je me glisse dans mon appartement, me saisis de mon Mac et écris. J'écris toutes mes frustrations, toutes mes peurs et mes doutes, j'écris ma vie, mon cœur et mon âme, j'écris Michelle, la fille trop joyeuse, trop triste, j'écris mes larmes et mes rires.

Tentation en éditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant