『벅 지 민』
† Âmes sensibles s'abstenir †
Depuis le début, il n'était que poussière, un être si insignifiant du monde, sans grande utilité. Un humain que personne n'appréciait, c'était quelqu'un qui était né pour être objet de bien des souffrances. U...
Suzy avait eu une idée afin de faire parler Jimin. Elle avait envie qu'il se confie, elle voulait réussir à le comprendre. Coûte que coûte. Déjà, elle ne comprenait pas que quelqu'un souhaite mourir à ce point.
À vrai dire, Suzy espérait qu'il change d'avis. Elle ne supportait pas de le voir aussi mal, de le voir se détruire toujours et encore plus. Savoir qu'il voulait quitter ce monde la rendait encore plus folle. Plus que tout, elle refusait qu'il soit dans cette optique.
Elle le savait, c'était immonde de vouloir barrer le passage de quelqu'un qui souffrait. C'était comme lui infliger plus de douleur. C'était se comporter comme un monstre en voyant l'autre souffrir. Et le pire, c'était d'en avoir conscience.
Cette idée lui était venue pendant qu'elle réfléchissait à comment elle pourrait l'aider à se soulager, au moins d'un petit poids. C'était un moment où elle était seule dans sa chambre et qu'elle essayait de dormir.
Le lendemain matin, elle avait préparé un jeu. Suzy avait écrit toutes sortes de questions personnelles sur plusieurs papiers, qu'elle avait mis dans un bol.
– Jimin ?
La coréenne cherchait dans la chambre d'amis qu'elle avait par la suite aménagée pour lui.
Il était là, comme toujours, recroquevillé dans le noir. D'une certaine façon, elle avait un peu pitié de lui. Mais à chaque fois qu'elle le voyait comme ça, c'était son cœur qui se pinçait, tellement fort que cela en devenait douloureux.
Le jeune homme releva la tête après avoir entendu son prénom. Ses yeux étaient tous petits, sa peau était rouge à cause des larmes qui avaient coulé. Pourtant, il semblait étrangement calme.
Suzy s'approchait doucement, comme pour ne pas le brusquer. Elle lui attrapa la main, et l'emmena dans le salon. Ils s'installèrent sur le canapé, et la jeune femme prit le bol dans ses fines mains.
– Je te propose un jeu, tu vas tirer un papier, lire la question et j'y répondrai. Ensuite, je tirerai et je te poserai à mon tour une question. Ça te va ?
Jimin acquiesça lentement, toujours la tête baissée. Suzy était triste dans ces moments-là. Elle préférait regarder le beau visage du coréen.
Toutes les fois où ses yeux croisaient ceux du garçon, elle était hypnotisée par sa beauté fracassante. C'était un être tellement magnifique, il méritait qu'on l'admire.
La petite main de Jimin piocha dans le récipient, parce que Jimin était un homme petit, possédant de petites mains. Il n'en restait pas moins séduisant.
– Qu'est-ce que tu préfères dans la vie ?
Jimin lut le bout de papier, d'une petite voix. Elle était douce et calme, comme une jolie mélodie parvenant à ses oreilles. Suzy souriait.
– J'adore étudier et voir les gens que j'aime je dirais.
La jeune femme avait répondu presque certaine de ce qu'elle avançait.
Il y a des centaines de choses différentes qui sont agréables dans la vie. Des activités, des passions, des personnes. Toutes ces choses représentent notre bonheur quotidien, du moins, une grande partie de ce qui constitue notre bonheur.
On apprécie tellement les côtoyer qu'elles deviennent indispensables à notre vie. Que sans elles, on serait en permanence dans un circuit sans fin, qui tourne sans arrêt, et qui n'offre aucune possibilité d'échappatoire.
Ces petites choses nous guident dans l'accomplissement de notre parcours de vie.
– À mon tour. Le plus beau jour de ta vie ? Je suis sûre que tu en as un, demandait Suzy.
– C'était quand ta main a touché la mienne, avouait Jimin.
La jeune femme n'en revenait pas. C'était une réponse inattendue et à la fois tellement étrange. Pourquoi son toucher ? Il appréciait souffrir ? Suzy était dans l'incompréhension totale.
– N'as-tu pas dit que tu avais mal quand quelqu'un te touche ?
Jimin releva doucement la tête. Puis il prit une grande inspiration.
– Quand c'est toi, la douleur devient plus supportable. Je ne sais pas comment expliquer ce qu'il se passe. Mais je me sens beaucoup mieux quand ta peau touche la mienne. J'ai toujours mal, mais c'est comme une soudaine caresse, dévoilait-il.
Suzy était surprise par la confession du noiraud. Alors il était soulagé d'un poids quand leur corps entrait en contact. Et visiblement, Jimin n'avait aucune idée de pourquoi. Ce phénomène s'était manifesté uniquement avec elle.
D'un côté, la jeune femme aux longs cheveux noirs se sentait honorée d'être la seule à pouvoir, ne serait-ce que de lui faire office de pommade quelque temps.
– Comment fais-tu pour supporter tout ça ? marmonnait Suzy pour elle-même.
– J'ai envoyé mon dossier médical en Belgique, quand je me ferai euthanasier, tout rentrera enfin dans l'ordre, déclarait le jeune homme.
Ses yeux n'osaient pas rencontrer ceux de la femme en face de lui. Il n'avait pas honte, il ne voulait juste pas être jugé.
Sans pouvoir se retenir, Suzy versa une larme, elle coula et roula sur sa joue blanche. Elle ne s'attendait pas à une telle révélation. Elle semblait chamboulée par cette idée absurde. Il ne pouvait pas faire ça ! Elle, voulait qu'il reste parce qu'elle l'appréciait. C'était un garçon beau, sûrement très intelligent. Mine de rien, elle tenait à lui.
– Jimin... Que fais-tu de moi ? Tu ne peux pas mourir ! s'exclamait-elle un peu trop fort, le garçon se renferma immédiatement. Il entoura ses jambes repliées contre lui, il cachait sa tête dans ses bras. Elle le jugeait, et il détestait ça.
Soudain, Jimin se leva, tira sur ses vêtements, s'assurant qu'aucune partie de son corps serait dévoilée. Puis il se dirigea vers la porte d'entrée qu'il ouvrit afin de sortir. Sa silhouette disparaissait lentement dans la ville.
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