Chapitre 19

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Alain

Voilà une semaine maintenant et il dort toujours, Ben est entré dans un coma volontaire. Les médecins disent que son inconscient l'oblige à dormir, inconsciemment, il souhaite rejoindre ses parents morts. C'est pourquoi, il ne se réveillait pas. Je m'en veux, je pense que c'est ma faute, si je n'avais rien dit aux parents, ils ne lui aurait jamais dit la vérité.

Chaque jours après les cours, je pars à l'hôpital pour le voir. Je lui raconte mes journées comme un imbécile. Les gens disent qu'il m'entends, moi j'en doute mais ce n'est pas moi le génie, lui sûrement il aurait puis nous le dire avec un langage que je n'aurais sans doute pas compris.

Je pose ma tête sur son lit d'hôpital, je lui prends ensuite les mains puis je pleure comme le bébé que je suis. Jamais je ne m'étais rendu compte mais il me manque, je me sens seul dans la maison sans lui. Nos parents sont devenus moroses et presque sans vie, tout est triste maintenant. Parfois, j'ai envie de me révolter, leur dire que je suis la aussi , de faire un peu plus attention à moi, mais je ne trouve pas cela juste pour Ben qui traverse un moment difficile. Cependant, est ce seulement juste pour moi de passer toujours après lui ?

Après un mois entier, mon cousin dort encore, il est si gonflant ce gamin. A chaque fois que je suis à son chevet, j'ai l'impression qu'il dort tout simplement et que je n'ai juste qu'à le chatouiller pour qu'il se réveille. Ça ne fonctionne pas, ça non plus, alors, je ne sis à moi même qu'il faut que je parte. Je dois partir très loin d'ici, aussi vite que je le pourrais. Oublier mes parents, oublier Ben et je ne jamais plus revenir.

Je suis majeur maintenant et je fugue néanmoins, un gosse, voilà ce que je suis. Je ne laisse derrière moi qu'une simple et petite lettre d'excuse. Je ne sais même plus pourquoi je devrais m'excuser, de partir? Non, je peux partir, cette maison est loin d'être le "chez moi" dont je désire. Je demande quand même pardon car Alain a toujours tort.

Chers parents,

Je suis votre fils, l'unique je crois, mais plus le temps passe, plus j'en doute, pas d'être votre fils biologique, je ne pense pas que vous me ferez le coup de l'adoption. Au contraire de Ben, je suis laissé à la traîne. Je ne suis pas en train de vous faire une crise d'adolescence, loin de moi cette idée, non seulement stupide mais complètement inutile. Pas besoin de vous expliquer pourquoi, je tenais à ce que vous compreniez dans quel état d'esprit je suis en vous écrivant cette lettre.

Le saviez-vous que j'avais un rêve, une passion? Connaissiez vous mes centres d'intérêts, mes loisirs, mon futurs métiers? Mes projets? Je devine d'avance vos têtes ahuris, absolument décontenancé par tout ceci. Le tennis est ma passion, et je voudrais être un joueur professionnel. Êtes vous déjà venus à un seul de mes match? Non ce serait du temps de gâcher, il ne peut rien n'advenir de bon en Alain.

Ben par ci, Ben par là, maintenant votre petit garçon ne fait que dormir mais même là, il reste important, il prend toute la place, il est étouffant. Voilà pourquoi je n'en n'éprouve aucune satisfaction, un peu dans les débuts mais j'ai vite compris mon erreur. C'est bien pire sans lui, quand il était là, je me faisais enguirlander, par cela, je pouvais manifester ma présence, or sans lui, je suis la transparence incarné. Alors je pars, de peur de finir par devenir l'ombre de moi même en plus d'être le sien.

J'aurais aimé que vous arrêtiez de me comparer à lui. J'aurais aimé que vous m'estimiez moi, en fonction de mes qualités pas des siennes contrairement à votre attitude. J'aurai aimé que quelqu'un me reconnaisse enfin.

Je ferai de mon possible afin de devenir l'être que je veux, à ce moment là, je veux, j'aimerai que vous me disiez : "Félicitation Alain"!! Je me trompe peut-être, je n'y parviendrai sûrement pas mais je ferai de mon mieux, j'atterirai dans les étoiles.

Votre fils qui n'en ait pas

Alain

****

Ben

Quand je me réveille, ma première pensée est pour elle, j'ai beaucoup dormi d'après mes parents. Je devais être fatigué, je me fais cette réflexion dans le but de camoufler les mots qu'elle m'a dite. J'essaye de détourner mon esprit mais ils me viennent par bourrasque : " Je vais bientôt partir" ; "Mon père a fini son travail ici! ". Que lui ai déjà répondu ? je me souviens, j'ai dit un truc comme "ça va être mieux pour tout le monde". Je n'arrête pas de chercher tout les prétextes au monde pour aller la voir chez elle. Je n'ai pas son adresse mais même si, qu'aurais je fais ? Qui me dit qu'elle est encore là? Elle doit être rentré en France, dans son pays. J'aurais du m'en douter, tomber amoureux en le sachant, que je suis stupide. La douleur de cette pensée me donne envie de retourner dormir de nouveau, cette fois éternellement. Je laisse vite tomber cette idée tiré par les cheveux pour me concentrer à nouveau sur mon cours. J'ai repris les cours très vite, une semaine après mon réveil. Le médecin a dit que je n'avais aucune séquelle. Bizarrement, Alain avait disparu, papa m'a donné une lettre. Émouvant, voilà le mot qui m'est venu en la lisant. Bref, je suis en cours de maths et nous travaillons sur les vecteurs. J'ai toujours beaucoup aimé la logique avec laquelle nous travaillons les sciences. J'avoue que c'est essentiellement des formules à retenir par coeur ou parfois des vecteurs à reproduire dans un repère. Il n'y a pas forcément des réflexions abracandabradesque.

J'essaie de manière désespérée de revenir au bon vieux temps diront certains, lorsque rien d'autres ne m'intéressait que les maths et mon besoin de combler le vide maintenant béant entre mes parents adoptifs et moi. Je pense constamment à elle, je l'ai vraiment dans la peau, plus aucune de mes pensées n'est cohérente. Je veux la voir.

Maintenant, tout est rentré dans l'ordre, je connais en partis le secret de ma famille, je suis libre de mes mouvements, plus de personnes à impressionner. Or, parfois, je ne peux m'empêcher de me dire que tout est de ma faute. Je vis avec ça tout les jours de mon existence et quelques fois, ça me pèse, la pensée que " je leur ai gâché la vie".

Je reste un peu morose, tout de même, j'essaye de m'amuser un peu de temps en temps, comme aujourd'hui. J'ai repris mes manies, je me suis inscrit dans un concours de mathématiques. Il mentionne dans la lettre qu'il voudrait être joueur de Tennis professionnel, je trouve cette idée, excellente. Je m'amuse à calculer la probabilité qu'il puisse atteindre son but en me référant aux matchs qu'il a joué.

Dans sa lettre, il demande si ses parents avaient assisté une seule fois à l'un de ses matchs, eux non mais moi si, je n'en ai raté aucun. Il a un potentiel de jeu énorme, quelques failles tout de même, le temps les comblera. J'avais peur qu'il me voit, qu'il trouve ça dérangeant, agaçant que moi je vienne le voir jouer. Par dessus tout, j'étais terrifié à l'idée qu'il puisse m'humilier devant ses amis. Alors, je restais caché et déguisé. En n'y réfléchissant bien, nous avons toujours eu une drôle de relation lui et moi.

Depuis que je me suis réveillé, mes parents se comportent étrangement, c'est peut-être dû au départ de Alain mais je trouve leurs comportements suspect. C'est comme si d'une certaine manière, ils auraient aimé que je reste endormie mais je ne tiens pas à découvrir un autre secret, alors je reste piégé dans mon ignorance comme d'habitude.

Âme soeurWhere stories live. Discover now