Jour 3.

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« Les anges portent des ailes invisibles

qui viennent par inadvertance effleurer la peau

de ceux qu'ils protègent, les picotements,

les chatouillements, ce sont eux. »

- Yves Simon.


   C'est une nouvelle fois qu'Amy ouvrit ses yeux en se trouvant sous le toit de Jessica. Malgré elle, son ventre se noua. Troisième jour. Il n'en restait que vingt-sept avant de repartir, et de laisser Nolan seul à nouveau. Enfin, elle espérait secrètement qu'il se réconcilie avec son père d'ici là, avec son aide, mais tout cela était encore trop difficile à imaginer. Ceci dit, contre toute attente, il lui avait ouvert sa porte la veille, signe qu'il commençait à aller mieux. Doucement, mais sûrement, n'était-ce pas ça, le diction ?

   Elle se frotta les yeux et observa la chambre où elle se trouvait. Le plafond était couleur bois clair, comme le parquet, et dans le reste de la pièce régnait une couleur beige. Les rideaux, les meubles, et les murs en étaient remplis. Le grand lit dans lequel dormait encore Jessica et qui avait accueilli l'ange pouvait encore compter une personne ou deux. Les meubles étaient espacés les uns des autres ce qui rendait la chambre encore plus grande que ce qu'elle n'était réellement. Les parents de Jessica devaient être plutôt aisés, mais cela valait-il le coup ? Était-ce une bonne situation de bien gagner sa vie mais de rendre sa fille malheureuse au point qu'elle mette en place un rituel à base d'alcool afin de s'endormir rapidement ? Amy se le demandait.

   D'ailleurs, son amie, tournée dos à elle, semblait dormir encore à poings fermés. Ses cheveux roses descendaient dans sa nuque et son pyjama représentant des licornes sur des arc-en-ciels lui collait à la peau. Une grande enfant. Ce style de vêtement était complètement différent de celui qu'elle arborait la journée. Elle avait l'air d'être habituée à porter ses bottes cloutées, ou ses hautes chaussures à lacets – des Doc Martens, peut-être ? Un look plutôt rock'n'roll la journée, et barbe-à-papa et licorne la nuit. Lorsqu'elle se trouvait dans les bras de Morphée, elle semblait tellement apaisée que l'on oublierait presque qu'elle a dû se rendre soûle afin d'être dans cet état de sérénité... Presque.

   Amy se leva doucement du lit afin de ne pas réveiller son amie et se rendit dans le salon. Là, elle aperçut le livre qu'elle avait emprunté – ou plutôt que Jessica lui avait emprunté – lorsqu'elle avait fait sa connaissance pour la première fois. Elle le prit dans ses mains et observa longuement la couverture. On y voyait une femme portant un voile de mariée et se touchant le cœur en grimaçant. Elle avait l'air de vraiment souffrir, cela promettait d'être gai...


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   Lorsque Jess apparut, la mine encore endormie et la marque de son oreiller sur la joue, Amy était déjà bien avancée dans sa lecture. Dès le premier acte, elle apprit que ladite Phèdre était tombée amoureuse de son beau-fils, et dans le deuxième, elle lui déclare son amour qui est repoussé avec dégoût. Cette scène fit tiquer l'esprit de l'ange. Ce n'était pas exactement la même chose qui s'était passé, Nolan ignorant tout de ses sentiments, mais elle s'était sentie repoussée de la même façon que Phèdre : comme une moins que rien. Et sûrement que si elle se décidait à tout lui révéler, elle se sentirait encore plus proche du personnage de la tragédie.

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